Les Biennois ont prouvé mardi qu'ils avaient du caractère. Fessés 7-1 samedi à Genève, ils ont parfaitement su rebondir à la maison en remportant le 6e acte (4-2). Surtout, ils l'ont fait avec la manière. C'est simple: les protégés d'Antti Törmänen ont livré leur meilleure prestation de toute cette finale.
De quoi rassurer leur coach avant le septième match décisif jeudi à Genève. Parce que oui, les Seelandais – qui auraient dit au revoir au titre en cas de défaite – ont prouvé qu'ils savent gérer la pression. Mieux: ils se subliment quand elle est la plus forte. Jamais Bienne n'avait pareillement dominé son adversaire, qui plus est avec des gestes techniques de grande classe, comme les buts tout en finesse de Rajala et Haas ou la délicieuse passe décisive de Delémont pour Hischier sur le 2-1.
Was für eine Kiste von Gaëtan Haas zum 3:1!! 💥⚒️#PlayoffsUndSuschtNüt | @ehcbiel pic.twitter.com/IOWmFWsNmj
— MySports (@MySports_CH) April 25, 2023
En sauvant ce puck de titre, les Biennois ont un avantage psychologique: ils savent désormais comment gérer le stress d'un match qu'il est interdit de perdre. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils bomberont le torse en arrivant aux Vernets jeudi. Loin de là. «La nuit précédente, tu ne t'endors pas en cinq minutes», anticipe Yannick Rathgeb. Comme le défenseur du HC Bienne, tous les acteurs de cette finale ont conscience de l'enjeu énorme de cet ultime duel. Une victoire offrirait à Genève son premier titre de champion national. Elle donnerait à Bienne un premier sacre depuis 40 ans.
Pas sûr que les Aigles trouvent plus rapidement le sommeil mercredi soir que leurs adversaires. D'autant plus que, contrairement à ces derniers, ils ne se sont pas rassurés mardi.
Ils avaient pourtant ouvert le score à la 13e minute par Omark et maîtrisaient le jeu et leurs nerfs dans le premier tiers. Mais, après la pause, ils ont commencé à perdre leur hockey. Imprécisions techniques, patinage lourd, manque de tranchant offensif: les Servettiens n'ont jamais semblé autant dans leurs petits patins dans cette finale que lors des deux derniers tiers mardi. Comme s'ils étaient tout à coup rattrapés par le poids de l'enjeu.
Deux statistiques prouvent cette fébrilité: d'abord le nombre de shoots, 32-26 pour Bienne. C'est la première fois que les Seelandais tirent plus que les Genevois en six confrontations. Ensuite, les pénalités: moins lucides, les Grenat en ont concédé trois – toutes évitables – coup sur coup dans le deuxième tiers.
Alors ont-ils été pris par cette fameuse et paralysante peur de gagner? Leur entraîneur Jan Cadieux ne l'excluait pas à la fin de la partie: «Je ne sais pas si c’est la pression ou l’envie de trop bien faire, je pense surtout qu’on a trop voulu faire les choses de façon individuelle, à ce moment. Or c’est en équipe qu’on gagne un match.»
S'ils veulent soulever le trophée jeudi, les Aigles devront jouer plus libérés mentalement. C'est ce qu'ils avaient fait lors de leur festival de l'acte 5 (victoire 7-1). Les Biennois, eux, ont toutes les raisons de croire au sacre s'ils rééditent leur prestation de mardi. Yannick Rathgeb se rendra dans la cité de Calvin confiant:
Le numéro 27 des «rouge et jaune» l'assure: la meilleure préparation pour ce match couperet sera de faire comme d'habitude, sans rien changer à la routine. Et même s'il appréhende la nuit de mercredi à jeudi, il a déjà sa petite idée pour trouver le sommeil. «Comme chaque jour durant ces play-offs, j'éteindrai toutes les lumières à 20h00 pour reposer les yeux et je prendrai une boisson chaude juste avant d'aller au lit.»
Jeudi soir, il fera tout pour troquer la tisane pour une bière et un cigare.