Zane Robertson (33 ans) ne courra pas de sitôt. Le marathonien néo-zélandais vient d'être suspendu huit ans. Son méfait? Un contrôle antidopage positif à l'érythropoïétine (EPO) et une tentative d'entraver le processus de contrôle.
Celui qui a pris la 36e place du marathon des JO de Tokyo en 2021 a essayé de justifier son contrôle antidopage positif avec une drôle d'histoire, racontée par le New Zealand herald: il aurait cherché une clinique pour se faire vacciner contre le Covid-19 au Kenya, où il réside et s'entraîne. Selon Robertson, au lieu de se faire vacciner, il aurait en fait été soigné contre le Covid-19 et c'est pendant ces soins que le personnel médical lui aurait administré, sans qu'il le sache, de l'EPO.
😷 L’info (insolite) du jour : le recordman d’Océanie du semi-marathon Zane Robertson (🇳🇿) suspendu 8 années pour dopage ! ❌ Son explication : il s’est fait injecter de l’EPO à son insu – alors qu’il souhaitait faire le vaccin contre la Covid-19 dans un laboratoire 🦠 pic.twitter.com/atvYfdyted
— RUN’IX (@RUN_IX) March 22, 2023
Ce n'est pas la première et ce ne sera certainement pas la dernière fois qu'un athlète avance une explication qui sort de l'ordinaire pour se dédouaner d'une affaire de dopage. Voici une sélection des justifications les plus étranges.
La jeune patineuse russe Kamila Valieva avait défrayé la chronique lors des JO de Pékin 2022. Sacrée lors du concours par équipe, Valieva, alors âgée de 15 ans et toute fraîche championne d'Europe, avait été au cœur d'un scandale de dopage: son contrôle antidopage positif de décembre 2021 a été révélé pendant les Jeux. De quoi fortement ébranler la jeune athlète – première patineuse à réussir des quadruples sauts aux JO – et lui faire complètement rater son programme libre en individuel, l'expédiant hors du podium. La substance illicite? La trimétazidine, un produit pour traiter notamment les angines de poitrine et des problèmes cardiaques.
Et justement, la Russe a expliqué son résultat positif au test antidopage par les médicaments de son grand-père pour le cœur. «ll y aurait eu une contamination avec un produit qu'il prenait», a déclaré Denis Oswald, membre du Comité international olympique (CIO), citant les avocats de la jeune sportive.
Le sprinteur suisse Alex Wilson a été suspendu provisoirement à l'été 2021 en raison d'un contrôle antidopage positif et n'a donc pas pu participer aux Jeux olympiques de Tokyo. La présence de trenbolone a été détectée chez l'athlète.
Il aurait consommé à deux reprises une grande quantité de viande de bœuf dans un restaurant de Las Vegas dans les 72 heures avant l'analyse d’urine. Comme la viande est injectée avec de la trenbolone aux Etats-Unis, une telle contamination peut se produire.
Shelby Houlihan détient les records américains du 1500 et du 5000 mètres. La jeune femme de 28 ans a été contrôlée positive au stéroïde anabolisant nandrolone en 2021 et privée de compétition pour quatre ans.
Elle a expliqué ce résultat par une consommation involontaire de viande infectée. Dans un food truck, on ne lui aurait pas servi du bœuf, comme commandé, mais de la viande de verrat non castré (porc reproducteur).
De la nandrolone a également été retrouvée dans l’urine de Dieter Baumann, champion olympique en 1992, lors de deux contrôles en 1999. Le coureur allemand a clamé son innocence. Le monde du sport a réagi avec incrédulité: Baumann dopé? Lui qui était si engagé dans la lutte contre le dopage? L'affaire s'est transformée en polar. La police et le ministère public sont entrés en jeu. Les dossiers contenant près de 2000 pages de la police judiciaire ont finalement été clos – pas de soupçons suffisants contre le sportif. On a estimé que «Baumann avait été victime d'un attentat extraordinairement sophistiqué», a déclaré le commissaire principal responsable, bien qu’il n’y ait jamais eu de suspect crédible.
Plus tard, la substance interdite a été retrouvée dans un dentifrice de Dieter Baumann. Puis un deuxième tube, trafiqué dans les règles de l'art. Le tricheur présumé a parlé d'un «acte criminel» et a offert une récompense de 100 000 marks pour l'arrestation du coupable. Juste avant les Jeux d'été de Sydney en 2000, il s'est battu en vain auprès du Tribunal international du sport (TAS) pour obtenir son droit de participation. Après l'expiration de sa suspension, réduite par la suite, il a encore remporté l'argent aux championnats d'Europe en 2002. Il a mis fin à sa carrière en 2003.
Le cycliste professionnel Tyler Hamilton a été contrôlé positif au dopage par sang étranger en 2004. L'Américain a tenté d’expliquer que ces cellules sanguines provenaient de son frère jumeau, mort avant sa naissance. Dans le corps d'Hamilton, ces cellules auraient produit du sang.
Dans son livre The secret race, le cycliste a ensuite avoué que ce n'était rien d'autre qu'un «mensonge particulièrement éhonté ».
Des traces de cocaïne ont été trouvées à plusieurs reprises en 2002 dans le corps du cycliste professionnel italien Gilberto Simoni. Sa première explication était une piqûre chez le dentiste. Plus tard, il a expliqué que c'était dû à des bonbons que sa mère lui avait envoyés d'Amérique du Sud. Ceux-ci auraient été emballés dans des feuilles de coca.
En 1998, le sprinteur Dennis Mitchell s'est vu attribuer un taux de testostérone trop élevé. Selon les explications de Mitchell, il avait bu cinq bouteilles de bière la nuit précédant le test et avait eu quatre rapports sexuels. «C'était l'anniversaire de madame, elle méritait quelque chose de spécial», a-t-il expliqué pour justifier son impressionnante performance.
La skieuse de fond norvégienne Therese Johaug a été contrôlée positive au stéroïde clostebol en 2016. Son explication? Elle aurait traité un coup de soleil sur sa lèvre à l'aide d'une crème. Le médecin de l'équipe, qui lui avait acheté la crème dans une pharmacie, a assumé la responsabilité. Johaug a néanmoins été suspendue et a manqué les Jeux olympiques d'hiver de 2018 à Pyeongchang.
En 2007, la vététiste allemande Ivonne Kraft a été testée positive au fénotérol, un médicament contre l'asthme. Kraft a affirmé que l'inhalateur de sa mère avait explosé alors qu'elle se trouvait à côté. Sous le choc, elle aurait eu un hoquet et inhalé du fénotérol par inadvertance.
L’an 2002 fut l’apogée du cycliste lituanien Raimondas Rumsas. Au Tour de France, il a fait sensation en se hissant à la troisième place du classement général. Mais le lendemain de la dernière étape, la femme de Raimondas, Edita, a été arrêtée – dans sa voiture. Les douaniers ont découvert de nombreux produits destinés à améliorer les performances. Sa femme a affirmé que les produits étaient destinés à sa mère gravement malade.
Les tests antidopage effectués pendant le Tour 2002 de Rumsas se sont révélés négatifs, ce qui a permis au Lituanien de conserver sa troisième place au classement général. Un an plus tard, il a toutefois été exclu du Giro d'Italia en raison de la présence d'érythropoïétine.
Le sprinteur Linford Christie doit vraiment aimer les avocats. En effet, quand il a été testé positif à la nandrolone en 1999, il s'est justifié par le fait qu'il «ne mangeait que des avocats». Mais pour atteindre cette quantité de nandrolone naturellement, il aurait dû en manger... une tonne.
La joueuse de tennis Sara Errani a été suspendue deux mois en 2017 après avoir été contrôlée positive au létrozole. Ce médicament est utilisé pour traiter le cancer du sein, mais sert également à dissimuler la prise de substances illégales.
Errani a expliqué qu'elle avait pris par erreur le médicament anticancéreux de sa mère. La sportive italienne a supposé qu'un des comprimés, conservés près du plan de travail de la cuisine, était tombé dans un repas qu'elle préparait.
Le footballeur professionnel péruvien Paolo Guerrero a été contrôlé positif à la cocaïne en 2017, mais il a affirmé: «Je n'ai consommé aucune forme de cocaïne.» Son excuse: «Au Pérou, j'ai bu un thé anisé parce que je souffrais d'une indigestion. En Argentine, j'ai bu un thé noir avec du citron et du miel car j'avais la grippe. Je n'accuse personne, mais la substance a pu se trouver dans une tasse ou une théière.»
En 2007, lors d'un contrôle antidopage effectué à Wimbledon, on a découvert une très faible quantité de cocaïne dans les urines de Martina Hingis. La Suissesse a affirmé que la cocaïne avait été mélangée à son jus d’orange.
En 1999, il a été prouvé que le cycliste allemand Christian Henn avait un taux de testostérone trop élevé. Il avait expliqué qu'un mélange d'herbes lui avait été recommandé par son beau-père. Le remède maison devait aider à la conception de son enfant et aurait déjà été efficace deux ans auparavant.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder et Yoann Graber