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Hockey sur glace: la Swiss League va très mal économiquement

Les hockeyeurs du HC La Chaux-de-Fonds et des autres clubs de Swiss League vivent une situation financière très délicate.
Les hockeyeurs du HC La Chaux-de-Fonds et des autres clubs de Swiss League vivent une situation financière très délicate. image: keystone

La Swiss League va très mal et c'est tout le hockey suisse qui tremble

Aucune couverture TV, forte baisse des recettes publicitaires: les caisses des clubs de 2ème division se vident de manière inquiétante. Une réforme est nécessaire, au risque de voir des équipes disparaître et d'affaiblir tout le hockey suisse.
20.08.2022, 09:01
Klaus Zaugg
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En très peu de temps, la situation économique de la Swiss League s'est aggravée de manière si dramatique que même un club modèle comme Langenthal, plusieurs fois champion, envisage de se retirer à la fin de la saison et de se concentrer sur la promotion du hockey féminin.

Même ceux qui ne connaissent rien au sport comprennent le problème: la National League, l'élite, a 14 équipes. La Swiss League en a 10. Si le sommet est plus large que la base, la pyramide s'écroule.

La raison de ce déséquilibre? En football, la promotion et la relégation dans les deux plus hautes divisions ont été maintenues pendant la pandémie. En hockey, en revanche, il n'y a eu qu'une seule promotion et aucune relégation pendant deux ans. Du coup, Ajoie et Kloten, les deux équipes les plus populaires de Swiss League, sont montées et n'ont été remplacées par personne à l'échelon inférieur.

ZUR MELDUNG, DASS DER EHC BASEL SEINE BILANZ DEPONIERT HAT, STELLEN WIR IHNEN AM MONTAG, 23. JUNI 2014, FOLGENDES ARCHIVBILD ZUR VERFUEGUNG - Uebersichtsbild der Halle beim Spiel der National League B ...
Bâle, néo-promu en Swiss League, complète le contingent de 10 équipes dans cette deuxième division.image: KEYSTONE

La deuxième division est passée de 12 à 10 équipes en deux saisons seulement, de quoi casser l'équilibre du hockey professionnel suisse. Au moins, la Swiss League ne descendra pas en dessous de 10 membres cette saison: Zoug a retiré son équipe réserve (Zoug Academy) mais est remplacé par un néo-promu, Bâle.

Mais aujourd'hui, la Swiss League se trouve dans une situation économique très inquiétante. La voie courageuse de l'indépendance (la séparation juridique de la National League) a conduit tout droit à la catastrophe financière: les opportunités offertes par cette indépendance n'ont pas pu être exploitées. Et c'est la faute de la Swiss League.

Cendrillon, le troupeau et les moqueries

Au cœur du problème: l'égocentrisme des clubs, au détriment de l'intérêt général de la ligue, et la volonté de rendement à court terme plutôt que l'investissement pour une présence durable du championnat sur le marché. Ces deux points ont conduit à l'échec de la ligue sur le marché de la publicité et de la télévision. Conséquence: un déficit d'un peu plus de 400'000 francs dans la caisse de chaque club. Concrètement, il a été causé par la disparition des recettes TV et publicitaires issues du pot commun avec la National League et l'augmentation des dépenses.

Le concept élaboré par le groupe Tit-Pit (dirigé par le président de Kloten, Mike Schälchli) aurait pu être une opportunité. Il s'agissait surtout, dans un premier temps, d'assurer une présence télévisuelle en collaboration avec des partenaires publicitaires de renom et de faire de la Cendrillon Swiss League une princesse rayonnante sur le marché publicitaire.

Kloten a retrouvé l'élite ce printemps et s'évitera, du coup, quelques soucis financiers la saison prochaine.
Kloten a retrouvé l'élite ce printemps et s'évitera, du coup, quelques soucis financiers la saison prochaine. image: keystone

Au début, les recettes auraient été encore faibles: de prestigieuses entreprises auraient obtenu une énorme présence en déboursant peu. Mais une fois les fondations posées, ce genre de stratégie s'avère généralement payant à moyen terme déjà, grâce à l'effet boule de neige. Une fois qu'un grand nom est à bord, les autres suivent en se disant: «S'il est là, il faut que nous aussi soyons visibles!» Le fameux instinct grégaire.

Mais voilà, le projet a été refusé par les boss des clubs de Swiss League, alors que les contrats étaient prêts à être signés par des entreprises comme Edelweiss et Wefox. Un des présidents s'est même moqué de l'argent que son club aurait reçu la première saison grâce à ce concept, en expliquant qu'il aurait récolté le même montant en vendant seulement quelques abonnements de saison en plus. Autrement dit, il n'avait qu'une vision à court terme.

Le président de Kloten Mike Schälchli (à droite) a essayé de réformer le système publicitaire et médiatique de la Swiss League, mais les autres clubs n'ont pas voulu.
Le président de Kloten Mike Schälchli (à droite) a essayé de réformer le système publicitaire et médiatique de la Swiss League, mais les autres clubs n'ont pas voulu. image: keystone

De quoi énerver l'initiateur Mike Schälchli, qui a lâché une punchline métaphorique dans le média Sponsoring Extra:

«La Swiss League n'a pas marqué alors que le but était vide»
Mike Schälchli, président de Kloten et réformateur de la Swiss League

Il a pu se consoler avec la promotion de son équipe, Kloten, en National League.

Un colosse chancelant et des Tessinois inquiets

Pour l'instant, la Swiss League se retrouve donc les mains vides sur le marché publicitaire national, parce qu'elle n'a pas de présence télévisuelle. Or, celle-ci est aussi indispensable à la vente de publicité que l'air que l'on respire. L'ancien juriste de la Schweizer Radio und Fernsehen (SRF), Jean Brogle, a essuyé un échec cuisant dans sa tentative de trouver des partenaires TV pour le compte de la ligue. Le concept de diffusion en streaming de tous les matchs – bon en soi – peut être un complément, mais jamais un substitut à une véritable présence télévisuelle.

Le SC Langenthal, champion en 2012, 2017 et 2019 et longtemps club phare de cette deuxième division, est un bon exemple de cette situation dramatique. Il n'a pas de perspective de nouvelle patinoire et sa veille enceinte ne lui offre que des possibilités financières limitées. Pire, la suppression des recettes TV et pub de la National League touche fortement le club économiquement: il a perdu 20% de ces recettes totales.

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Le SC Langenthal a fêté son dernier titre de champion de Swiss League en 2019, mais pourrait bientôt quitter le hockey sur glace professionnel.image: KEYSTONE

Son président, Gian Kämpf, a déclaré que ses collègues et lui «examinaient toutes les options». Mais il ne pense pas seulement à un déménagement dans la nouvelle patinoire d'Huttwil, ville voisine:

«Il est envisageable que nous nous retirions du hockey professionnel pour le hockey amateur à la fin de la saison, que nous nous concentrions sur la promotion de la relève et que nous fassions de notre équipe féminine notre porte-drapeau»
Gian Kämpf, président du SC Langenthal

Les dames du SC Langenthal viennent d'être promues, jouent à Huttwil et ont réalisé un très bon mercato – surtout grâce à cette infrastructure de pointe – au point qu'elles pourront défier les ZSC Lions pour le titre cette saison. Les recettes publicitaires pour l'équipe féminine ont plus que doublé. Finalement, mieux vaut jouer le titre avec les femmes (ce qui est de toute façon dans l'air du temps) que de galérer dans le hockey masculin.

Ein SC Langenthal Fan waehrend dem vierten Playoff Finalspiel der Swiss League zwischen dem SC Langenthal und dem HC La Chaux de Fonds, am Mittwoch 3. April 2019 auf der Eisbahn Schoren in Langenthal. ...
Ce fan de Langenthal pourra-t-il encore brandir son écharpe en Swiss League dans un an?image: KEYSTONE

Les Haut-Argoviens ne sont pas les seuls à envisager de se retirer du hockey professionnel dans les circonstances actuelles. A Winterthour, la nostalgie du bon vieux temps où l'équipe locale jouait le titre dans le hockey amateur grandit. Quant aux Ticino Rockets, leur existence au-delà de l'exercice à venir est très incertaine.

Aide familiale et révolution

Les dirigeants de la National League sont conscients des conséquences catastrophiques d'un tel affaiblissement de la Swiss League. Si la deuxième division n'a pas un bon niveau, promotion et relégation disparaissent. Si plus personne ne peut financer une équipe candidate à la montée, le barrage entre le perdant des playout de National League et le champion de Swiss League devient une farce. Sans la dramaturgie des promotions et relégations, l'intérêt du public, la présence médiatique et, du coup, les recettes diminuent aussi en National League. Où la saison régulière devient un championnat d'opérette dès la pause de Noël. Une Swiss League forte est donc vitale pour la National League.

Partout, les entraînements et la vente des abonnements ont commencé. Pourtant, il reste des doutes sur le règlement de jeu: les matchs de saison régulière au printemps prochain se joueront-ils avec trois ou cinq étrangers? La décision doit être prise mercredi prochain lors d'une assemblée générale réunissant les clubs des deux premières divisions.

L'EV Zoug, champion de Suisse 2022, a retiré son équipe réserve du championnat de Swiss League.
L'EV Zoug, champion de Suisse 2022, a retiré son équipe réserve du championnat de Swiss League. image: keystone

Pour valider un choix, il faut une majorité qualifiée: les représentants de National League sont tous favorables à cinq étrangers. Mais il suffirait de trois clubs de l'échelon inférieur contre pour bloquer ce projet, au risque même de ne jamais pouvoir commencer la saison. Pour éviter une telle situation – le contrat TV couvre la saison régulière de première division – la National League offre à tous les clubs de la Swiss League une aide financière unique de 50'000 francs pour l'exercice à venir. Celle-ci ne sera pas versée s'il n'y a pas d'accord.

Une fois que le règlement de la saison régulière sera validé, il restera une petite chance pour que la deuxième division bénéficie d'une certaine présence télévisuelle grâce aux partenaires médiatiques de sa grande sœur.

La National League et son directeur Denis Vaucher (à droite) envisagent d'aider la Swiss League pour la saison à venir.
La National League et son directeur Denis Vaucher (à droite) envisagent d'aider la Swiss League pour la saison à venir. image: keystone

La crise qui pointe le bout de son nez est aussi une chance. Souvent, les réformes ne réussissent que lorsqu'il n'est plus possible de faire autrement. Quand on arrive à un véritable drame, comme le retrait d'un club important tel que Langenthal.

Dans ce cas, une réforme signifie une restructuration complète de la Swiss League: dissolution de la MyHockey League (3e division), intégration des meilleures équipes de celle-ci en deuxième division et répartition en deux groupes géographiques est-ouest. Autrement dit, incorporer dans une même ligue des clubs professionnels orientés vers l'élite et d'autres à vocation formatrice, bien structurés. En dessous, la 1ère ligue redeviendrait la plus haute division amateure.

Adaptation en français: Yoann Graber

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