Diogo Costa partage une particularité avec seulement trois autres footballeurs présents à la Coupe du monde au Qatar: celle d'être né en Suisse, mais de porter le maillot d'une autre sélection. Le gardien du Portugal, qui a disputé tous les trois matchs de poule, est né à Rothrist, en Argovie, le 19 septembre 1999. Concernant les trois autres: le Néerlandais Luuk de Jong a vu le jour à Aigle (VD), le Sénégalais Seny Dieng à Zurich et le Serbe Milos Veljkovic à Bâle.
Mais voilà, Diogo Costa ne deviendra jamais le premier Portugais d'origine à porter le maillot de la Nati, une certaine anomalie soit dit en passant pour l'une des plus grandes communautés étrangères en Suisse (268 000 personnes en 2018). Non pas parce qu'il a choisi le pays de ses ancêtres – comme ça avait par exemple été le cas d'Ivan Rakitic avec la Croatie – mais parce que ses parents, deux immigrés venus travailler sous nos latitudes, ont décidé de rentrer au pays alors que le jeune Diogo n'avait que sept ans.
Autrement dit, même pas le temps de rejoindre le centre de formation du FC Aarau voisin, par exemple. D'ailleurs, Diogo Costa n'a jamais enfilé de gants en Suisse. C'est seulement au Portugal qu'il a commencé à jouer dans un club, près de Braga, dans le nord-ouest du pays.
Et là-bas, il ne va pas perdre de temps, c'est le moins qu'on puisse dire. A neuf ans, ses talents sont déjà repérés par le CB da Póvoa Lanhoso, un club local, qui l'engage. Mais ce n'est qu'une étape. La suivante l'emmène bien plus haut: au FC Porto. Il rejoint les juniors de ce véritable mastodonte du football portugais en 2011, à onze ans. Et ça tombe très bien: en plus d'être un excellent club, c'est aussi celui pour lequel bat le cœur du natif de Rothrist.
A Porto, Diogo Costa joue dans toutes les classes d'âge, jusqu'à rejoindre l'équipe première en 2019. Sur les rives du Douro, il côtoie dès ses seize ans un certain Iker Casillas, dont il profite des conseils – en ayant la chance de s'entraîner avec la première équipe – et de qui il reçoit des éloges. «Je pense qu'il sera un grand gardien», avait alors encensé l'ex-légendaire portier du Real Madrid.
Après deux saisons sur le banc des Dragons, Diogo Costa devient titulaire au début de l'exercice 2021-2022, à la fin duquel il est sacré champion national. Cette saison-là, il est élu cinq fois gardien portugais du mois. Ses prestations lui ouvrent les portes de l'équipe nationale en mars dernier, au moment de disputer les barrages pour ce Mondial. Le sélectionneur Fernando Santos choisit d'aligner l'Argovien de naissance face à la Turquie puis la Macédoine du Nord, et avec raison puisque les Lusitaniens se sont qualifiés. De son côté, le principal intéressé n'imaginait pas une promotion si rapide:
Depuis, Diogo Costa est le numéro 1 dans la cage lusitanienne. Il a joué les trois matchs de poule, et c'est lui qui tentera aussi d'empêcher des buts suisses mardi soir. Affronter son pays natal sera une première pour lui: il n'a pas été aligné lors des deux duels de Ligue des nations ce printemps.
Celui qui a réussi à détrôner le légendaire gardien de la Seleçao Rui Patricio (AS Rome) – titulaire depuis 2011, 105 sélections et un titre de champion d'Europe en 2016, excusez du peu! – a forcément plusieurs grandes qualités, comme l'explique l'un de ses anciens coachs en juniors:
Plusieurs clubs de Premier League seraient intéressés par Diogo Costa, comme Chelsea. Mais les Blues devront casser leur tirelire s'ils veulent enrôler le jeune gardien, sous contrat avec Porto jusqu'au 30 juin 2027: sa clause de départ serait fixée à 74 millions de francs, selon Blick, qui reprend des médias portugais.
On espère en tout cas que la valeur marchande de Diogo Costa n'enflera pas durant cette Coupe du monde, parce que ça voudrait dire que la Nati a échoué face au Portugal en huitième de finale.