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Hockey: la mort d'Adam Johnson réveille les consciences

A Pittsburgh, un hommage a été rendu à Adam Johnson.
A Pittsburgh, un hommage a été rendu à Adam Johnson. Image: keystone

La mort d'un hockeyeur tranché à la gorge réveille les consciences

Touché en plein match par une lame de patin, le hockeyeur Adam Johnson a perdu la vie ce week-end. Sa mort ravive les questions autour du protège-cou, si peu utilisé par les professionnels.
01.11.2023, 05:3901.11.2023, 13:24
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L'accident s'est produit samedi soir au Royaume-Uni, au cours d'un match de coupe opposant Sheffield à Nottingham. L'équipe locale menait 2-1 dans le deuxième tiers temps, quand le patin de Matt Petgrave est venu percuter la gorge du malheureux Adam Johnson, à la suite d'une violente charge.

À terre, l'ancien joueur des Penguins de Pittsburgh a immédiatement tenté de se relever, en vain. C'est avec l'aide de l'arbitre qu'il est enfin parvenu à aligner quelques pas, pour tenter d'évacuer au plus vite la patinoire, déjà recouverte de sang. L'hémorragie ne sera finalement pas endiguée, et le joueur perdra la vie à l'âge de 29 ans.

«C'est une tragédie, il était un garçon formidable, ça a été un privilège d'être son entraîneur»
Mike Sullivan, son ancien coach en NHL

Plusieurs précédents, dont un en Suisse

Le hockey sur glace est un sport dangereux. Et pour cause, la discipline implique de nombreux contacts, elle appelle aussi de la vitesse. À cela s'ajoute l'utilisation d'un matériel potentiellement à risque: le puck, pouvant voler à plus de 150 km/h, et les patins, dont les lames sont aiguisées comme des couteaux de cuisine.

Un joueur des New York Islanders quittant la glace sur blessure.
Un joueur des New York Islanders quittant la glace sur blessure.Image: keystone

Dans ce contexte, et malgré des protections déjà conséquentes, on recense régulièrement des blessures sur la glace. Les coupures dues aux patins ne sont, certes, pas les plus courantes, mais lorsqu'elles surviennent, elles peuvent faire de gros dégâts. Ceci est encore plus vrai lorsque la gorge, par laquelle passent la carotide et les veines jugulaires, est touchée. Demandez donc à Clint Malarchuk.

En 1989, le gardien des Sabres de Buffalo a bien failli trouver la mort devant sa cage. A la suite d’une violente charge et d'une lame à la gorge, il s'écroule, puis commence à se vider de son sang. Sa vie ne tiendra qu’au réflexe de Jim Pizzutelli, soigneur et vétéran américain, qui fonça sur la glace pour stopper l’hémorragie. Devant ces images insoutenables, 11 spectateurs auraient fait un malaise, deux des crises cardiaques. Trois joueurs auraient également vomi sur le terrain.

En Suisse, Michel Zeiter a connu une mésaventure similaire. Le 15 novembre 2001, lui non plus ne passe pas loin de la mort, lors d'un match de LNA. Le joueur des ZSC Lions ne parvient pas à éviter la lame du Suédois Johan Withehall, alors pensionnaire de Coire. Il perd entre 2,5 et 3 litres de sang, mais l’intervention rapide des secouristes le sauve.

«Je n'ai jamais perdu conscience. Je me suis tout de suite rendu compte de la gravité de la situation. Je n'avais qu'une idée en tête: survivre. Dans une situation comme celle-là, on oublie tout le reste»
Michel Zeiter

Autre cas, cette fois en 2008, avec la terrible blessure de Richard Zednik. L’attaquant des Panthers se dirige vers le puck lorsque son coéquipier, le Finlandais Olli Jokinen, perd l'équilibre. Ce dernier lève sa jambe à la hauteur du cou de Zednik, et l’égorge. «C'était une blessure exceptionnelle, dans la mesure où l'artère carotide a été presque entièrement coupée en deux», pointait à l'époque le médecin en charge du joueur.

Richard Zednik quitte la glace son sang derrière lui.
Richard Zednik quitte la glace son sang derrière lui.Image: keystone

D’autres n’ont pas survécu. Teddy Balkind est de ceux-là. Il avait 16 ans lorsqu’il est mort égorgé en janvier 2022, au cours d’un match entre deux écoles secondaires. Contrairement à la Suisse, au Canada ou à de nombreux pays, la fédération américaine n'impose pas le port du protège-cou à ses jeunes. Sur son site, elle indique seulement le recommander, en s'appuyant sur des études démontrant que les risques ne sont pas totalement éliminés, même avec le port d'une protection. Ce qui bien sûr, lui vaut de vives critiques.

«Les modèles actuels de protège-cou n'éliminent pas le risque de lacération: 27% des joueurs qui ont été coupés portaient un protège-cou au moment de la blessure»
USA Hockey

L'Angleterre veut imiter la Suède

Certains pays ont une vision opposée. C'est le cas de la Suède qui, depuis la mort de Bengt Akerblom en 1995, tué par une lame en plein match, oblige le port du protège-cou à tous ses joueurs, quel que soit le niveau. En Finlande aussi, les professionnels de Liiga sont tenus de se protéger, depuis plusieurs saisons maintenant, comme l'indique le règlement officiel de la compétition.

A la suite du décès d'Adam Johnson ce week-end, la fédération britannique vient de leur emboiter le pas. Le protège-cou sera obligatoire à partir du 1er janvier 2024 pour tous les joueurs, sans que l'on sache si cela sera appliqué à la ligue professionnelle anglaise: l'Elite Ice Hockey League.

En Allemagne, le média Bild révélait ce week-end que la Deutsche Eishockey Liga envisageait elle aussi des changements majeurs.

«Lors de notre réunion des directeurs sportifs le 27 novembre, nous parlerons de l'introduction d'un protège-cou pour la nouvelle saison. C’est obligatoire en Finlande et en Suède»
Jorg van Ameln, Match Operations Manager à la Deutsche Eishockey Liga

L'initiative est louable, mais attention, il faudra aussi veiller à ce que le règlement soit appliqué. Ces dernières années, en Suède comme en Finlande, les médias locaux ont souvent rapporté que de nombreux joueurs ne jouaient pas le jeu. Manque de mobilité, étroitesse du dispositif, chaleur...: ils se disent gênés dans leur pratique, et les sanctions ne suivent pas toujours. Les arbitres avouent d'ailleurs avoir des difficultés à contrôler le port du protège-cou. Cela peut se faire avant la rencontre, mais les changements incessants ainsi que la vitesse du jeu rendent les contrôles difficiles en match.

Les questions de style et de virilité expliquent aussi pourquoi tant de joueurs ne se protègent pas, notamment en NHL, où les hockeyeurs sont souvent peu enclins à adopter de nouvelles protections. Pourtant, le matériel ne cesse d'évoluer. Warroad propose ainsi un vêtement col roulé résistant aux lames, simple à porter. La mort d'Adam Johnson pourrait néanmoins réveiller les consciences, pour preuve les récentes ruptures de stock chez cette marque américaine. TJ Oshie, attaquant des Capitals de Washington, aurait passé commande.

Certains militent déjà pour une obligation dans toutes les ligues, comme Hayley Wickenheiser, médaillée olympique, diplômée d'une école de médecine et adjointe au directeur général des Maple Leafs de Toronto.

«Je sais que ce n'est pas très cool, mais il est temps de rendre obligatoire le port du protège-cou à tous les niveaux du hockey. Le risque est bien trop grand pour ne pas le faire»
Hayley Wickenheiser

Ici en Suisse, le boss de la National League, Denis Vaucher, se montre plus sceptique concernant d'éventuelles modifications. Dans des propos relayés par le Tages-Anzeiger, il renvoie la responsabilité aux joueurs: «La probabilité que quelque chose de grave comme celui-là se produise est faible. Et tout le monde peut déjà mettre un protège-cou s’il le souhaite».

Aurons-nous attendu le décès d'Adam Johnson pour voir évoluer les règles et leur mise en application? Il est encore trop tôt pour le savoir. Sa mort pourrait néanmoins bousculer les choses, pour que cessent enfin les égorgements à vif dans les patinoires.

Dans un autre sport, en l'occurrence le cyclisme, le décès d'Andrei Kivilev sur les routes de Paris-Nice n'avait, lui, pas été vain. Quelques mois après ce terrible drame, l'UCI rendait le port du casque obligatoire, et ce, dans un contexte houleux. Comme les joueurs de hockey, la majorité du peloton professionnel refusait l'arrivée de cette protection.

Si le focus sur le cou est important, reste qu'au hockey, d'autres zones sont sensibles, comme les poignets. Ici aussi, les protections contre les lames ne devraient pas être négligées.

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source: sda / urs flueeler
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