Mathias Flückiger portait un masque de protection lors de la conférence de presse mercredi, au lancement des Jeux Olympiques. Des souvenirs de la période la plus sombre de l'histoire du sport moderne refont surface.
Rien, ces dernières années, n'a autant ébranlé la planète olympique que la pandémie. Les Jeux d'été de 2020 à Tokyo avaient dû être reportés d'un an. Les compétitions des JO d'hiver 2022 à Pékin s’étaient pratiquement déroulées à huis clos. Le souvenir marquant de cette période: le port du masque en tout temps. C’est le symbole d’un temps qu’on aurait envie d’oublier.
Et voilà qu'un athlète olympique, candidat à une médaille en VTT, nous rappelle que le passé n’attend que de ressurgir. Le virus sera-t-il de retour à Paris? L'explication officielle du chef de la délégation Ralph Stöckli semble rassurante:
Flückiger porte un masque de protection, mais son rival Nino Schurter, lui, n'en a pas voulu. Chacun fait comme il l'entend.
Malheureusement, le virus a déjà touché certains participants aux JO: l'équipe féminine australienne de water-polo en a été victime à la veille du début des jeux. Toute la délégation a été testée et le Comité olympique australien a confirmé cinq cas.
Ralph Stöckli reconnaît que le Covid est un sujet de préoccupation à Paris. Le monde olympique a en effet beaucoup subi à cause de la pandémie. Cela se voit dans la vie quotidienne du village olympique: «Avant la pandémie, les masques et les désinfectants étaient rares, ou il fallait les chercher, et ils n'étaient utilisés pratiquement que par les délégations asiatiques. Maintenant, on en trouve partout». Dire qu’autrefois on prenait garde à ce que ce soient les moyens de contraception usuels qui soient disponibles partout dans les villages olympiques… Maintenant, ce sont les masques et les désinfectants. Le monde a vraiment changé.
Ralph Stöckli a connu le «bon vieux temps olympique» en première ligne. En tant qu'athlète (médaillé de bronze en curling à Vancouver en 2010) et depuis Rio 2016 en tant que «chef de mission», il dirige la délégation suisse aux Jeux d'été et d'hiver. «A l'époque, si un athlète se sentait mal, on attribuait les symptômes aux conditions particulières sur place, à la nourriture ou à la climatisation». Personne ne pensait à la menace d'un virus capable de mettre fin à des carrières, de menacer la vie et de paralyser toute la sphère publique. Personne ne pouvait imaginer une chose pareille.
Il en résulte une sensibilité nouvelle. Les ombres de la pandémie n'ont pas disparu. Même si le sujet n'est peut-être plus aussi présent dans les esprits, il s'est profondément inscrit dans l'ADN du monde sportif. La pandémie a laissé derrière elle une sorte de peur, ou du moins un malaise latent, palpable à Paris.
L'obligation de porter un masque pourrait-elle redevenir un sujet de discussion? Ralph Stöckli répond par la négative. Il n'y a pas de prescriptions en ce sens à Paris. Ni de la part de l'organisateur, ni de la sienne. «Nous recommandons à nos athlètes de prendre des mesures d'hygiène. Il s'agit notamment de se protéger avec un masque lorsqu'il y a beaucoup de monde dans un espace restreint, comme par exemple lors des rendez-vous médiatiques». L'équipe a reçu une feuille d'information sur le sujet. «Mais il n'y a pas d'obligation de porter un masque. Pas non plus dans le village olympique».
Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich.