La question, pas idiote du tout, est venue d'une personne avec laquelle on regardait le marathon de Berlin dimanche: «Pourquoi certaines personnes courent-elles en se couvrant les bras?» On n'a pas répondu tout de suite, d'abord parce qu'on était tout entier concentré sur la performance stratosphérique de l'Ethiopienne Tigst Assefa, nouvelle détentrice du record du monde sur la distance (2h11'53''), ensuite parce qu'il faut bien avouer qu'on n'était pas trop sûr de l'explication à donner.
On a donc cherché pourquoi certains cadors du marathon portaient ce que l'on appelle des manchons de compression aux bras. Il s'agit de tissus synthétiques élastiques exerçant une pression sur les parties du corps qu'ils entourent. Objectif? Stimuler la circulation sanguine. «Il s'agit d'amener davantage d'oxygène dans les muscles pour optimiser le fonctionnement de ceux-ci et repousser la fatigue», nous explique Vincent Gremeaux, médecin du sport au Centre hospitalier universitaire vaudois (Chuv).
On comprend l'idée en basket ou en tennis, où les bras travaillent, mais quel est l'intérêt en course à pied?
Les marathoniens ne sont d'ailleurs pas les seuls coureurs à y avoir recours puisqu'on a déjà vu par le passé des spécialistes de vitesse, comme le Français Pascal Martinot-Lagarde, en revêtir.
«Honnêtement, je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle des coureurs portent ce genre de choses, nous a avoué lundi un ancien marathonien suisse que nous avons sollicité. Je n'en vois pas non plus l'utilité. Peut-être qu'il s'agit d'un coup marketing, histoire de vendre quelques manchons au grand public».
Selon certaines études, la compression aiderait à stabiliser les muscles du bras. Elle augmenterait également le flux sanguin, ce qui favoriserait la récupération après un exercice intense ou des blessures mineures. Les équipementiers, comme Nike, avancent ainsi un gain de deux centièmes pour les sprinters, mais France Info insiste sur le fait que «rien ne prouve que ces manchons ont une quelconque utilité». Le média cite d'ailleurs une étude publiée dans The International Journal of Sports Physiology and Performance révélant que ces vêtements de compression «permettent un gain de performance significatif auprès des athlètes qui croient déjà à leur utilité». En gros: il ne s'agirait que d'un accessoire aux effets placebos.
D'ailleurs, la fondeuse américaine Kate Grace avait avoué la supercherie auprès du magazine Running Times:
Moralité: si vous voulez prendre exemple sur Eliud Kipchoge et les autres stars du marathon en manches longues, commencez par muscler vos jambes. Pour les accessoires, vous verrez plus tard!