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Le «Robin des Bois» du sport milite pour que la FIS modifie ses prix

Bjørnar Erikstad (encadré) milite pour que les para-skieurs comme Théo Gmür (en piste) obtiennent des prix en espèces sur les épreuves de Coupe du monde.
Bjørnar Erikstad (encadré) milite pour que les para-skieurs comme Théo Gmür (en piste) obtiennent des prix en espèces sur les épreuves de Coupe du monde. image: keystone/Stiftelsen VI

Le «Robin des Bois» du sport milite pour que la FIS modifie ses prix

Les récompenses attribuées aux para-skieurs de la Coupe du monde ne ressemblent en rien à celles décernées aux valides. Un homme demande à la Fédération internationale de ski (FIS) de réduire cet écart abyssal.
20.12.2023, 06:0522.12.2023, 18:01
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Du fromage et des clopinettes. Nous schématisons, mais c'est grossièrement ce que reçoit un para-skieur lorsqu'il s'impose en Coupe du monde. Autant dire rien, surtout si l'on compare aux milliers de francs versés aux valides, à chaque épreuve du grand cirque blanc.

Celui qui domptera la Streif en janvier prochain recevra 100'000 francs suisses, et l'étape la moins rémunératrice, à savoir celle de Bormio, attribuera 45'000 francs au vainqueur de la descente. Tout au long de la saison, les meilleurs skieurs de la planète ne font pas que marquer des points - ils engrangent aussi de l'argent, à minima 700 francs lorsqu'ils intègrent un Top 30.

Le Norvégien Bjørnar Erikstad a fait ses calculs. Cet ancien athlète paralympique, aujourd'hui à la tête de la Stiftelsen VI (une fondation qui œuvre pour la promotion du handisport dans son pays), suggère même un changement de modèle.

Il souhaite que 1% des gains versés par la FIS aux valides aille en fait aux athlètes handisport.

Conscient du manque de visibilité des courses organisées pour les athlètes handicapés, Erikstad ne milite pas pour des prize-money égaux. Il estime toutefois que les performances des para-skieurs méritent plus de reconnaissance. C'est pourquoi il veut prendre aux «riches» pour donner aux «pauvres».

S'il en vient à réclamer une meilleure répartition, c'est parce que rien n'a changé depuis juillet 2022, et cette passation entre le Comité international paralympique (IPC) et la Fédération internationale de ski, permettant à la FIS d'obtenir la gouvernance des sports de para-ski alpin, para-ski nordique et para-snowboard. L'optimisme qui entourait ce transfert s'est envolé, et il suffit de se rendre sur le site de la FIS pour comprendre que les prix en cash continuent de ne concerner que les valides.

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Cette saison, uniquement en ski alpin, la Fédération internationale de ski versera plus de 14 millions de francs aux stars de la discipline. En suivant la proposition du Norvégien, les Odermatt, Shiffrin et consorts ne perdraient que 140'000 francs, soit une goutte d'eau dans l'océan. Ce qui ne paraît rien pour les meilleurs skieurs mondiaux serait une avancée majeure et symbolique pour les para-skieurs les plus doués, qui actuellement, se contentent de prix qu'un athlète du dimanche irait chercher à une course de village. Et, étant donné le caractère «dérisoire» de la somme, on se dit qu'avec un peu de bonne volonté, les partenaires historiques de la FIS pourraient même jouer le jeu, et prendre en charge ce pourcent, afin de ne pas réduire les acquis des skieurs du circuit principal.

Une démarche soutenue par les meilleurs mondiaux

Les disciplines qui permettent aux athlètes handisport de décrocher des prix en espèces se font rares. Au-delà des primes versées par de nombreux pays pour une médaille paralympique, quelques sports se distinguent, comme le tennis ou l'athlétisme. Mais très souvent, les prize-money proposés sont à l'initiative des organisateurs, et non pas des fédérations. C'est ainsi qu'en parvenant à médiatiser son tournoi de tennis-fauteuil, Roland Garros offre 60'000 euros au vainqueur. Le marathon de New York cède quant à lui 25'000 dollars à l'athlète handisport franchissant la ligne d'arrivée en premier.

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Triple vainqueur du marathon de New-York, le Suisse Marcel Hug ne rentre pas sans rien lorsqu'il s'impose aux Etats-Unis.Image: keystone

Peut-être faudrait-il amener les courses de para-ski sur les week-ends de Coupe du monde réservés aux valides pour augmenter la visibilité des athlètes handicapés et ainsi pouvoir leur offrir de meilleures récompenses. En attendant, cette idée du 1% fait parler en Norvège, et le moins que l'on puisse dire, c'est que toutes les stars du ski accueillent avec bienveillance cette proposition.

Interrogé par la NRK, Henrik Kristoffersen a montré sa solidarité et son enthousiasme, déclarant que «cela ferait beaucoup de bien aux para-skieurs». Pål Golberg, quintuple médaillé mondial et deuxième meilleur fondeur de la planète l'hiver dernier, s'est lui aussi montré favorable à une telle mesure.

«Je suis en faveur de l'égalité des chances, quelles que soient les circonstances. C'est du moins ma vision de départ. Je suis ouvert à l'idée d'inclure davantage d'athlètes dans notre discipline, donc si quelque chose est fait, je ne m'y opposerai pas»
Pål Golberg

Même les stars du biathlon, sous l'égide de l'IBU (International Biathlon Union), ne cachent pas les bienfaits d'une telle proposition pour leur discipline. Johannes Thingnes Bø estime que les meilleurs para-skieurs mondiaux «méritent mieux qu'un fromage ou qu'un bouquet de fleur», et qu'avec de meilleures récompenses en vue, les personnes en situation de handicap pourraient se tourner plus facilement vers la pratique du handisport.

Bø ajoute que la FIS comme l'IBU «peuvent le faire si elles le veulent», et qu'il est temps de passer à l'action. Reste à savoir si les instances mondiales en ont vraiment envie, et si une telle réforme profitera dans un futur proche aux para-skieurs, à l'instar de Robin Cuche.

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source: sda / louis dasselborne
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