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Les sportifs suisses peuvent-ils signer dans un club russe?

Les sportifs suisses peuvent-ils signer dans un club russe?
Et si les athlètes suisses se lançaient dans une aventure sportive sur le territoire de Poutine? Image: sda

Les sportifs suisses ont-ils le droit de signer dans un club russe?

Un athlète français qui décide de signer dans un club russe ou biélorusse encourt une exclusion. La fédération française de basketball a même fait signer une attestation sur l'honneur. Et en Suisse, un tel contrat existe-t-il?
19.10.2022, 06:2219.10.2022, 20:33
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Le basketteur français Thomas Heurtel, récent vice-champion d'Europe, a créé la polémique en signant au Zenit Saint-Petersburg. Accepter d'aller jouer dans le pays «agresseur» n'est pas accepté par la fédération.

Heurtel, élément important dans le contingent des Bleus, n'est donc plus à disposition du sélectionneur avec ce choix de carrière. Fin juillet, la FFBB (Fédération française de basketball) a fait signer un papier à ses membres pour les dissuader de s'engager avec un club russe ou biélorusse. Tout contrevenant serait immédiatement exclu des sélections nationales.

«Cette décision s'applique aux joueurs, joueuses, membres du staff ayant déjà signé avec un club russe ou biélorusse. Il est indiqué que si cet engagement n'était pas respecté, le joueur, la joueuse ou le membre du staff ne respecterait alors plus les critères de sélection pour les prochaines échéances internationales, incluant les Jeux Olympiques 2024»
Le communiqué de la FFBB

Pour Heurtel, ce choix de carrière peut lui coûter une place dans l'effectif tricolore pour les prochains Jeux olympiques de Paris. L'Equipe rapporte que la Fédération ouvre la porte à un retour en sélection si le joueur décide de ne pas activer son année de contrat en option et de quitter la Russie en juin prochain. Dans ce cas, «il redeviendrait sélectionnable pour la Coupe du monde 2023».

Des problèmes aussi en hockey sur glace

C'est la même rengaine pour les joueurs de hockey sur glace français. Yohann Auvitu, défenseur des Bleus, a rejoint le Neftekhimik Nijnekamsk, un club de KHL, tout comme Stéphane Da Costa, autre joueur essentiel du hockey tricolore qui évolue dans le club d'Ekaterinbourg. Les deux «traitres» sont non-sélectionnables.

Et en Suisse, cette attestation est-elle en vigueur? Un joueur peut-il se retrouver mis à l'écart s'il décide de s'embarquer dans un club russe? Swiss Olympic préfère ne pas interférer. «De notre point de vue, l'établissement et la mise en œuvre d'une telle règle fait partie de l'autonomie d'une fédération nationale du sport. En tant qu'association faîtière, Swiss Olympic ne s'immiscerait pas dans cette autonomie dans un tel cas», précise l'organisme sportif suisse.

La SIHF et l'ASF peu concernées

Du côté de la fédération suisse de hockey sur glace (SIHF), le cas relève avant tout de l'hypothèse.

«Nous ne pouvons pas prendre position. Nous partons du principe que ce scénario ne se produira pas dans le hockey sur glace suisse»
La Fédération suisse de hockey sur glace (SIHF)

Une réponse qui fait écho à l'Association Suisse de Football (ASF). «L'ASF se penchera sur cette question si elle y est un jour confrontée en raison de l'actualité», nous expliquent brièvement les instances du football suisse.

Les dirigeants et fédérations helvétiques sont persuadés d'échapper à ce problème, balayant d'un revers cette idée de voir un international (de n'importe quel sport) filer sur territoire russe. Mais l'aventure au pays de Poutine peut être une lucrative escapade, comme nous l'explique Erik Lehmann, Directeur des compétitions et secrétaire général de Swiss Basket, persuadé que «des agents libres de la NBA peuvent céder aux sirènes de la ligue russe.»

Peut-on donc réprimander un sportif qui décide de faire fructifier sa carrière? Les ligues russes peuvent proposer des contrats juteux et difficilement refusables pour des sportifs arrivés dans leur seconde partie de carrière.

Favorable à emboîter le pas aux Français

Erik Lehmann tempère concernant les basketteurs helvétiques: «Nous n'avons pas des joueurs capables d'aller batailler dans la ligue VTB. Le niveau est trop élevé pour nos internationaux.»

Le rapport direct entre sport et politique est réel. Les Français ont décidé de l'anticiper, sans attendre qu'un cas ne se produise. «Je serais très favorable à emboîter le pas aux Français», avoie le secrétaire général de Swiss Basket.

«On a pas réfléchi à cette problématique russe. Mais si le cas se présente, il serait inacceptable que l'un de nos joueurs aille jouer en Russie»
Erik Lehmann

Encore que Swiss Basket s'est retrouvé face à un dilemme (très) récemment: Ilias Papatheodorou, l'entraîneur actuel de l'équipe nationale, a reçu des offres de plusieurs clubs. L'une d'elles provenait de la VTB United League, qui réunit les équipes majeures de l'Europe de l'Est: «Notre coach a reçu cette offre. Heureusement, il a décidé de prendre place sur le banc de Kolossos Rodou, en ligue grecque», explique Lehmann. Et si Papatheodorou avait signé?

«Les joueurs sont convoqués et doivent se présenter. Pour le coach, la problématique est différente: il a un contrat avec la fédération. La situation serait devenue compliquée s'il avait décidé de signer en VTB. Comme nous n'avons pas de règlement qui stipule l'interdiction de s'enrôler dans un club russe, il aurait pu se retourner et contester une hypothétique rupture de contrat avec la fédération suisse.»
Erik Lehmann

La fédération internationale de basketball (FIBA) a décidé de suspendre de toutes compétitions la Russie et la Biélorussie. Erik Lehmann assure que «Swiss Basket s'alignerait sur les sanctions prises par la FIBA.» Avant d'ajouter avec ironie qu'il serait enchanté d'avoir ce problème, «ça prouverait que nos joueurs sont forts.»

Le DDPS évoque le droit privé

Le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) ne s'alarme pas plus que ça, expliquant que «la relation entre un sportif et un club relève du droit privé».

«Il serait en Suisse de la compétence des fédérations de décider de l’attitude à adopter si un sportif prenait la décision de signer dans un club russe ou biélorusse»
Le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS)

Une réponse qui confirme que les autorités comptent sur les fédérations et les joueurs pour s'éviter des problèmes d'ordre politique.

Il a voulu imiter Federer. Fallait pas
Video: watson
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