Markus Buck ne cache pas sa joie: «La pression est maintenant répartie sur plusieurs nageurs», constate le directeur de la performance à Swiss Swimming. C'est le principal enseignement à tirer des Championnats du monde de Fukuoka: la natation suisse vit un âge d'or.
«Il n'y a pas si longtemps, rappelle le technicien allemand, nos espoirs de médaille reposaient sur un seul homme (réd: Jérémy Desplanches). Maintenant, nous en avons quatre capables de briller. Quand l'un est en retrait, un autre s'illustre.»
Cet autre, à Fukuoka, c'était Roman Mityukov. Le Genevois de 22 ans a terminé troisième du 200 m dos après une course parfaitement maîtrisée. Sa médaille est la septième pour la Suisse dans des Mondiaux en grand bassin. Elle change évidemment tout le bilan.
«Ce résultat me fait énormément plaisir, relève Markus Buchs, car Roman avait terminé trois fois quatrième aux Championnats d'Europe 2022. Depuis notre arrivée au Japon, il était extrêmement concentré sur son affaire.»
Roman Mityukov a paru en mission durant toute la compétition. Le Genevois a contribué aux quatre records de Suisse établis durant ces Mondiaux: deux sur 200 m dos, un sur 100 m dos et le dernier en compagnie de Jérémy Desplanches, Noè Ponti et Antonio Djakovic sur 4x100 m 4 nages dimanche.
Bien sûr, Markus Buck n'oublie pas les échecs. «Noè Ponti a terminé septième du 100 m papillon, ce qui n'a évidemment rien de catastrophique. Il a confirmé qu'il faisait partie des meilleurs du monde dans une discipline où la concurrence est énorme et les marges infimes. Mais nous espérions forcément mieux», convient l'Allemand.
«Il n'a pas livré la marchandise sur 50 et 200 m papillon», avoue le technicien. Médaillé de bronze du 100 m papillon aux Jeux de Tokyo, Ponti a été éliminé à chaque fois dès les demi-finales. «En revanche, il a su parfaitement réagir, relève Buck. Il était à nouveau proche de son meilleur niveau sur 100 m papillon. C'est extrêmement positif pour lui, notamment dans l'optique des JO 2024.»
Les JO de Paris sont déjà dans tous les esprits. Notamment dans celui de Jérémy Desplanches, qui espérait revivre le bonheur d'une finale avant de connaître dans quelques jours celui du mariage avec sa compagne Charlotte Bonnet. Mais alors qu'il vient de démarrer un cycle d'entraînement avec Paris 2024 comme unique objectif, le Genevois a échoué dès les demi-finales.
Jérémy Desplanches (29 ans le 7 août) n'a pas non plus atteint la limite qualificative pour les JO: il lui a manqué six centièmes. Mais ce n'est certainement que partie remise pour le Genevois, qui accompagnera à n'en pas douter Roman Mityukov, Noè Ponti et Antonio Djakovic (sixième du 400 m libre) à Paris. «Nous avons déjà trois qualifiés à un an des Jeux. C'est du jamais vu», se félicite Markus Buck, qui espère également aligner deux relais masculins (4x200 m libre et 4x100 m 4 nages) aux JO, où la Suisse montrera les biscotos.
Markus Buck n'a qu'un seul regret: «Malheureusement, nous n'avons toujours qu'une seule femme dans l'élite mondiale.» Lisa Mamié est actuellement la seule nageuse suisse à ce niveau. Buck n'a pas envie de s'attarder sur le sujet, mais nul doute qu'il est régulièrement évoqué en interne...