C'est toujours intéressant de venir tôt dans les tribunes d'une patinoire pour voir l'échauffement des hockeyeurs. On peut apprécier leurs qualités techniques avec des gestes en toute décontraction ou encore leur patinage. On peut remarquer aussi quelques particularités, et il y en a une dans cette finale Genève-Bienne: les Grenat n'ont pas de maillot d'échauffement.
Les Aigles sont l'une des très rares équipes de National League à utiliser le même chandail pour le warm-up et le match. Toutes les formations qu'ils ont affrontées en play-offs cette année (Lugano, Zoug et Bienne), par exemple, ont des maillots différents pour ces deux moments.
On pourrait penser qu'il s'agit d'une superstition, puisque le hockey sur glace est un milieu très codifié. Hé bien non!
Si Genève-Servette n'a pas de maillot d'échauffement, c'est pour une raison de sponsoring. «L'équipe en avait un il y a encore trois ou quatre ans, mais le sponsor (réd: la clinique Hirslanden) qui apposait son nom sur ce chandail a très probablement voulu, en échange de son financement, une autre prestation que celle-ci», explique un expert du marketing sportif. Et, depuis, aucune autre marque n'a voulu prendre le relais.
On peut les comprendre: même si Genève-Servette cartonne actuellement, les maillots d'échauffement ne sont pas les supports publicitaires les plus prisés. Peu de spectateurs sont déjà en tribunes lors de l'échauffement (et ceux qui sont attentifs à ce qu'il se passe sur la glace sont encore moins nombreux), et c'est un moment qui n'est couvert ni par les TV ni par les photographes. Autrement dit, la visibilité est très faible.
C'est pour cette raison qu'en général, «le maillot d'échauffement ne représente qu'un petit extra dans le packaging des sponsors en plus de leur présence sur les panneaux publicitaires ou les programmes de match», précise notre expert.
Mais pourquoi ne pas utiliser alors les maillots d'entraînement, histoire d'éviter d'employer tout de suite ceux de match? Une partie de la réponse se trouve dans le règlement de la National League: «Sur les maillots d’échauffement, le numéro du joueur doit être disposé de manière bien visible sur le dos.» Or, les maillots portés à l'entraînement n'ont en principe pas de numéro. «Ce serait trop compliqué de fabriquer de nouveaux chandails d'entraînement exprès pour ça, parce que les coûts de production sont très élevés», complète notre expert en marketing.
Non, le hockey sur glace n'est pas le football: les hockeyeurs de National League, contrairement aux footballeurs, n'ont en principe que deux jeux de maillots (un «domicile» et un «extérieur») par saison, à l'exception des toutes grandes stars qui peuvent parfois s'offrir le luxe (ou le caprice, c'est selon) d'avoir une garde-robe légèrement plus fournie.
Les Servettiens portent donc exactement le même tissu à l'échauffement et pendant le match (un deuxième kit sans nom et avec un numéro pas encore attribué n'est utilisé que si le premier est déchiré ou taché de sang). Mais à en croire d'ex-pros, ce n'est pas du tout un problème niveau confort, notamment au niveau de la transpiration. «Au contraire! Le truc qui me soûlait le plus, c'était justement de devoir changer de maillot juste avant le match», rembobine Michael Ngoy, ancien défenseur de Lausanne et Fribourg, entre autres.
Son ancien collègue, Alain Miéville, est du même avis:
Tout est dit. Mais on a de bonnes raisons de penser que Genève-Servette, s'il est champion, aura un maillot d'échauffement la saison prochaine. Pas parce qu'il s'attend à plus transpirer, vous l'aurez compris, mais parce qu'un sponsor aura jugé intéressant d'associer son nom au possible meilleur club du pays, même sur son maillot le moins sexy.