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Tournoi des VI Nations: l'Italie mérite vraiment sa place

L'Italie a prouvé qu'elle avait sa place dans le Tournoi des VI Nations
L'ailier Monty Ioane, après avoir inscrit ce week-end un nouvel essai international.Image: keystone

L'Italie a prouvé qu'elle méritait sa place

Le XV d'Italie, souvent raillé pour ses mauvais résultats, vient de réussir le meilleur Tournoi des VI nations de son histoire. Les interrogations portant sur la légitimité sportive des Transalpins n'ont plus lieu d'être.
18.03.2024, 16:5827.03.2024, 19:16
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La Géorgie en lieu et place de l'Italie au Tournoi des VI nations? La question, sensible, est souvent revenue dans les discussions ces dernières années.

Rien d'illogique, tant les Transalpins n'ont pas existé dans la compétition annuelle de 2016 à 2021. Six éditions sans la moindre victoire et certaines défaites concédées sur des scores fleuves: le rugby italien ne stagnait pas, il régressait indéniablement - enchaînant les cuillères de bois. La période d'apprentissage, offerte au début de ce siècle, lorsque le Tournoi a intégré la Squadra Azzurra, semblait réduite à néant. Et les années prometteuses, par exemple celles de 2007 et 2013, paraissaient soudain très loin.

A mesure que les performances frustraient les tifosi et que le Stadio Olimpico se vidait de ses spectateurs, certains pensaient que l'Italie avait fait son temps aux côtés des nations fortes que sont l'Angleterre, l'Irlande, la France, l'Ecosse et le Pays de Galles. On est obligé aujourd'hui de reconnaître qu'ils se trompaient, que nous nous trompions tous.

Les Transalpins retrouvent peu à peu de l'allant sur les terrains de rugby. Il y a d'abord eu cette victoire d'un point au Millennium Stadium en 2022, mettant fin à une incroyable série de 36 défaites consécutives, tous matchs confondus. Puis un triomphe de prestige quelques mois plus tard, contre l'Australie lors de la Tournée d'automne.

Il est vrai que la cuvée 2023 du Tournoi n'a pas été couronnée de succès. Le XV d'Italie est néanmoins parvenu à envoyer du jeu, à inquiéter ses adversaires, si bien qu'il abordait la Coupe du monde dans la peau d'un outsider, visant une éventuelle qualification en quart de finale.

Mais alors que l'espoir était en train de renaître, les Transalpins ont été balayés par la France (60-7) et la Nouvelle-Zélande (96-17) en phase de groupes du Mondial. Deux résultats forcément décevants, qui n'étaient toutefois que de simples faux pas. Aucunement un énième plongeon au fond du trou.

Un changement de sélectionneur plus tard, les Italiens sont parvenus à réciter leur rugby. Sous la houlette de l'Argentin Gonzalo Quesada, ils ont réalisé cette année le meilleur Tournoi des VI nations de leur histoire, en battant avec sérieux l'Ecosse et le Pays de Galles. Les «Latins» ont également fait match nul contre la France, ayant même la pénalité de la gagne au bout du pied. Sans ce ballon tombé du tee, ils se seraient probablement imposés au Stade de France. Et que dire de ce match contre l'Angleterre, perdu de trois points lors de la première journée?

La joie de l'Italie après la victoire contre l'Ecosse
Un tour d'honneur mérité, après le succès à domicile contre l'Ecosse en mars.Image: keystone

La cinquième place des Italiens - obtenue ce week-end avec brio - est réellement significative. Car pour la toute première fois depuis 2015, ils ne figurent pas au dernier rang à l'issue du Tournoi. Le tableau des VI nations n'est pourtant pas totalement révélateur de l'excellente compétition réalisée par les rugbymen transalpins.

Avec deux victoires et un nul en cinq matchs, l'Italie n'est pas parvenue à atteindre la quatrième place, comme en 2007 ou 2013, lorsqu'elle n'avait que deux succès à son compteur. On se dit que cette année - avec un brin de réussite - les Italiens auraient pu terminer à une exceptionnelle 3e place.

Les Azzurri (re)trouvent doucement le chemin menant à la victoire et nous ne pouvons que nous incliner, tant cette nation privilégie depuis toujours le jeu à la main. Un style risqué, intense et spectaculaire, qui leur a souvent valu la défaite. Il suffisait parfois d'un turnover pour contrer les belles avancées latines, trop souvent stériles, sans la finition souhaitée. Pire, la Squadra Azzurra ne parvenait pas à tenir le rythme durant 80 minutes. Dans le coup à la mi-temps, elle laissait régulièrement échapper la rencontre en deuxième période, ce qu'elle essaye au mieux de corriger.

Solide défensivement, l’Italie peut aujourd'hui compter sur de jeunes talents, à l’instar d’Ange Capuozzo (24 ans), virevoltant et capable de faire la différence à tout moment. Elle dispose en la personne de Garbisi (23 ans) d’un buteur solide, affichant cette année 75% de réussite au pied. Michele Lamaro (25 ans), lui, n’est pas qu’un plaqueur redouté. Il est déjà un capitaine respecté. Outre ces noms, la relève pousse dans les catégories jeunes. Pour preuve cette 3e place lors du Tournoi des VI Nations des moins de 20 ans, l’an passé. Jamais un tel résultat ne s'était produit dans la botte.

Le XV d'Italie s’est également renforcé par le biais des naturalisations, comme cela se fait couramment dans le milieu du rugby. L’Australien Monty Ioane, deux essais durant ce Tournoi, est ainsi devenu une valeur sûre de la Squadra.

Et grâce aux récents bons résultats, l'engouement pour l'équipe nationale ne fait que progresser au pays. Alors que le Stadio Olimpico sonnait creux ces dernières années, bien loin de l'ambiance que nous connaissions à Flaminio, ils étaient près de 70 000 personnes à assister à la victoire 31-29 des Azzurri contre l'Ecosse, le 9 mars dernier à Rome. Preuve qu'il y a une place pour le rugby en Italie, derrière le foot, le cyclisme ou encore les sports mécaniques.

Les Italiens ont vécu une longue et difficile période, comme celle que les Gallois tentent de surmonter à l'heure actuelle. Ils se sont néanmoins relevés, pour poursuivre ce qui a été entrepris par le passé par les Bergamasco, Parisse, Castrogiovanni et autres Canale. Les belles années de l'Italie dans le Tournoi sont à venir. Cessons de remettre en cause la légitimité de cette nation: elle a largement prouvé qu'elle méritait sa place dans l'élite du rugby européen.

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Alexeï Navalny (1976-2024)
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source: sda / sergei ilnitsky
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