D'ordinaire, quand un journaliste rédige un article sur un match de hockey qu'il a suivi depuis la tribune de presse, il relate ce qu'il s'est passé sur la glace et illustre son sujet avec une photo d'action. Mais pas mardi soir, à Zurich, où l'envoyé spécial du Tages-Anzeiger a décidé de raconter une autre histoire à ses lecteurs avec, en image principale, un vieux monsieur vêtu d'un jean et d'une chemise à carreaux.
Bien sûr, le quotidien est revenu sur la belle victoire des ZSC Lions contre Bienne (4-1), permettant aux Alémaniques de «prendre une petite revanche sur l'humiliante élimination en play-off la saison dernière» (0-4 en demi-finale). Mais le journaliste a aussi évoqué celui que d'ordinaire on ne voit jamais et qui, mardi, a pris toute la lumière en fin de match: Peter Schrag.
Il s'agit du chef matériel historique du club bleu et blanc. Avec l'âge (76 ans), il a bien sûr réduit un peu son temps de travail, mais celui qui a commencé en août 1973, et qui fête donc ses 50 années de service (d'où le chiffre sur le t-shirt), accompagne toujours les hockeyeurs des bords de la Limmat.
M. Schrag est un sacré personnage. De ceux qu'on ne fait plus.
C'était un autre temps, d'autres moeurs. Quand ce peintre de formation a commencé son aventure au chevet des hockeyeurs, Zurich n'était pas un grand club. Il n'y avait que trois entraînements par semaine, peu de moyens et le chef matériel sortait avec les joueurs. Il est même arrivé à Peter Schrag de faire la composition d'équipe!
50 ans après, c'est un coach qualifié qui forme les paires de défenseurs et les trios d'attaquants. Les ZSC Lions sont devenus une des équipes les plus puissantes de la Ligue, ils ont empilé six titres de champion au 21e siècle et évoluent dans une enceinte flambant neuve.
Une patinoire (la Swiss Life Arena) dans laquelle Peter Schrag dit se sentir bien, même s'il ne peut plus fumer ses brissago, de peur de déclencher l'alarme incendie.
Il continue de donner un coup de main aux hockeyeurs durant la semaine, mais ne se déplace plus autant qu'avant les soirs de match. De toute façon, «on voit mieux les choses à la télévision», confiait-il récemment à Blick. C'est aussi plus prudent pour lui. Car Peter Schrag a le sang chaud. Dans le passé, il n'était pas rare de le voir gesticuler ou hurler contre les arbitres sur le banc de touche. «J'ai été sanctionné deux fois. Une fois à Kloten et une fois au Hallenstadion.» Les deux fois par le même arbitre: Brent Reiber.
Malgré ce caractère bien trempé, qui lui a aussi valu des engueulades d'anthologie avec certains joueurs et entraîneurs, Peter Schrag est une personnalité du club, un homme très apprécié: en 2020, le gardien Lukas Flüeler, triple champion de Suisse, lui avait même rendu hommage en immortalisant le personnage sur son masque. Mythique.