Ce n'est que vendredi dernier que la candidature suisse a franchi le premier obstacle important sur la voie des Jeux olympiques, avec le oui unanime du Parlement du sport. L'année favorite était clairement 2030, afin d'utiliser au mieux notre savoir-faire en tant qu'organisateur de plusieurs championnats du monde dans les années à venir.
Mais le Comité international olympique (CIO) n'a visiblement pas confiance en la Suisse pour aller aussi vite, tout comme plusieurs voix critiques au sein même du pays. Seuls la France et les Etats-Unis sont désormais inclus dans le «dialogue ciblé». Si tout se passe normalement, les éditions de 2030 et 2034 seront attribuées à ces deux nations en juillet prochain. Pour rappel, Paris (2024) et Los Angeles (2028) organisent déjà les prochains Jeux d'été. La candidature de la Suède, elle, n'a pas été retenue.
Pour la Suisse, il reste comme lot de consolation un dialogue privilégié pour les Jeux d'hiver de 2038. Concrètement, cela signifie qu'aucune autre candidature ne sera acceptée pour l'organisation de ladite manifestation jusqu'à fin 2027. Karl Stoss, le président autrichien de la commission pour les futures candidatures, est toutefois clair:
Urs Lehmann, président de Swiss Ski et figure de proue de la candidature suisse, explique les points sur lesquels le CIO demande des améliorations. Premièrement, la commission trouve le concept décentralisé trop extrême. La Suisse mise sur le concept de «pays hôte» (plutôt qu'une ville) avec des sites répartis sur neuf cantons, sur des infrastructures déjà existantes. Le CIO ne souhaite cependant pas plus de quatre lieux et, en plus, veut de véritables villages olympiques, afin de ne pas perdre l'idée de vivre les JO ensemble.
L'atout des candidatures française et américaine a été souligné à plusieurs reprises lors de la conférence de presse: le soutien des plus hautes autorités, des présidents Macron et Biden en personne. Le tout accompagné de généreuses garanties financières de la part de l'Etat. Manifestement, le CIO émet encore des réserves quant au financement en grande partie privé de la candidature suisse. On souhaite ici aussi des garanties de l'Etat.
De même, la commission du CIO émet des réserves sur le soutien public aux Jeux d'hiver en Suisse. L'Autrichien Karl Stoss le dit clairement: «Le mieux serait d'organiser un référendum populaire. Cela permettrait de clarifier les choses pour toutes les parties concernées».
Urs Lehmann qualifie néanmoins la décision d'hier de «jour de joie pour le sport suisse. Depuis aujourd'hui, nous sommes plus proches des Jeux olympiques que jamais auparavant depuis 75 ans». Jusqu'à présent, la Suisse a organisé deux fois des JO d'hiver, en 1928 et en 1948 à Saint-Moritz (GR). Le président de Swiss Ski est confiant pour qu'une troisième édition voie le jour:
La décision du CIO permet à la Suisse de faire un grand pas en avant dans l'organisation de deux autres gros événements au cours des sept prochaines années. La Fédération internationale de ski (FIS) veut absolument organiser les premiers «FIS Games 2028» à Saint-Moritz, qui rassemblent plusieurs disciplines. Le seul concurrent est Lillehammer (Norvège).
Les fédérations de sports d'été peuvent également se réjouir. Swiss Olympic a clairement signalé qu'elle pouvait également envisager une candidature pour les Jeux européens en 2030. La dernière édition a eu lieu cet été à Cracovie et s'est révélée être un grand succès.
Ce sont surtout les représentants de l'athlétisme, du cyclisme, de la gymnastique artistique, de la natation et de l'aviron qui font pression pour une candidature suisse pour 2030. Des discussions positives ont déjà eu lieu avec les dirigeants des Jeux européens. Une étude de faisabilité est actuellement en cours.
Adaptation en français: Yoann Graber