Le Ballon d'or 2023 est attribué à... roulement de tambour, suspense, suspense: Lionel Messi. Une surprise? Pas vraiment... Tout était déjà joué depuis longtemps, depuis la finale de la Coupe du monde à vrai dire.
Est-ce que l'Argentin mérite son huitième Ballon d'or? Nous sommes en droit de nous le demander. Son exercice 2022/2023 ne ressemble pas à celui d'un meilleur joueur au monde. Certes, Messi affiche de belles statistiques en Ligue 1 sous le maillot du PSG, mais nous parlons ici du championnat de France, que beaucoup décrivent comme une «farmers league». Et quoi qu'on en dise, ses 16 buts et 16 passes décisives restent loin de ce que nous attendions de lui.
Pour ce qui est de la Ligue des champions, Messi a inscrit 4 buts pour autant de passes décisives. Des données à relativiser, car 75% de ces chiffres ont été acquis face à la modeste équipe du... Maccabi Haïfa. En novembre contre la Juve, il n'y avait plus personne, et cela va bien au-delà des simples statistiques. Dans le jeu, l'homme était fantomatique. Idem contre le Bayern, en huitième de finale. Lionel Messi était invisible au match aller, bousculé au retour. Si cela ne remet pas en cause son immense talent, il va de soi qu'il a déçu lors des grands rendez-vous. Rappelons quand même que ce n'est pas pour scorer des buts en Ligue 1 qu'il a été recruté par le Paris Saint-Germain.
En Coupe de France aussi, le n°30 parisien ne s'est pas montré à la hauteur. En huitième de finale, les Marseillais l'ont harcelé, au point d'afficher des lacunes physiques. Ce jour-là, le PSG s'est fait éliminer.
Sur le plan extra-sportif, on ne peut pas dire non plus que Lionel Messi s'est bien comporté avec son club. L'aventure s'est mal terminée, son image a même été écornée à la suite de son escapade en Arabie saoudite. Un élément à ne surtout pas négliger, quand on sait que le désormais troisième critère d'attribution du Ballon d'or n'est autre que la classe du joueur.
La remise du trophée à Lionel Messi se justifie donc par ce mois de compétition au Qatar, fin 2022. Pourquoi pas, après tout, il est devenu champion du monde, a été désigné meilleur joueur du tournoi et élu «homme du match» à cinq reprises. «Léo» a également réalisé quelques actions de grande classe – il a surtout le mérite d'avoir su guider toute une équipe vers le titre. Mais soyons honnête, il n'a pas non plus illuminé ce Mondial, toutes ses parties n'ont pas été abouties. Et puis, 4 de ses 7 buts ont été inscrits sur penalty, sans compter que tout au long de la compétition, des voix se sont fait entendre pour dénoncer un arbitrage en faveur de l'Argentine.
Messi Ballon d'or 2023, avouons-le, c'est quand même une belle arnaque. Mais le pire dans tout ça, c'est que si la France avait remporté la Coupe du monde, Kylian Mbappé aurait probablement été élu. Le Ballon d'or se joue donc sur une simple séance de tirs au but, dans laquelle ni Messi ni Mbappé n'ont craqué. C'est ainsi que l'on comprend que ce titre honorifique est décerné sur des erreurs commises par des coéquipiers plutôt que sur les performances individuelles d'une saison, le critère pourtant n°1 depuis 2022.
On a beau retourner le problème dans tous les sens, en imaginant à l'inverse Haaland remporter la Coupe du monde après une saison en demi-teinte, et Messi enchaîner les buts en club puis soulever la Ligue des champions, rien n'y fait, on se dit que tout était fait pour qu'un huitième Ballon d'or soit remis à l'Argentin. Le choix est largement influencé par ce titre de champion du monde venu ponctuer son immense carrière, alors même que les nouveaux critères d'attribution demandent de ne pas prendre en considération le passif des joueurs. A quoi bon entamer des réformes...
Lionel Messi, Ballon d'or 2023, ce n'est pas comme si nous parlions d'un premier scandale. Le dernier date de 2021, quand Messi, justement, avait été récompensé au nez et à la barbe de Robert Lewandowski, pourtant auteur d'une saison remarquable.
Les années Ronaldo-Messi ont également empêché Iniesta ou Xavi de décrocher le trophée, et cela en dit long sur la manière dont est attribué le Ballon d'or. Ajoutez à cela d'autres injustices plus anciennes, des défenseurs ou des gardiens de but snobés, et vous obtenez une bien terne récompense, où les choix n'ont rien d'objectif et où les noms priment sur le reste.
Malgré la réforme engagée l'an passé, avec des critères clarifiés et la mise en avant des performances individuelles, le Ballon d'or reste une mascarade. Dommage, pour une distinction si prestigieuse, qui doit encore se trouver...