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Le Lausanne HC doit plus d'un million à ses ex-entraîneurs

Lausannes Trainer Ville Peltonen im Eishockey Meisterschaftsspiel der National League zwischen dem SC Bern und dem Lausanne HC, am Freitag, 17. Januar 2020, in der PostFinance Arena in Bern. (KEYSTONE ...
Ville Peltonen, ancien entraîneur du Lausanne HC. Image: KEYSTONE

Le Lausanne HC doit plus d'un million à ses ex-entraîneurs

Les anciens entraîneurs lausannois Ville Peltonen et Craig MacTavish tentent d'obtenir leur dû par des voies judiciaires. Une vilaine affaire qui nuit à la réputation de notre National League.
23.01.2023, 19:04
Klaus Zaugg
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Licencier un entraîneur dans un état de droit comme la Suisse est légalement aussi simple que d'arracher une dent sous anesthésie. Un peu désagréable, certes. Mais à la fin, un soulagement. Au Lausanne HC, en revanche, le licenciement d'un entraîneur est un spectacle juridique d'envergure internationale, dont les avocats se régalent.

Le 27 février 2020, Ville Peltonen est licencié du LHC. Son contrat court jusqu'en 2023. Pour les deux années restantes, le salaire dû se chiffre très exactement à CHF 713'055 et 55 centimes. Peltonen attend toujours son argent.

Extrait du registre des poursuites

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A l'Office des poursuites du district de Lausanne, l'exécution de cette somme est toujours ouverte. Ce que ne conteste pas Chris Wolf, CEO du Lausanne Hockey Club. Certes, le dirigeant peut difficilement nier dans la mesure où c'est écrit noir sur blanc et attesté officiellement par un cachet dans le dernier extrait des poursuites du 19 janvier 2023. Mais il relativise: «Nous avons désormais effectué un versement partiel de 360 000 francs. Ce n'est pas encore visible dans l'extrait des poursuites.» Le représentant de Ville Peltonen confirme cette version.

Craig MacTavish a remplacé Peltonen le 27 février 2020 et a perdu son job au terme de la saison 2020/21. Or son contrat portait encore sur dans deux ans. Lausanne lui doit un salaire net de 806'640 francs. Comme Peltonen, McTavish tente d'obtenir son argent par la voie judiciaire. Ce que Chris Wolf ne nie pas, tout en confirmant qu'il n'y a pas eu de paiement partiel dans cette seconde affaire.

La SARL Lausanne Hockey Club doit donc encore à ses entraîneurs licenciés – moins le paiement partiel à Ville Peltonen – la somme totale de 1'159'695 francs et 55 centimes. A cela s'ajoute la prétention de Kevin Ryan: depuis son licenciement au LHC, l'ancien scout tente d'obtenir son impayé de CHF 28'510 et 60 centimes par voie de poursuite.

Ce spectacle juridique est inhabituel. Les contrats des entraîneurs sont depuis longtemps standardisés et juridiquement imparables. Un exemple: le 28 janvier 2020, Kari Jalonen est démis de ses fonctions à Berne. Il venait de prolonger son contrat (très exactement le 21 octobre 2019) jusqu'au printemps 2021. Il avait donc droit à une saison supplémentaire de salaire. Le règlement à l'amiable du licenciement dans le bureau du directeur Marc Lüthi a duré exactement 34 minutes, comme le rapportent à l'unanimité des sources du SCB. Sans intervention d'avocats.

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Craig McTavish.Image: KEYSTONE

Les créances salariales revendiquées par Ville Peltonen et Craig MacTavish sont des salaires nets. Il faut encore y ajouter les frais de procédure (taxes comprises) et les honoraires d'avocat. Des sources estiment à plus de 4 millions de francs le total d'impayés que le LHC pourrait devoir à Ville Peltonen et Craig MacTavish.

Ville Peltonen n'a même pas été épargné de se rendre au service de l'emploi après son licenciement pour des charges salariales impayées. Une humiliation pour l'icône du hockey finlandais. En tant qu'entraîneur, Peltonen a emmené Lausanne en demi-finales des play-off au printemps 2019, ce qui n'était jamais arrivé en 100 ans d'histoire du club. Rien n'est plus dur que l'ingratitude de l'homme.

Ville Peltonen et Craig MacTavish sont des figures très respectées du hockey mondial, tenues en haute estime dans leur Finlande et Canada natals. On imaginerait plus facilement de tels litiges dans la KHL russe que dans un pays ayant la consicence juridique de la Suisse. C'est une sale affaire qui ne fait pas du bien à l'image de notre hockey et de la National League.

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Chris Wolf.Image: sda

Le manager de la ligue, Denis Vaucher, est un peu agacé lorsqu'on l'interroge à ce sujet. «Nous n'interférons pas dans les différends juridiques des clubs. De toute façon, nous n'aurions aucun effet de levier.» Il regrette toute cette affaire et dit qu'il vient d'avoir une très bonne discussion avec le propriétaire lausannois Gregory Finger (un Russe qui possède les nationalités américaines et suisses). Gregory Finger vit en Romandie depuis une bonne vingtaine d'années et est récemment devenu l'actionnaire unique du LHC. Denis Vaucher dit espérer que les choses s'arrangeront bientôt. Que Dieu l'entende.

Bientôt, la commission des licences rendra également son verdict. Théoriquement, un club n'obtient le droit d'évoluer en National League que si sa réputation financière est irréprochable. Lausanne est une fois de plus la preuve que tout le système des licences est un tigre de papier complètement édenté et sans valeur.

Si les parties parviennent finalement à un accord dans le bureau de Chris Wolf, avocats et entraîneurs ne pourront même pas prendre un café ensemble en toute bonne conscience. Comme le montre l'extrait des poursuites, la machine à café d'une valeur de 5201 francs et 90 centimes, livrée par «Franke Kaffeemann AG» d'Aarburg, n'a pas encore été payée.

Dans ce contexte, il n'est en fait plus surprenant de voir Lausanne, avec une équipe considérée comme la plus chère de la ligue, à l'avant-dernière place du classement.

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Video: watson
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