Zurich a conservé son titre et réalisé cette année le doublé Championnat/Ligue des champions. Dès lors, une question se pose: comment les challengers de National League les plus sérieux pourront-ils empêcher les ZSC Lions de décrocher un troisième titre consécutif en 2026? S'ils veulent devenir champions, de simples ajustements grâce aux transferts ne suffiront pas, y compris à Lausanne, finaliste malheureux des deux dernières saisons.
Les joueurs du LHC parviendront-ils à disputer une troisième finale consécutive? Rien n'est moins sûr, alors qu'ils seront encore le principal challenger des ZSC Lions en 2025/2026. Lausanne pourra certes compter sur de meilleurs étrangers ainsi que sur le retour de Connor Hughes. Or malgré l'immense talent du Canado-Suisse, Simon Hrubec avait été meilleur que lui en 2024 et il s'est à nouveau distingué en 2025. Le Zurichois sera encore un dernier rempart décisif la saison prochaine.
Mais le LHC ne sera pas seulement inférieur sur le plan des gardiens en dépit de sa très belle doublette Hughes-Pasche. Un autre problème, et il est de taille, se profile: celui des défenseurs. Andrea Glauser (Fribourg-Gottéron), Lukas Frick (HC Davos) et Joël Genazzi (retraite) ont désormais quitté les rangs lausannois, une perte que le LHC ne pourra pas totalement compenser. Et si, devant, les «nains» Benjamin et Jordann Bougro forment la quatrième ligne avec le valeureux Stefan Rüegsegger, prêté par La Chaux-de-Fonds, le titre ne pourra pas être envisagé. Lausanne, peut-être nouveau candidat à la finale, mais pas au titre.
De son côté, le CP Berne dispose de suffisamment de ressources financières pour devenir champion. Il détient aussi le soutien du public. Mais depuis le départ de Genoni en 2019, les gardiens bernois ne sont plus assez performants. Sans changement à ce poste occupé par Adam Reideborn, le plus faible des portiers étrangers de National League, le titre restera inaccessible.
Autre élément à ne pas sous-estimer: l’entraîneur en chef Jussi Tapola traîne désormais une sale réputation, avec deux quarts de finale mal coachés. Et puis, même Martin Plüss, le brillant et réfléchi directeur sportif du CP Berne, n’a pas encore identifié les problèmes rencontrés par les Ours. Or s'il ne les connaît pas, impossible de les résoudre. Berne n'est ni un prétendant sérieux au titre, ni un candidat à la finale.
L'EV Zoug continue de digérer ses titres acquis en 2021 et 2022. Le processus dure finalement plus longtemps que prévu, en raison d'une certaine surestimation de soi. Si le club ne parvient pas à s'écarter de sa politique d'austérité complètement absurde, et s'il ne réussit pas à recruter les bons étrangers, alors le nouvel entraîneur Michael Liniger ne passera pas l'hiver.
Un autre problème, semblable à celui de Berne, pointe également le bout de son nez: celui des gardiens. Leonardo Genoni fêtera ses 38 ans en août prochain. Est-il encore assez bon pour pouvoir mener son équipe en finale? Le romantique répondrait: «Quelle question! Leonardo Genoni est septuple champion». Mais le réaliste rétorquerait: «Même les titans finissent par vieillir». Zoug sera au mieux candidat aux demi-finales.
Davos est encore sous-estimé à l’heure actuelle. Josh Holden, qui a appris à fabriquer des champions en tant qu'assistant de Dan Tangnes à Zoug, est devenu un entraîneur charismatique et s’est imposé cette année pour sa deuxième saison à Davos.
L’équipe grisonne devrait atteindre son apogée en 2025/2026. Elle présente un bon équilibre et les postes réservés aux étrangers sont relativement bien pourvus. Toutefois, la profondeur de l’effectif n’est pas suffisante pour compenser des absences majeures, comme celle d’Enzo Corvi cette saison. Reste aussi une question ouverte: Sandro Aeschlimann a-t-il le potentiel pour être un gardien de finale?
Y a-t-il d’autres candidats? Non, quand bien même Genève-Servette et Lugano ont été sacrés au 21e siècle, et que Gottéron, récent vainqueur de la Coupe Spengler, joue depuis deux ans à guichets fermés.
Genève-Servette dispose sans doute d’une base économique solide, mais pas d’une infrastructure suffisante pour rester une équipe de pointe dans la durée. Son arène, construite en 1961, est devenue une Valascia de plaine. Qui plus est, son entraîneur d’opérette Yorick Treille n’est qu’un intérimaire, en attendant l’arrivée du sélectionneur national suédois Sam Hallam. Il apparaît que le premier titre des Genevois acquis en 2023, suivi du sacre en Champions Hockey League un an plus tard, n'étaient que des accidents. Des caprices des Dieux du hockey.
De son côté, depuis son dernier titre en 2006, le HC Lugano navigue d’un d’entraîneur à l’autre, sans jamais parvenir à retrouver sa véritable identité. Il oscille ainsi entre discrète modestie et confiance effrontée. Un nouveau directeur sportif, Janick Steinmann, et un nouvel entraîneur, Tomas Mitell, tenteront de relancer le club la saison prochaine. Une simple qualification en play-offs sera déjà considérée comme un succès.
Enfin, Gottéron enflamme et fait vibrer, mais n’a plus atteint une finale depuis 2013. L’équipe, encore assemblée par Christian Dubé, a atteint cette saison son apogée en termes de performance, échouant de justesse en demi-finale face à Lausanne. Avec l’appui des Dieux du hockey, elle pourrait maintenir ce niveau encore une saison. Mais Gottéron reste Gottéron, c'est-à-dire une fabrique à rêves, dans laquelle les émotions prennent le dessus, si bien qu'au final, il manque toujours un peu de sérénité aux Fribourgeois.
Bref, il n’existe aucun vrai challenger, et tout porte à croire que les ZSC Lions domineront encore le championnat de Suisse la saison prochaine.