Elle n'était pas très connue en Suisse. Il faut dire que son sport, le biathlon, n'est pas particulièrement populaire dans nos contrées. En Allemagne, en revanche, Laura Dahlmeier était une véritable superstar. Pour autant, elle faisait preuve d’une simplicité désarmante.
Mais ce qui frappait encore plus chez elle, c’était ce sourire lumineux, présent en toutes circonstances. Lorsque l'on cherche des images de Laura Dahlmeier sur Internet, on tombe presque systématiquement sur un visage rayonnant. Sur les pistes de biathlon, en pleine nature ou lors d’événements caritatifs: Dahlmeier souriait.
La double championne olympique dégageait une joie de vivre contagieuse, une sincérité enthousiasmante qu’elle a aussi montrée à l’été 2019, lorsqu’elle a annoncé sa retraite sportive. A seulement 25 ans, Dahlmeier tournait le dos au biathlon, forte d’un palmarès impressionnant: sept titres mondiaux, deux médailles d’or aux Jeux olympiques et de multiples victoires en Coupe du monde. Pour elle, c’était suffisant. Elle n’était plus «entièrement convaincue» de vouloir continuer à pratiquer le biathlon au plus haut niveau. La reine Laura tirait sa révérence.
Pour les fans comme pour les spécialistes, cette retraite avait provoqué une onde de choc. Pour elle, en revanche, il s'agissait d'une simple libération. «Le monde du biathlon est rigide. Je m’y sentais limitée», avait-elle confié plus tard dans un documentaire de la ZDF. «Ceux qui me connaissent savent que je me lasse vite. J’ai besoin de changement, encore et encore.»
Cette capacité à assumer pleinement ses choix faisait partie intégrante de sa personnalité. Là où d’autres sportives cherchent à prolonger leur carrière pour maximiser les gains et la visibilité, Dahlmeier avait choisi, elle, d’y mettre un terme tôt. Parce que cela ne la comblait plus. Parce que la joie n’y était plus. Parce qu’elle ne se sentait plus mise au défi. Elle s’était donc éloignée des projecteurs. Dans le monde du biathlon, elle n’apparaissait plus qu’en tant que consultante pour la ZDF.
Dans son quotidien, Laura Dahlmeier s’était tournée vers sa grande passion: la montagne. C’est là qu’elle se sentait libre, vivante, pleinement engagée. «Je suis une enfant des montagnes», écrivait-elle dans son livre Wenn ich was mach, mach ich’s gscheid, soit en français: Quand je fais quelque chose, je le fais bien. «Ce qu’il y a de plus beau à mes yeux, c’est d’être dehors, en montagne, entourée de gens que j’aime. Là, je suis totalement comblée. C’est ça, la vraie vie.»
Cette vraie vie, la sportive la partageait parfois avec ses fans. Sur son compte Instagram, on trouvait des clichés du Népal, d’Italie, d’Autriche, de Suisse, et bien sûr de sa Bavière natale. Sommet après sommet, elle ne cessait de grimper, toujours avec le sourire.
Mais il serait faux d’associer sa joie à de l’insouciance. Dahlmeier connaissait les dangers de la montagne. «Je sais que l’alpinisme comporte des risques. Il y a des dangers bien réels là-haut», expliquait-elle dans le documentaire mentionné précédemment.
Lors d’une sortie en montagne avec son père, elle avait chuté, une prise s’étant soudainement dérobée sous ses mains. «Je suis aujourd’hui beaucoup plus attentive aux roches instables. On comprend qu’on n’est pas immortel», confiait-elle, avant d’ajouter: «Quand on monte en altitude, il faut accepter qu’on ne redescendra peut-être pas».
Preuve de sa conscience du danger, son dernier vœu était qu’en cas d’accident, aucune cordée ne prenne le moindre risque pour rapatrier son corps. Une décision saluée par la légende de l’alpinisme Reinhold Messner.
Laura Dahlmeier n’a jamais voulu renoncer à sa passion. Elle voulait continuer à vivre, à se dépasser, à ressentir cette liberté qui l’animait. Elle est morte là où elle se sentait la plus vivante: en montagne. Elle demeurera à jamais au cœur des hauts sommets du Pakistan.