Savez-vous combien de matchs le FC Bâle a déjà disputés cette saison?
Michael Lang: Je pourrais faire le calcul, mais vous pouvez aussi me le dire (rires)!
50
Avec les matchs amicaux, non?
Non, avec eux, il y en aurait un peu plus. Ce ne sont que des matchs de compétition.
Wow, c'est de la folie! Mais ça explique peut-être un peu pourquoi ce n'est pas une saison si facile.
Vous avez passé 90 minutes sur le banc dimanche contre YB. Quel est votre niveau d'énergie?
Je me sens bien. Mais je sens aussi qu'on se rapproche de la fin de la saison. Dans notre cas, on ne peut pas répartir les forces, mais ça sera compensé autrement.
C'est-à-dire?
On parle beaucoup avec l'entraîneur. Bien sûr, personne ne dit lors d'un match contre YB qu'il veut rester remplaçant. Mais en dialoguant avec l'entraîneur, on se rend peut-être compte qu'il vaut mieux être au top de sa forme jeudi, quand tout se jouera à Nice. C'est comme ça qu'on peut jongler, aussi parce qu'on a encore huit chances de nous rattraper en championnat. Mais pour ça, on doit tout gagner.
Vous avez donc compris, en discutant avec Heiko Vogel, qu'il valait mieux vous ménager?
Oui. J'aurais pu dire que je voulais absolument jouer. Je l'aurais peut-être fait s'il y avait eu ensuite deux ou trois semaines de vacances. Mais le championnat continue, le programme ne sera pas plus facile. C'est pourquoi on a pris cette décision en vue des prochaines semaines.
Il évite ainsi que de mauvais sentiments puissent surgir. Avec lui, on est toujours au clair. La communication est très bonne.
De l'extérieur, on perçoit le signal suivant: la Conference League est prioritaire, ensuite vient le championnat. Est-ce que vous comprenez cette hiérarchie?
Je peux la comprendre, oui. Mais si on a pris cette décision tous ensemble, c'est parce qu'on a encore huit chances en championnat avant la fin. Contre Nice, par contre, on n'a plus qu'un seul match qui décidera de tout. Que l'on se concentre alors davantage sur ce match pendant deux semaines, oui, c'est normal. Nice l'a fait aussi. Eux, ils se battaient encore en Ligue 1 pour les places européennes, qu'ils ont définitivement ratées après la défaite contre Brest dimanche.
Et honnêtement, contre YB, même avec le onze titulaire, tu n'es pas sûr de sortir vainqueur. C'est pourquoi on voulait éviter d'attaquer au complet, de perdre et d'avoir finalement beaucoup de joueurs fatigués jeudi.
Pourquoi le FC Bâle, seulement 6e de Super League, n'a-t-il pas réussi à faire mieux en championnat?
Chaque équipe est spécialement motivée contre nous, les matchs au Parc Saint-Jacques sont des moments forts pour eux. C'est le lot du FC Bâle. Mais on doit savoir le gérer, mieux qu'on l'a fait cette saison.
On a souvent voulu rendre les choses trop belles au lieu d'avoir la bonne attitude pour le match. Et je parle du jeu spécialement, il ne s'agit pas d'un problème d'attitude générale.
Êtes-vous d'accord avec ce constat: l'équipe joue plus intelligemment depuis l'arrivée de Heiko Vogel sur le banc?Oui, c'est vrai. A part contre YB, on n'a pas encore perdu en championnat sous sa direction. Avec toute la charge de travail, toutes les pressions mentales qu'on a subies, les différentes épreuves à élimination directe qu'on a surmontées, ça demande déjà beaucoup d'énergie. On a renversé la situation contre Trabzonspor, maîtrisé une situation initiale défavorable contre Bratislava et on a dû faire face à l'élimination en Coupe. Tout ça permet aussi à une équipe de s'affermir. On l'a encore vu dimanche contre YB. C'est pourquoi il faut arrêter de toujours parler d'une équipe jeune et inexpérimentée!
Prêts pour demain ! 🔥#OGCNFCB #MirSinBasel #UECL pic.twitter.com/7xaOUwWAs4
— FC Bâle 1893 🇫🇷 (@FC_Basel_fr) April 19, 2023
Que voulez-vous dire?
Une saison comme celle-ci, au niveau professionnel, comme nous l'avons eue, ça rend chaque joueur incroyablement mature.
Trois en qualification, trois en groupe et encore trois en phase à élimination directe. Regardez qui peut se vanter de tout ça! C'est pourquoi il est important de dire à chaque joueur qu'il est tout sauf inexpérimenté. L'expérience qu'on a acquise cette saison, mais aussi la précédente, est extrêmement précieuse. Je tiens à féliciter l'équipe pour la manière dont elle a géré cette campagne de Conference League. Ça me rend confiant. Pour le match à Nice, mais aussi pour la saison prochaine en général.
50 matchs, des grosses épreuves mentales et une situation personnelle contractuelle qui n'était pas évidente: comment gérez-vous autant de pression?
Je le fais moi-même. Je n'ai jamais eu de coach mental, par exemple. Pour moi, la famille est importante, elle me soutient. Ma femme, qui me soutient et me change les idées.
Par exemple, si j'arrivais à Bâle le vendredi après le match de Nice et que personne ne m'attendait à la maison, je ne saurais pas si je resterais une heure de plus au stade, car je n'aurais de toute façon rien à faire. Ou si je regarderais encore un peu le football à la TV le soir. Dans ce genre de situation, tu ne peux jamais évacuer cette énorme pression.
Le fait d'avoir obtenu un nouveau contrat et d'être ainsi fixé sur votre avenir devrait également vous aider. Comment en est-on arrivé là, alors que les signes annonçaient plutôt votre départ?
C'est une décision que j'ai prise et que j'ai gardée en tête. J'aurais aussi pu vivre avec l'idée de poursuivre mon aventure ailleurs. Mais lorsque j'ai remarqué que le FC Bâle, et surtout Heiko Vogel, m'envoyait des signaux en faveur d'une nouvelle collaboration, je me suis sérieusement penché sur la question et j'ai beaucoup parlé avec Heiko. J'ai rapidement senti l'estime que l'on me portait et j'ai réalisé à quel point j'avais encore envie d'accomplir mes tâches ici, de passer deux années supplémentaires en rouge et bleu. Et que cette histoire ne devait pas se terminer pour moi de cette manière. Je suis donc très heureux qu'on soit tombé d'accord et qu'on ait mis ça sur papier.
Revenons au jeu: le FC Bâle est éliminé en Coupe et hors course pour le sacre en Super League. Mais il y a encore un titre à gagner cette année, celui de Conference League...
Si ça arrive, pffffiouuuu... Ça serait quelque chose d'unique. Je donnerais beaucoup, beaucoup pour ça. Ça serait certainement le moment fort de chaque Bâlois, même si Bâle a déjà connu de nombreux moments forts.
Comment le FC Bâle parviendra-t-il jeudi à préserver cette chance unique et à passer un tour supplémentaire?
On a tous besoin d'une soirée parfaite, d'une super performance, d'un adversaire qui n'est pas à son maximum et d'un peu de chance. Sur la base du match aller, on sait qu'avec une performance de haut niveau, ça pourrait suffire.
Mais ils ont la pression de jouer à domicile et de pouvoir être éliminés. Mais peut-être que ça les rendra plus forts.
Votre performance au match aller était-elle l'une des meilleures sous Vogel?
A part le résultat, oui. Même si le quart de finale de Coupe suisse à Saint-Gall était bon. Mais du point de vue de l'adversaire et de notre performance de jeu, oui. On a été courageux, convaincants et on a eu la bonne attitude. Si on réussit à nouveau, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Et si on passe ce tour, alors tout est possible. Si on n'y arrive pas, on pourra aussi regarder en arrière avec fierté et beaucoup de sentiments positifs sur une campagne déjà très réussie. Mais on fera tout pour que ce voyage se poursuive.
Adaptation en français: Yoann Graber