Samedi dernier, Peter Zeidler a dirigé le Lausanne-Sport pour la première fois lors du match amical face au Stade Lausanne-Ouchy (2-5) organisé à Morges. Cela faisait un bout de temps que le nouveau technicien du LS n'avait plus coaché d'équipe, puisque huit mois s'étaient écoulés depuis son licenciement de Bochum après une nouvelle défaite contre Hoffenheim. Même si Peter Zeidler n'avait déjà plus de cheveux à l'époque, il a dû trouver le temps long.
Car si la plupart des joueurs pros ne se retrouvent jamais longtemps sans club, c'est bien différent pour les entraîneurs, qui peuvent «rester sur la touche» (l'expression est peut-être mal choisie ici) durant de longs mois, voire plusieurs années. Du jour au lendemain, ils sont ainsi dépossédés de leur statut de leader, se sentent sans doute un peu inutiles et sont privés de l'adrénaline des matchs et des liens qu'ils ont l'habitude de tisser patiemment avec les joueurs.
Ancien coach de Premier League, Mark McGhee avait décrit dans The Guardian ce qu'il avait ressenti lorsqu'il avait vu qu'un match se déroulait sans lui au Molineux stadium, le domicile de l'équipe (Wolverhampton) qui venait de le limoger. «Cela m’a littéralement fait monter les larmes aux yeux. Une semaine auparavant, j’étais le roi là-bas. Et là, je roulais en voiture, pendant que tout se passait sans moi. C’était bouleversant.»
Peter Zeidler n'a pas eu beaucoup de mal, lui non plus, à reconnaître que le terrain lui avait manqué lors de ces huit mois de chômage technique. «C'est pareil pour tous les coachs: le terrain nous manque toujours quand on est passionné par ce sport», nous a-t-il dit samedi, dans un français qu'il maîtrise toujours aussi bien.
Le technicien du Bade-Wurtemberg ne s'était jamais absenté aussi longtemps depuis son premier poste de coach à Tours en juillet 2011. Comment a-t-il vécu cette longue parenthèse?
Alors que certains coachs prennent un congé sabbatique et se déconnectent du football, Peter Zeidler a fait tout le contraire. «J'ai regardé beaucoup de matchs en France, mais aussi en Espagne et au Portugal, a-t-il expliqué. J'ai observé ce que faisaient les autres entraîneurs, pour voir s'il y avait des choses à prendre chez eux et évoluer, même si les grandes idées sur le foot restent.»
L'Allemand reconnaît aussi avoir pris le temps de réfléchir sur sa situation à la fois personnelle et professionnelle.
On verra si Peter Zeidler a changé, s'il est devenu meilleur ou plus sage. D'ici là, il profite simplement du bonheur de s'asseoir sur un banc de touche, même s'il a passé tout le match de samedi debout près de la ligne de touche, pour corriger, encourager et replacer ses joueurs.
Quand on lui demande ce qui lui a le plus manqué lorsqu'il n'avait plus d'équipe sous sa direction, la réponse fuse: «les émotions d'un match».
Peter Zeidler sera très vite confronté à tous les sentiments qui gravitent autour d'un match de football. D'abord parce que le LS disputera son premier match européen de la saison le 24 juillet déjà (2e tour de qualification en Ligue Europa Conférence); ensuite parce qu'il débutera la saison de Super League trois jours plus tard contre Winterthour; enfin parce que le 31 août, il recevra le FC Saint-Gall, un club avec lequel Peter Zeidler a vécu une véritable histoire d'amour (6 ans et 242 matchs).
Ce jour-là, le coach ressentira, c'est sûr, les «vraies émotions» dont il a été trop longtemps privé la saison dernière.