Sport
Hockey sur glace

Contre Berne, le HC Bienne veut éviter de revivre le passé

Bienne a subi sa première défaite samedi dans sa série de play-off contre Berne, à la maison (3-5).
Bienne a subi sa première défaite samedi dans sa série de play-off contre Berne, à la maison (3-5). image: keystone

Pour éliminer le CP Berne, Bienne devra vaincre ses vieux démons

Les Biennois ne mènent plus que 2-1 dans cette série des quarts de finale de play-off. Les drames de 2019 et 2022 vont-ils se répéter? Le risque existe.
21.03.2023, 11:59
Klaus Zaugg
Klaus Zaugg
Suivez-moi
Plus de «Sport»

Le meilleur remède contre le décalage horaire? Non, ce n'est pas le Dormicum. Mais plutôt aller voir un match de hockey sur glace un samedi soir à Bienne quand on rentre des Etats-Unis durant la même journée, histoire de repousser le sommeil au maximum.

Berns Spieler feiern mit ihren Fans nach dem Sieg im dritten Eishockey Playoff Viertelfinalspiel der National League zwischen EHC Biel und SC Bern, am Samstag, 18. Maerz 2023, in der Tissot Arena in B ...
Le CP Berne avait de quoi fêter avec ses fans samedi: il a relancé sa série contre le HC Bienne. Image: KEYSTONE

Admettons que ce voyageur ne connaît le hockey suisse que superficiellement et ne sait rien de l'histoire dramatique des play-off à Bienne. Il n'est pas non plus au courant des récents événements, des errements et des erreurs du CP Berne. Et surtout, il n'a entendu que les résultats des deux premières rencontres de ce quart de finale: 3-0 et 4-2 pour Bienne. Il n'a, non plus, jamais entendu parler de la polémique autour de Chris DiDomenico.

Gretzky, le «DiDo show» et un tournant

Que voit donc ce spectateur neutre et objectif qui n'est pas influencé par le passé récent? Un bon match, voire grandiose, qui soutient tout à fait la comparaison avec un bon match de NHL. Le premiers tiers est marqué par la discipline, la concentration et une très bonne organisation du jeu. Le spectacle s'emballe au deuxième-tiers, avec le gardien des Ours, Philip Wüthrich, qui encaisse deux buts évitables. Mais le portier reste cool et sera décisif dans la victoire en tenant la baraque lors de l'ultime période.

Dans les rangs du CP Berne, le topscorer d'alors, Chris DiDomenico, tire les ficelles. Ses éclairs de génie déclenchent les chocs électriques offensifs. Oui, son intelligence de jeu rappelle même de temps en temps un peu (mais juste un peu) Wayne Gretzky. Le réveil offensif de Dominik Kahun n'aurait pas été possible sans le Canadien à ses côtés.

Berns Topscorer Dominik Kahun, im Qualifikationsspiel der National League zwischen dem SC Bern und dem EHC Biel, am Dienstag, 1. Maerz 2022 in der Postfinance Arena in Bern. (PostFinance/KEYSTONE/Marc ...
Auteur d'un doublé, Dominik Kahun a fait mal au HC Bienne samedi soir. Image: keystone

De toute évidence, DiDo se laisse aussi peu provoquer que le grand Gretzky. Le visiteur objectif et neutre voit un meneur offensif qui réfléchit et s'intègre de manière désintéressée dans l'équipe et qui n'oublie pas non plus ses devoirs défensifs. Un coup d'œil sur la feuille de statistiques lui confirme cette impression: de tous les attaquants bernois, Chris DiDomenico a le meilleur bilan plus/moins de ce match (+2) et reste à l'écart du banc des pénalités. Autrement dit, c'est le «Showtime DiDo». Ce n'est pas lui mais ses adversaires qui perdent leur sang-froid.

Peu après la mi-match, il est percuté par Noah Schneeberger lors d'un changement de ligne. Ce serait polémiquer de dire que le défenseur de Bienne a délibérément provoqué la collision avec le Bernois. On dira plutôt qu'il n'a rien fait pour l'éviter. À ce moment-là, Bienne mène 1-0. Cette pénalité fait s'écrouler son château de cartes, fondé sur une belle jouerie. C'est le tournant de ce match. Et peut-être même de la série.

Biels Torhueter Joren van Pottelberghe, Berns Oscar Lindberg und Biels Noah Schneeberger, von links, in Aktion, im dritten Eishockey Playoff Viertelfinalspiel der National League zwischen EHC Biel und ...
Noah Schneeberger (à droite) a pris une pénalité lourde de conséquences samedi.image: keystone

Des traumatismes et des grandes gueules

A la fin, l'observateur neutre et sans connaissances du passé se dit que le HC Bienne a certes perdu, mais qu'il mène la série 2-1 avec l'avantage de la glace et a de bonnes chances de se hisser en demi-finale.

Mais Bienne a une longue histoire et les démons de cette histoire se lèvent derrière le Jura. Le CP Berne a, lui aussi, une histoire. Celle qui nous intéresse est courte. Mais elle aussi peut avoir des répercussions.

Printemps 2019. Bienne mène 2-0 puis 3-2 en demi-finale contre le futur champion, le CP Berne, mais finit par s'incliner 3-4. Printemps 2021: Bienne échoue en pré-playoffs face à Rapperswil. Printemps 2022: Bienne mène 2-0 puis 3-2 en quart de finale contre les ZSC Lions, mais finit par s'incliner 3-4. Les Seelandais n'ont jamais été champions à l'ère des play-off (depuis 1986) ni même atteint la finale. Aujourd'hui, deuxièmes de la saison régulière, ils n'ont jamais été aussi bons. Mais la question angoissante est la suivante: seront-ils rattrapés par les démons du passé?

Le défenseur Yannick Rathgeb est passé depuis longtemps du statut de feu follet à celui de phare défensif fiable. Il ne voit pas de démons. Il est réaliste: «On n'a pas joué notre jeu et on a trop parlé». Des grandes gueules, les Biennois? De la provocation verbale?

«Ça aussi. Mais on a trop discuté, on s'est trop laissé distraire du jeu et on a pris des pénalités stupides»
Yannick Rathgeb, défenseur du HC Bienne

La provoc' verbale est souvent efficace mais n'est pas toujours bien vue 👇

Dans le Seeland, on a le mérite de reconnaître ses défauts. On a aussi confiance. «Avant, on était souvent au fond du trou pendant la saison régulière. Ce n'était plus le cas cette année», rappelle Yannick Rathgeb. Le défenseur promet que son équipe ne connaîtra pas non plus d'abysse durant ces play-off.

Le capitaine Gaëtan Haas ne voit pas non plus de problème avec le passé. Ni chez lui, ni chez ses coéquipiers. Selon lui, la concentration et le contrôle du jeu ont été perdus. Des pénalités stupides. Pas d'excuses.

«D'un seul coup, le jeu s'est transformé en un va-et-vient effréné et on a perdu le contrôle. C'est possible de gagner comme ça, mais alors, les chances sont tout au plus de 50/50»
Gaëtan Haas, capitaine du HC Bienne

La Catalogne et une horde de sauvages

Bienne a une culture du jeu très développée. Elle est basée sur le contrôle du puck et un enchaînement de passes rapides. Le grand Bienne est un peu comme le FC Barcelone de la grande époque en football. Si l'adversaire parvient à perturber les circuits de ce jeu, ce n'est plus qu'un Bienne ordinaire. Fragile et inapte aux play-off. C'est ainsi que les Seelandais ont échoué en demi-finale en 2019 et en quart de finale la saison dernière. C'est ainsi qu'ils se sont inclinés samedi 3-5. Malgré des qualités de jeu magistrales.

Un autre club suisse a aussi un petit air du Barça 👇

C'est clair: aucun joueur sain d'esprit ne parlera de complexe ou de démon après la première défaite en quart de finale, alors que son équipe mène 2-1 dans la série et qu'il a l'avantage de la glace. La coolitude et la confiance de Yannick Rathgeb et Gaëtan Haas semblent réelles. Ce revers ne parvient pas encore à les ébranler.

Ou peut-être que si? Disons que la couche de glace de confiance sur laquelle les Biennois se tiennent est devenue un peu plus mince. Une fois de plus, ils ne doivent pas se laisser provoquer et déstabiliser de la sorte. Les cyniques disent que les play-off sont le prolongement du hockey sur glace par d'autres moyens. Samedi, Bienne n'a pas su gérer ces autres moyens.

Mais le CP Berne a aussi une histoire qui peut avoir un impact sur ce quart de finale. Elle ne remonte pas à des années. Seulement à quelques mois. Berne, que l'observateur neutre (qui ne connaît rien du passé récent) voit discipliné, bien organisé, rugueux, sûr de lui et droit dans ses patins samedi à Bienne, est tout aussi sur la corde raide. Trop souvent, ces derniers mois, cette équipe a été un groupe sauvage et indiscipliné. La dernière fois, c'était jeudi, lors de la défaite 4-2 à domicile dans l'acte II face aux Biennois.

SCB Cheftrainer Toni Soederholm gibt Anweisungen, im dritten Eishockey Playoff Viertelfinalspiel der National League zwischen EHC Biel und SC Bern, am Samstag, 18. Maerz 2023, in der Tissot Arena in B ...
L'entraîneur du CP Berne, Toni Söderholm, fera tout pour ramener les démons biennois.image: keystone

Le chef de file offensif Chris DiDomenico, avec son égoïsme une fois le puck sur sa crosse et ses frasques (29 minutes de pénalité en trois matchs depuis le début des play-off), est un tel élément perturbateur que la Berner Zeitung, proche du club et bien intentionnée, a écrit samedi qu'il s'agissait d'un «cirque DiDo» et a vivement recommandé, dans une brillante analyse, de reléguer le Canadien dans les tribunes pour le match à Bienne.

Sans DiDo, le CP Berne n'aurait pas gagné à Bienne. On doit le répéter: le hockey sur glace est un jeu imprévisible sur une surface glissante, pratiqué par des joueurs qui sont payés pour jouer et non pour travailler jour après jour de 8h00 à 18h00.

Berns PostFinance Topscorer Christopher DiDomenico im dritten Eishockey Playoff Viertelfinalspiel der National League zwischen EHC Biel und SC Bern, am Samstag, 18. Maerz 2023, in der Tissot Arena in  ...
Chris DiDomenico, le «Docteur Jekyll et Mister Hyde» du hockey suisse.image: keystone

Les Ours ont donc eux aussi leur démon, leur fantôme. Le «Cirque DiDo» comme jeudi ou le «Showtime DiDo» comme samedi? C'est la question qui va décider de cette série.

Raeto Raffainer, le directeur général du CP Berne, l'a dit samedi à Bienne après la victoire en vue du prochain match de mardi:

«Comme le disait si bien Simon Schenk: "C'est l'heure du nettoyage"»

Pour lui et le CP Berne, il serait bien que ce soit Chris DiDomenico qui reçoive les brosses et balais.

Adaptation en français: Yoann Graber

Ces îles sont à vendre, il y en a pour toutes les bourses!
1 / 7
Ces îles sont à vendre, il y en a pour toutes les bourses!
Polynésie française - 36 millions de francs.
source: www.privateislandsonline.com
partager sur Facebookpartager sur X
A 81 ans, il roule pour la première fois en voiture autonome
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Nino Schurter: «La qualification olympique n'est pas actée»
Avant la première étape de Coupe du monde de la saison, ce week-end au Brésil, le vététiste de 37 ans nous parle de sa préparation. Mais aussi de l'importance des premières courses de l'année, en vue des Jeux olympiques, un événement auquel il rêve de participer pour la cinquième fois. Interview.

Nino Schurter, vous débutez ce week-end au Brésil votre 15e saison de Coupe du Monde. Ressentez-vous toujours cette étincelle qu'il y avait à vos débuts?
Oui, c'est effectivement la même chose. Avant chaque début de saison, je ressens une nervosité supplémentaire. La dernière course remonte déjà à un certain temps. On ne sait pas vraiment où l'on en est.

L’article