La recette magique du club zougois est mijotée par des joueurs tels que Kovar, Hofmann, Genoni, par un entraîneur prolifique, Dan Tangnes. Mais il faut un chef d'orchestre, un ingénieur pour assembler les pièces maîtresses. Il s'agit de Hans-Peter Strebel, un entrepreneur qui a fait fortune dans la pharma. Autrefois pharmacien, puis devenu ce docteur en pharmacie, il est connu pour avoir développé un médicament contre la sclérose en plaques (SEP). En 2006, il revend son entreprise au groupe américain de biotechnologie Biogen. Jackpot pour cet Argovien devenu multimillionnaire.
Aujourd'hui, Strebel, 74 ans, est assis sur un magot estimé entre 400 et 450 millions de francs. Surtout, il nourrit une passion pour le sport, qui le pousse à bâtir une ossature pour faire grandir son club de cœur: l'EV Zoug. Strebel a construit un centre flambant neuf appelé OYM (abréviation de «On Your Marks»), qu'il qualifie de «cadeau pour la société», dans les colonnes de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ). Un investissement massif à plus de 100 millions.
Son idée de construire un tel complexe lui vient d'un désir de voir les juniors du club grandir. Après une escapade à Salzbourg, dans les coulisses de l'académie Red Bull, l'idée de bâtir un centre tout premier cri a lentement mûri: pas seulement pour les hockeyeurs, mais pour tous les sportifs de haut niveau. Des athlètes comme Ramon Zenhäusern, des joueurs de handball, des lutteurs sont venus s'entraîner à Cham.
Ce centre de sport d'élite le plus moderne de Suisse, d'Europe, révèle les intentions du propriétaire. Des investissements qui se répercutent sur une première équipe qui carbure. La victoire du club l'an dernier, dans cette finale face aux ZSC Lions, où les patineurs de la Bossard Arena ont renversé le rival zurichois pour s'imposer au forceps lors du septième match de la finale des playoffs, est peut-être une expression des investissements clé du boss.
La croissance du club et cette réussite insolente passent par une préparation d'orfèvre. L'entrepreneur, fan de Zoug depuis les années 60, a réussi à faire d'une formule qui opère tel un refrain dans beaucoup de clubs (de foot): un projet sportif qui séduit de nombreux joueurs. En 2019, alors que le centre n'était pas encore finalisé, Gregory Hofmann ciblait l’un des avantages, «celui d'avoir une glace douze mois par an». Comme il l'expliquait dans Le Temps, «il affectionne le travail hors saison pour ne pas perdre son patinage».
Une fabrique à champions que Strebel, accompagné par Marco Toigo, son associé, mène avec minutie. Pour donner une petite illustration du degré de professionnalisme, les données des athlètes sont collectées, contrôlées exclusivement par les athlètes et doivent lui montrer à long terme les points qu'ils peuvent encore optimiser.
Bien que le club n'ait plus son équipe ferme à disposition (la Zoug Academy qui régatait en Swiss League), la relève est bichonnée dans le centre situé à Cham.
Avec Strebel à la baguette, le fan de saxophone et de golf propulse Zoug au sommet de la hiérarchie et façonne une ligne directrice sur le long terme. L'argent est investi intelligemment, loin de cette philosophie de faire signer de grands noms pour écraser le championnat.
La mise en place du centre d'entraînement OYM a également, selon Strebel, un effet profitable pour ses protégés. Lors du premier sacre, il soulignait que ce n'était «pas un hasard si nous avons eu peu de blessés cette saison». En 2021, l'homme d'affaires appuyait que les Zougois avaient les meilleures valeurs de fitness de leur carrière.
Hans-Peter Strebel a bâti une formation de haut vol, favorite à sa propre succession. Et même si la série actuelle leur est défavorable (pour le moment), la formation zougoise est dans les starting-blocks, prête à se déchaîner au coup de pistolet armé jeudi soir, à la Bossard Arena. Prêts, partez, feu!