A l'annonce de son décès, à l'âge de 41 ans, la presse n'a pas manqué de rappeler que Suleiman al-Obeid était surnommé le «Pelé palestinien», en référence à la légende du football brésilien. Un surnom révélateur: l’attaquant alliait élégance, vitesse et sens aigu du but.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’Obeid, véritable légende du football palestinien, était aussi appelé le «Thierry Henry palestinien», comme l’a confié un habitant de Gaza à l’agence Reuters. Là encore, en raison de son attitude balle au pied.
Né et formé à Gaza City, Suleiman al-Obeid a passé la majeure partie de sa carrière dans l’enclave gazaouie, au Gaza SC, mais aussi et surtout au Markaz Khadamat Al-Shatee, le club pour lequel il a joué durant de très nombreuses années.
Pas de carrière à l'étranger pour lui, mais un passage tout de même en West Bank Premier League, le championnat de Cisjordanie. Obeid défendait alors les couleurs du Markaz Shabab Al-Amari, la formation du camp de réfugiés d'Al-Amari.
Entre la ligue de Cisjordanie et celle de Gaza, on lui attribue plus de 100 buts en première division.
Suleiman al-Obeid a porté le maillot de la Palestine à 24 reprises, assurant parfois le capitanat. Il a fait ses débuts en sélection en 2007, lors d’un match face à l’Irak.
Farewell to Suleiman al-Obeid, the 'Palestinian Pelé'.
— UEFA (@UEFA) August 8, 2025
A talent who gave hope to countless children, even in the darkest of times. pic.twitter.com/wGSXCq2ceo
L'attaquant a pris part à de nombreuses campagnes internationales, participant à plusieurs Championnats d'Asie de l'Ouest, à l'AFC Challenge Cup ainsi qu'aux qualifications pour la Coupe du monde. Il pouvait se targuer d'avoir battu des nations comme le Bangladesh et l'Afghanistan ou d'avoir tenu en échec le Soudan.
Obeid a inscrit deux buts pour son pays au cours de sa carrière. Le premier, contre le Yémen en 2010, est encore dans toutes les mémoires en Palestine. Parfaitement servi sur un centre au second poteau, le Gazaoui s’était détendu de tout son long pour ajuster le gardien adverse d’une bicyclette d'anthologie.
Moins spectaculaire, sa seconde réalisation, l'année suivante, n'est pas non plus tombée dans l'oubli. Elle avait permis à la Palestine d’ouvrir le score contre l’Indonésie et de croire, le temps de quelques minutes, à une victoire si rare au niveau international.
Comme beaucoup de ses compatriotes, la vie de Suleiman al-Obeid a été profondément marquée par le conflit israélo-palestinien.
Le joueur a grandi dans la pauvreté, et plus tôt cette année, il a vu sa maison s’effondrer sous les bombes. Depuis cet événement, il vivait avec sa femme et ses cinq enfants sous une tente dans un quartier de Gaza, jusqu’à ce que la mort le frappe, emportant avec elle son rêve de devenir entraîneur.
Suleiman al-Obeid aurait été tué, selon l’Association palestinienne de football, alors qu’il se trouvait à une distribution d’aide alimentaire à Gaza, où la famine sévit. Sa famille assure qu’un obus de char est à l’origine de son décès. De son côté, Israël, par l’intermédiaire d’un porte-parole militaire, affirme ne pas avoir trouvé la moindre trace d’un incident impliquant le footballeur et a demandé davantage de détails afin de pouvoir enquêter.