Des gamins qui courent partout et des familles par centaines, c'est dans une ambiance bon enfant que les premiers spectateurs de match entre le SLO et le FC Sion arrivent à la Pontaise vers 19h30. Dans la foule, André et son fils Ruben, floqué d'un maillot du SLO, se frayent un chemin jusqu'aux gradins. «On espère qu'ils vont gagner, mais on ne veut pas parler trop vite, il faudra gérer le premier quart d'heure et tout ira bien», explique le papa qui se veut rassurant. Le ton est donné, pas de fanfaronnades, surtout contre le FC Sion, «un club qui s'en sort toujours», ironise une Lausannoise venue «voir perdre Constantin». Car c'est aussi de cela qu'il s'agit, un David contre Goliath.
Un sentiment partagé par de nombreux supporters venus soutenir «le petit SLO» contre l'ogre valaisan. «Si on gagne, ce sera mérité et tout le fric de Constantin ne pourra rien n'y faire», ajoute le voisin de Daniela en sirotant tranquillement sa bière. Mais l'enjeu de ce match ne se résume pas à «battre les Valaisans», commente avec un large sourire Maxime, qui vient principalement pour l'ambiance conviviale qui règne à la Pontaise.
On ne pouvait pas espérer meilleure entrée en matière, le Stade Lausanne Ouchy ouvre le score à la sixième minute, clameur de la foule et yeux pétillants de joie pour Kaycee, 8 ans, pour qui il ne fait aucun doute que son équipe gagnera. Son père, Aimé, entraîneur au club, nous explique que la rencontre se jouera au mental:
A ses côtés, sa femme Naika, qui jette un oeil sur la petite dernière, ajoute qu'elle ne vient au stade que lors de grandes occasions. «Je n'ai pas vraiment le choix», lance-t-elle d'un air taquin en direction de son mari, «mais j'aime l'ambiance des matchs, c'est sympa».
C'est aussi ce que l'on retiendra de cette première mi-temps, une atmosphère détendue où seul l'égalisation du FC Sion à la 22e minute a laissé place à un «nous sommes des Valaisans» scandé depuis la tribune des ultras. Interrogé sur la rivalité entre les deux équipes, Maxime trouve cela plutôt bon enfant, «cela fait partie du folklore», admet l'étudiant en riant. A peine le temps de lui demander ce qu'il pense du match que le SLO prend l'ascendant sur son adversaire avec un but à la 34e, euphorie du côté des supporters lausannois qui voient la promotion se rapprocher, «on ne lâche rien» s'exclame Aimé à mes côtés.
Les deux équipes ne se lâcheront pas d'une semelle, Sion recollera au score rapidement après le second but lausannois, mais se fera distancer à la 81e minute sur tir somptueux de Teddy Oku. «C'est Messi Oku», s'emporte un spectateur lausannois enthousiaste. Ce 3-2 fait exploser de bonheur les supporters lausannois et coïncide avec l'entrée de la police antiémeute sur le terrain, les ultras du FC Sion ayant perdu patience, dira-t-on poliment.
Après ce coup de sang dans les tribunes sédunoises, la tension est montée d'un cran et on aurait presque oublié que le match se poursuivait. Ainsi, alors que certains spectateurs ont décidé de quitter le stade en famille pour éviter de se retrouver dans des échauffourées, «le petit SLO» a porté le coup de grâce à son adversaire avec un but de Mulaj à la 89e.
Coup de sifflet final et délivrance pour Stade Lausanne Ouchy. La suite? Des adolescents qui se ruent sur le terrain pour saluer leurs héros, des hommes du service de sécurité privé qui tentent de les arrêter en les agrippant parfois violemment et une échauffourée entre un membre de la sécurité et des jeunes qui a tourné en bref pugilat. Pas de quoi gâcher la fête du côté des supporters lausannois qui ont savouré la promotion de leur équipe.
Au moment de faire mes adieux à mes compagnons de match, je m'aperçois qu'Aimé l'entraîneur n'est plus à mes côtés. «Il est allé sur le terrain et a amené les enfants avec lui», me fait remarquer sa femme en levant les yeux au ciel. «Le grand a école demain, mais on va les laisser profiter de ce moment, ce n'est pas tous les jours qu'on est en Super League.» C'est même la première fois.