Comment le short-track, le curling et le skeleton recrutent des adeptes
«Je veux faire du short-track!» Tel un coup de foudre, des sportifs ont décidé de sauter le pas et de s'initier à un sport moins évident que d'autres, mais aussi moins médiatisé et peut-être considéré comme peu sexy. Comment font les principaux intéressés pour sortir leur discipline d'un certain anonymat et recruter des passionnés? Quatre questions pour mieux comprendre.
Petit, vous ne rêviez pas de pratiquer ce sport?
«Alors ça non. Mon sport de prédilection, c'était le hockey que je pratiquais depuis l'âge de neuf ans. Je suis tombé sur le short-track à la TV et j'ai commencé bien plus tard, à 42 ans», explique le vaudois Patrick Schweizer, adepte du patinage de vitesse sur piste depuis cinq ans. Le médaillé d'or en 2020 aux Winter Masters Games (compétition réservée au plus de 30 ans) s'est accroché à cette discipline par amour de la vitesse, mais pas seulement.
Le hasard est régulièrement évoqué par les sportifs «Ça t'intéresse de faire du curling?» demande un ami à Jacques Dussez, skip et désormais président du Curling club de Champéry.
Mais alors que Jacques Dussez pratique le curling au niveau amateur, des athlètes de haut rang ont été en quelque sorte «choisis» par leur discipline. C'est le cas de Ronald Auderset, champion suisse de skeleton, dont le professeur de sport au gymnase (à l'époque membre de la Fédération suisse de skeleton) l'encourage à se lancer dans la discipline.
Mais suffit-il d'avoir les qualités athlétiques pour être bon et surtout pour aimer ces sports de niche ? Ronald Auderset insiste sur les exigences physiques de sa discipline, mais note qu'il y a un intérêt plus que marqué pour la vitesse et les sensations fortes qu'elle procure.
Comment rester motivé sans idole populaire?
Cette question fait sourire Jacques Dussez. «Et Peter de Cruz, c'est pas un champion lui?» Il est vrai que le Genevois (32 ans), médaillé de bronze aux JO de PyeongChang en 2018, est un exemple pour beaucoup, mais pour attirer les nouvelles recrues, il faut miser sur la jeune génération.
Le curling, que Jacques Dussez considère comme un sport populaire, est effectivement bien loin du manque de visibilité du short-track de Patrick Schweizer.
Et d'ajouter que la visite de la championne olympique italienne Arianna Fontana à Leysin, il y a quelques années de cela, a fait son petit effet auprès des jeunes.
Que dites-vous pour attirer la relève?
«D'abord, on parle de la vitesse et des sensations qu'elle procure. C'est un sport qui va vite, on doit pencher dans les virages, il n'y a pas de place pour l'erreur, explique Patrick Schweizer. Ensuite, Il faut dire que le short-track peut se pratiquer par équipe, en relais, et que nous concourrons contre des adversaires. Les disqualifications sont fréquentes et les rebondissements aussi.» Mais ça reste avant tout un sport individuel. «Quand on est adolescent, on veut peut-être rester en groupe et ne pas lâcher les copains.»
Pour le skeleton, le Fribourgeois Ronald Auderset nous explique que l'âge idéal pour débuter se situe entre 14 et 18 ans et que la sélection des jeunes athlètes se fait principalement sur des prérequis physiques importants.
Les JO de Pékin vont-ils rendre la discipline populaire en Suisse?
«Pour le curling, il y a toujours un petit effet JO, se plaît à dire Jacques Dussez. On gagne quelques membres, des gens qui viennent nous dire qu'ils ont vu une rencontre à la TV et veulent essayer. Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, ce sont les jeunes de 12 à 15 ans», confirme le président du curling club Champéry.
En ce qui concerne le skeleton, le champion suisse 2018 explique que le zoom des Jeux ne se ressent pas en Suisse où le sport n'est pas populaire. Contrairement à l'Angleterre, l'Allemagne ou la Lettonie où les adeptes sont nombreux.
C'est surtout du côté du short-track que les attentes sont plus grandes:
