L’information a fuité jeudi dans la presse belge: les équipes Lotto et Intermarché-Wanty ont signé un accord préliminaire en vue d'une fusion à partir de la saison 2026. Cette nouvelle a été confirmée par le service presse de la formation Lotto et communiquée aux collaborateurs des deux équipes.
Il se pourrait désormais que l’union soit entérinée et officialisée lors de la deuxième journée de repos du Tour de France, ce lundi à Montpellier, après qu’une réunion organisée vendredi à Bruxelles a réuni les deux entités.
L'annonce de cette fusion a bien sûr largement surpris, tant en Belgique que dans les Pyrénées, où se trouvait le peloton du Tour ces derniers jours. Cependant, celle-ci s’inscrit dans une logique évidente.
Présente dans le peloton professionnel depuis 2012, Lotto est une équipe emblématique, car son sponsor, la loterie nationale belge, est engagé dans le cyclisme depuis 40 ans. Des coureurs tels que Frank Vandenbroucke, Philippe Gilbert, Greg Van Avermaet ou encore Cadel Evans ont successivement porté les couleurs des différentes formations Lotto.
Problème: le collectif belge a perdu de sa superbe ces dernières années, allant jusqu’à être relégué au deuxième échelon mondial. Bien qu’elle soit en passe de réintégrer le World Tour en 2026, l'équipe Lotto n’a toujours pas retrouvé de co-sponsor depuis le retrait de Dstny fin 2024. Avec un budget estimé à environ 15 millions d’euros, la formation belge aura toutes les peines du monde à rivaliser au plus haut niveau.
De son côté, Intermarché-Wanty présente une histoire plus modeste. Créée en 2008 à partir d’un club, l’équipe dirigée par Jean-François Bourlart a intégré le World Tour en 2021. Elle dispose toutefois du plus petit budget de la division, comparable à celui de Lotto. Intermarché-Wanty lutte actuellement pour sa survie dans l’élite du cyclisme mondial et ne semble pas avoir les moyens nécessaires pour conserver son coureur vedette: un certain Biniam Girmay, convoité par XDS-Astana et UAE Team Emirates.
Une telle fusion pourrait ainsi permettre à la nouvelle entité de jouer les premiers rôles, ou du moins de se rapprocher des superteams comme UAE Team Emirates, Visma-Lease a Bike ou Lidl-Trek. Il s’agit aussi de ne plus lutter pour le maintien en World Tour et de ne plus se faire «piller» par les mastodontes du peloton, selon l’expression employée par Stéphane Heulot, patron de l’équipe Lotto. En outre, Jean-François Bourlart a évoqué, dans des propos rapportés par Le Soir, un projet cohérent, soulignant que les deux équipes partageaient «une même vision».
Si cette union venait à se concrétiser, elle laisserait à n’en pas douter de nombreux coureurs sur le carreau, faute de places dans l’effectif commun. Aucun coureur suisse ne fait actuellement partie de ces deux formations et ne risque donc de perdre son contrat.
A ce jour, de nombreux éléments restent encore à éclaircir, comme le nom de la future structure qui, selon le Het Nieuwsblad, pourrait s’intituler «Lotto-Intermarché». Il en va de même pour l’identité de la personne qui la dirigera. Mais l’incertitude ne se limite pas à ces deux équipes.
La question de la licence World Tour se pose, puisque Lotto et Intermarché-Wanty semblaient toutes les deux en mesure d’obtenir le précieux sésame pour le cycle 2026-2028. Or en cas de fusion, un ticket sera libéré. Sera-t-il automatiquement attribué à la 19e équipe du classement UCI, soit la première non qualifiée à l’issue de la période 2023-2025? Dans cette situation, Tudor, actuellement 23e, ne pourrait pas en profiter, l’équipe de Fabian Cancellara étant largement distancée par des formations mieux classées, telles que Cofidis ou Uno-X.
Mais il se pourrait aussi que cette licence disponible soit rachetée, comme Intermarché-Wanty avait justement acquis la sienne il y a quelques années, suite à la disparition de l’équipe CCC. Dans ce cas, Tudor disposerait probablement des ressources financières nécessaires pour l’acquérir et ainsi faire ses grands débuts en World Tour.