Les ambitions des hockeyeuses des ZSC Lions sont grandes. Cette année, les Zurichoises veulent défendre leur titre en PostFinance Women's League, l'élite du hockey sur glace féminin suisse. Elles sont sur la bonne voie, après avoir terminé la saison régulière à la deuxième place, quatre points derrière le CP Berne. Un bon classement auquel a largement contribué la top scoreuse des Lionnes, Sinja Leemann, avec 22 buts et 26 assists.
L'attaquante originaire de Rapperswil (SG), 22 ans, ne s'attendait pas forcément, avant le début de l'exercice, à ce que les choses se passent aussi bien au niveau individuel. Malgré son jeune âge, Sinja Leemann dispute déjà sa troisième saison en première division avec les ZSC Lions. Elle fait partie des piliers de cette équipe qui, avec 23 ans de moyenne d'âge, est bien plus jeune que son homologue masculine (27 ans).
Le chemin de la Saint-Galloise jusqu'au sommet est passé, comme pour de nombreuses hockeyeuses, par une équipe junior masculine. La raison? Dans la plupart des cas, ces formations de garçons sont davantage orientées vers la performance et disposent d'un meilleur cadre que les filles au même âge.
Etre la plupart du temps la seule fille sur la glace n'a pas toujours été facile, témoigne Sinja Leemann. Malgré tout, elle a pu profiter des structures et de ses coéquipiers:
Les femmes n'ont pas le droit d'utiliser les checks (mises en échec), qui font, au contraire, partie intégrante du hockey sur glace masculin. La top scoreuse des ZSC Lions voit dans cette réglementation à la fois des avantages et des inconvénients:
On passe à la suite de ce portrait dans quelques instants, mais avant cela, une courte interruption publicitaire:
Revenons au parcours de Sinja Leemann...
Sinja Leemann a fait ses premiers pas sur la glace en tant que patineuse artistique. Elle a suivi des entraînements pendant un an, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que, si cette surface glissante lui convenait, elle se sentait plus à l'aise dans un sport d'équipe comme le hockey. «En ce qui concerne la technique de patinage, le patinage artistique m'a donné de bonnes bases et c'est probablement aussi la raison pour laquelle le patinage est, encore aujourd'hui, l'un de mes points forts», analyse l'attaquante zurichoise.
Même si Sinja Leeman fait partie des meilleures hockeyeuses de Suisse, elle ne peut pas vivre de sa passion. Après l'école, la Saint-Galloise a fait un apprentissage de commerce chez les Rapperswil-Jona Lakers. Travailler dans le club où elle jouait à l'époque s'est avéré être un coup de chance: «Je pouvais m'absenter quand c'était nécessaire pour le hockey», rembobine-t-elle. Après avoir obtenu une maturité professionnelle d'un an, elle travaille aujourd'hui à nouveau pour le club saint-gallois. D'autres employeurs font preuve de moins de compréhension pour la double charge de travail des joueuses.
Leemann s'entraîne quatre jours par semaine avec les ZSC Lions et deux matchs sont programmés chaque week-end. Avec un job à côté à 100%, ce rythme peut parfois être pesant. «C'est bien sûr fatigant, mais c'est ma passion et je m'y suis habituée», philosophe la PostFinance Top Scorer zurichoise, qui reconnaît quand même que «quand on tombe dans une crise sportive, cela peut devenir lourd».
Le hockey féminin en Suisse en est encore à ses balbutiements, mais selon Sinja Leemann, beaucoup de choses ont déjà été faites:
L'attaquante des ZSC Lions et de la Nati juge positif le fait que les équipes féminines soient de plus en plus souvent affiliées, dans un même club, avec les équipes masculines.
L'EV Zoug est un bon exemple. Au sein du club de Suisse centrale, les joueuses sont employées à 40%, ce qui leur permet de consacrer davantage de temps au sport. L'équipe peut ainsi également profiter de meilleurs horaires d'entraînement.
L'approche de Zoug, qui a réussi à convaincre certaines des meilleures joueuses suisses de participer au projet, semble porter ses fruits: actuellement, l'équipe nouvellement créée écrase la deuxième division avec un goal-average fou de 317 buts marqués contre 7 encaissés. Autrement dit: les Lionnes zurichoises risquent bien de batailler contre les Zougoises dans l'élite la saison prochaine. Et Sinja Leemann s'en réjouit:
La Saint-Galloise de 22 ans a encore quelques objectifs à atteindre dans sa jeune carrière:
Elle est également ouverte à un départ à l'étranger. «Pour l'instant, les ZSC Lions me conviennent, mais qui sait», sourit la jeune femme. «La ligue suédoise serait passionnante, ou bien sûr aussi la National Women's Hockey League aux Etats-Unis». Dans ce championnat, équivalent à la NHL chez les hommes, les hockeyeuses peuvent vivre de leur sport. «Mais seules les meilleures des meilleures parviennent à y jouer», rappelle Sinja Leemann. Quand on a la passion comme elle, tout devient possible.