Marco Odermatt a gagné 13 courses cette saison. Aucun autre skieur n'a jamais réussi pareil exploit. Le Nidwaldien (26 ans) s'est emparé de quatre globes de cristal: celui du classement général de la Coupe du monde et ceux du slalom géant, super-G et descente. Un hiver presque parfait.
Le duel final dimanche contre le Français Cyprien Sarrazin, qui avait 42 points de retard au classement de la descente, n'a pas eu lieu. La faute aux mauvaises conditions météo à Saalbach, qui ont entraîné l'annulation de cette descente des finales. Mais cela n'a pas entamé l'humeur d'«Odi»:
Il n'imaginait pas devenir aussi rapidement le meilleur descendeur de la planète. Il a remercié Beat Feuz et Mauro Caviezel qui, en tant que descendeurs expérimentés, l'ont poussé dans cette discipline.
Un autre homme a cependant contribué de manière encore plus importante aux succès du Nidwaldien. Son nom? Chris Lödler. Cet Autrichien est quasi constamment aux côtés d'Odermatt durant la saison, puisqu'il est son serviceman (ou responsable matériel, en bon français). Le début de leur collaboration date de 2016. A ce moment, il s'agissait d'une décision exceptionnelle de Stöckli, l'équipementier suisse d'«Odi»: mettre un homme à part entière aux côtés d'un jeune talent de 18 ans était culotté. Mais aujourd'hui, on peut l'affirmer: c'était visionnaire!
Le partenariat de huit ans entre Marco Odermatt et le discret et très calme Autrichien a laissé des traces profondes. Pendant les nombreux trajets en voiture vers les sites de la Coupe du monde, le duo peut s'entretenir de tant de choses. «Et je suis pratiquement présent à tous les entraînements de Marco», ajoute Chris Lödler.
Avec son attitude décontractée, cet homme de 48 ans contribue également à renforcer le calme intérieur d'Odermatt. Il est la dernière personne aux côtés de l'athlète avant le départ. Le passé de Lödler en tant qu'entraîneur est un autre atout de cette collaboration géniale. Dans les années 2000, il s'est occupé notamment de Daniel Albrecht et Marc Berthod en tant qu'entraîneur assistant, et a suivi une formation de moniteur de ski et d'entraîneur. Ses apports au vainqueur du classement général de la Coupe du monde vont donc bien au-delà des questions de matériel.
Marc Gisin, directeur de course chez Stöckli, est impressionné par l'osmose entre Marco Odermatt et Chris Lödler:
En effet, Lödler n'a souvent qu'à regarder Odermatt pour savoir ce qu'il doit faire.
Le Nidwaldien est élogieux envers son responsable matériel:
De son côté, Chris Lödlder apprécie particulièrement la personnalité du champion:
L'Autrichien, originaire du Vorarlberg voisin de la Suisse, qualifie lui aussi la collaboration de presque parfaite: «Nous avons construit la confiance mutuelle pas à pas au fil des années. Nous savons exactement ce qu'il faut. Marco est très sensible à ce sujet et il donne des feedbacks extrêmement précis». Conséquence? Le duo ressent une très grande sécurité dans tout ce qui concerne le matériel.
A Saalbach, l'expertise de Chris Lödler dans la recherche du réglage parfait a de nouveau été sollicitée. Depuis des jours, il étudiait les prévisions météorologiques, observait l'évolution des conditions climatiques, mais aussi et surtout celles de la piste. Par exemple, comment la neige artificielle se transformait.
Le changement de temps et la neige fraîche ont ajouté des facteurs pour lesquels l'expérience joue un rôle énorme. Chris Lödler travaille pour Stöckli depuis 2010. Le job dans une petite équipe solidaire lui convient.
L'Autrichien apprécie le fait qu'on ne lui donne pas d'ordres, que le feedback soit plus direct et que les idées puissent être mises en œuvre très rapidement et sans complications.
Les finales Saalbach terminées, Marco Odermatt et Chris Lödler sont toutefois loin de ranger leurs skis et chaussures à la cave. En avril, une phase importante en vue du succès futur attend l'équipe de Stöckli: les tests de matériel pour la prochaine saison. En plus de Lödler et Gisin, un deuxième serviceman, Ivo Zihlmann, en fait partie. C'est lui qui est en charge, pour les épreuves de vitesse, de décider quels skis seront emportés lors des courses et comment ils seront préparés.
Stefan Thöni et Stefan Schneeberger organisent ces tests. Le staff de Stöckli peaufine les lattes avant qu'Odermatt n'effectue les derniers réglages qui lui conviennent le mieux, au cours des deux premières semaines d'avril. Selon Chris Lödler, deux à quatre nouveaux modèles sont testés par l'athlète et adaptés selon ses indications. Les prototypes sont ensuite mis en production.
Marc Gisin explique que le lieu des tests le mois prochain n'est pas encore défini. Les stations italienne de Santa Caterina et norvégienne de Kvitfjell ont souvent été des destinations idéales par le passé. «Mais cela dépend aussi du type de neige sur lequel Marco espère faire de nouvelles découvertes», précise Gisin. L'ex-skieur a pris ses fonctions chez Stöckli il y a un an, recommandé par Marco Odermatt.
Les résultats et les données des tests de skis sont ensuite transmis au chef développeur Mathieu Fauve, qui travaille depuis 14 ans pour Stöckli. Avec sa formation scientifique et ses onze années passées au service de l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches de Davos, ce double national franco-suisse apporte une immense connaissance de tous les facteurs liés à la neige et aux influences météorologiques. Si la petite marque de ski suisse chausse semaine après semaine des lattes plus que compétitives à sa star, c'est définitivement aussi grâce à lui.
Adaptation en français: Yoann Graber