Les cyclistes du Tour de France ont eu la mauvaise surprise de découvrir des clous plantés dans leurs pneus, dimanche lors de la deuxième étape au Pays basque espagnol. Juste de l'autre côté de la frontière, c'est une épine que s'est plantée le Biarritz Olympique, club de rugby, dans le pied cette fois.
Et même une grosse. 185 cm pour 122 kg. Son nom? Mohamed Haouas. C'est peu dire que les supporters biarrots ne dérouleront pas le tapis rouge pour leur nouveau joueur. Ceux-ci ne veulent tout simplement pas qu'il porte le maillot de leur équipe de cœur.
En cause: le passé (récent) judiciaire de l'international français aux 16 sélections. Vendredi, Mohamed Haouas a été condamné à 18 mois de prison (dont neuf fermes) pour violences aggravées lors d'une bagarre dans une boulangerie en 2014. Mais c'est surtout son autre condamnation, le 30 mai dernier, qui fait monter les fans aux barricades: le rugbyman a écopé de 12 mois ferme derrière les barreaux après avoir frappé sa femme devant un centre commercial de Montpellier où elle travaille, en mai. Des faits que Mohamed Haouas a reconnus.
Il était apparemment fou de rage de voir son épouse fumer une cigarette.
Pour l'instant, le rugbyman ne doit sa liberté qu'aux décisions de son avocat de faire appel, dans les deux affaires. Mais l'athlète de 29 ans a déjà pu ressentir certaines conséquences désagréables de ses actes. Sur le départ ce printemps à Montpellier, il s'était engagé mi-mai pour la saison prochaine avec Clermont, autre formation du Top 14, la première division française. Mais dès l'annonce de sa condamnation pour violences conjugales, le club auvergnat a résilié son contrat.
Mohamed Haouas a aussi été mis de côté par l'équipe de France jusqu'à nouvel avis. Conséquence à court terme: il ne disputera pas la Coupe du monde 2023, qui aura lieu dans l'Hexagone (8 septembre au 28 octobre).
A Biarritz, le propriétaire du club (deuxième division), Louis-Vincent Gave, a justifié l'engagement de Haouas dans une lettre ouverte avec ces mots:
Le boss y précise aussi que son staff et lui ont «parlé à l'épouse de Mohamed Haouas, qui nous a dit: "merci du fond du coeur de nous donner une chance de pouvoir prendre un nouveau départ"»
Ces explications ne suffisent pas à calmer la colère des supporters. Eux aussi invoquent des valeurs pour argumenter leur refus d'accueillir ce joueur, comme par exemple l'association «Miarritzeko Mutilak», dans son communiqué publié lundi:
Ce groupe de supporters annonce aussi qu'«aucun drapeau, tambour ou autre ne sera présent à Aguiléra (réd: le stade de Biarritz) tant que ce joueur fera partie de l'effectif.»
La chanteuse basque Anne Etchegoyen a, elle aussi, élevé la voix contre la venue à Biarritz de Mohamed Haouas. Comme de nombreux fans, elle a fait part de sa consternation sur Twitter au moment de l'annonce de l'engagement du pilier violent. «En tant que maman, d’un fils qui joue au rugby, en tant que féministe, ça m’a beaucoup remué», s'émeut-elle auprès de RMC Sport.
Cette vague de contestation au pays du surf poussera-t-elle les dirigeants du Biarritz Olympique à revenir en arrière? De son côté, Mohamed Haouas risque bien de voir sa mauvaise réputation lui coller encore longtemps aux basques...