Les prophéties se sont réalisées. «Cette finale sera extrêmement serrée», juraient les experts avant le premier acte. Ils avaient raison: à chaque fois, lors des quatre premiers matchs, le vainqueur s'est imposé avec un seul but d'avance. Et pendant les parties, il n'y a jamais eu plus de deux goals d'écart. Mais samedi aux Vernets, dans l'acte 5, la situation a totalement changé.
Genève-Servette menait 4-0 après 40 minutes et une deuxième période magistralement survolée. On ne voyait plus du tout les Biennois, complètement déboussolés (3 buts encaissés entre les 24e et 26e minutes) et à la recherche de leur hockey, revenir dans le match. Encore moins quand Marc-Antoine Pouliot a inscrit le 5-0 à la 43e.
On s'acheminait vers 17 longues minutes de remplissage. Du jamais vu dans cette finale, où les deux équipes avaient à chaque fois tout donné jusqu'à la dernière seconde pour égaliser. Ce changement radical de contexte a forcément eu des conséquences sur la gestion du troisième tiers. Surtout côté seelandais, à en croire les protagonistes.
«Mené 5-0, tu ne fais plus les mêmes choses qu'à 1-1», avouait le défenseur du HC Bienne, Noah Delémont, après ce cinquième acte.
Largué au score, et sans aucun espoir de recoller, les conséquences d'encaisser un nouveau but sont nettement moindres. Mais si la sécurité est délaissée, ce n'est pas le cas de l'intensité des duels. «On avait à cœur de montrer à nos fans, notamment ceux qui sont venus nous encourager au départ du car à Bienne, qu'on ne lâchait pas les armes», assure Noah Delémont.
Pas de quoi, toutefois, amener un excès d'agressivité ou le désir de régler ses comptes avec les adversaires, comme on l'a vu dans d'autres séries de play-offs. «Ce n'est pas dans l'ADN du HC Bienne d'être méchant», enchaîne le numéro 9 seelandais.
Les statistiques donnent raison à Noah Delémont: Bienne n'a pris qu'une seule pénalité dans le dernier tiers.
Et côté genevois? Hors de question de procéder à des adaptations, si l'on se fie aux propos de l'entraîneur, Jan Cadieux:
A lui aussi, la feuille de match donne raison: ses joueurs ont planté trois autres pions dans les dernières vingt minutes. «On a joué comme s'il y avait 0-0. On n'a pas pensé au score, on a continué à se focaliser sur les détails», appuie l'attaquant servettien Alessio Bertaggia.
Jan Cadieux l'assure: cette large victoire n'aura aucune incidence sur la manière de préparer ce sixième acte mardi dans le Seeland, potentiellement décisif. «On va le préparer exactement comme le match numéro 4 et comme toutes nos rencontres depuis le début de la saison.»
A une exception près: les deux équipes bénéficient d'un jour de repos supplémentaire par rapport au reste de la série. «Je discuterai dimanche avec mes joueurs pour gérer au mieux notre nervosité au début du match mardi», anticipe Jan Cadieux. Car oui, l'enjeu sera énorme: en cas de victoire, Genève-Servette fêtera son premier titre de champion national.
De son côté, le coach biennois Antti Törmänen pourra utiliser ces trois jours pour remonter le moral de ses troupes et réveiller leur orgueil. Sans quoi les Seelandais devront, eux, encore attendre avant d'être à nouveau couronnés après leur troisième et dernier sacre en 1983.