Dans le cadre du Nike Air Innovation Summit, l'équipementier a présenté sur un podium parisien sa collection pour les Jeux olympiques cet été. La tenue des sprinteuses américaines a créé la polémique. La raison? La zone intime très échancrée, qui rappelle davantage un maillot de bain de la série Alerte à Malibu qu'un vêtement fonctionnel de sport.
BREAKING: Here's your first look at the new @Nike kits that will be worn by the U.S. track and field team at the 2024 Olympics in Paris. pic.twitter.com/XPWOnBrwsv
— CITIUS MAG (@CitiusMag) April 11, 2024
Alors que la spécialiste des haies Queen Harrison Claye a constaté avec humour que la tenue présentée par Nike supposait une hygiène intime stricte, l'athlète américaine Lauren Fleshman a résumé le débat sur le fait de savoir si moins de tissu était plus avantageux ou non d'un point de vue sportif:
Mais, selon le Washington Post, la polémique s'est déjà un peu calmée, car la coupe est «un peu différente sur la photo avec le mannequin qu'en vrai», explique la sauteuse en longueur Tara Davis-Woodhall.
L'équipementier Nike a réagi à ces critiques en indiquant que les athlètes disposeront de plusieurs variantes et qu'ils pourront ainsi décider librement de ce qu'ils porteront. Une argumentation que Lauren Fleshman n'accepte pas:
Ce n'est de loin pas la première fois que des vêtements créent la polémique dans le sport. Souvent, ils concernent les femmes et posent problème à cause de critères esthétiques. Voici quelques exemples.👇
Les tenniswomen jouent généralement en jupe courte. Pas Serena Williams à Roland-Garros 2018, où elle s'est présentée dans une combinaison une pièce, appelée catsuit. Le président de la Fédération française de tennis de l'époque, Bernard Giudicelli, a vu dans cette tenue rien de moins qu'une attaque contre le tennis et a déclaré:
Il a voulu interdire le port de cette combinaison.
Serena Williams a expliqué qu'elle portait cette combinaison de compression pour des raisons de santé. Tout juste maman, l'Américaine voulait éviter les caillots de sang. Le projet de Giudicelli de bannir cet équipement n'a pas abouti. En 2019, le circuit féminin WTA a officiellement autorisé les combinaisons de compression.
A Wimbledon également, les joueuses de tennis ont pu obtenir un assouplissement du strict régime vestimentaire. Après 146 ans d'obligation de porter uniquement du blanc, les sous-vêtements foncés ont été autorisés. Et ce pour la simple raison que les sous-vêtements blancs sont peu pratiques pendant les menstruations. «Avoir ses règles pendant les matchs est déjà difficile, mais porter du blanc rend la chose encore plus compliquée», a souligné la joueuse britannique Alicia Barnett.
Alors que les femmes ont longtemps dû couvrir le plus possible leurs jambes en jouant au football et portaient donc de longues jupes sur leurs knickerbockers, leur tenue est aujourd'hui la même que celle des hommes.
L'ancien président de la Fifa, Sepp Blatter, a un jour souhaité que les footballeuses montrent davantage de peau et que le foot féminin gagne ainsi en popularité. En 2004, le Valaisan déclarait:
La tenue courte que portent habituellement les gymnastes artistiques n'est pas obligatoire. Officiellement, du moins. Mais les pantalons longs sont mal vus – chez les femmes, uniquement – dans ce sport où l'esthétique joue un rôle important. Naomi van Dijk, ancienne pro, témoigne à propos de cette règle non-écrite:
Lors des championnats d'Europe de 2021, les gymnastes allemandes ont osé rompre avec la tradition, en décidant de concourir en pantalons longs.
En 2012, à Londres, la boxe féminine est devenue olympique. Avant le tournoi, les responsables ont pensé à haute voix à faire concourir les athlètes en mini-jupes. Une pétition en ligne a alors été lancée pour s'opposer à ce projet: celui-ci a été abandonné après que la pétition a été signée 60'000 fois. La boxeuse professionnelle irlandaise Katie Taylor avait alors déclaré:
En 2004, la Fédération internationale de beach-volley a introduit la règle selon laquelle la largeur du bikini sur le côté ne devait pas dépasser sept centimètres. Cette prescription a été supprimée en 2012. Depuis, les joueuses de beach-volley sont libres de porter ce qu'elles veulent, mais la plupart des athlètes optent pour le bikini.
Mais en 2022, le code vestimentaire a de nouveau mis le feu aux poudres. Lors d'un tournoi à Doha, l'organisateur a exigé que les joueuses se couvrent. Les athlètes se sont opposées à cette volonté. Comme l'a expliqué la joueuse suisse Joana Mäder, il s'agissait en premier lieu pour elle et ses collègues de pouvoir décider librement du choix de leur tenue.
Alors que Sepp Blatter aurait aimé voir plus de peau, la patineuse artistique allemande Katarina Witt en a trop montré aux yeux des organisateurs des Jeux olympiques de Calgary en 1988. Suite à sa prestation en petit body bleu, un changement de règle est entré en vigueur. Les patineuses artistiques devaient désormais se couvrir entièrement le nombril, les hanches et les fesses. En 2004, cette règle a été supprimée.
Adaptation en français: Yoann Graber