La question est posée par «The Tennis Letter», un repaire de puristes sur les réseaux sociaux: «In your opinion, who is the most underrated tennis player of all-time?» Ce que l'on peut traduire par: selon vous, quel est le joueur le plus sous-coté de tous les temps?
Sur Twitter, le sondage a généré près de 185k vus et des dizaines de réponses. En les parcourant, un nom émerge très nettement: Stan Wawrinka. Tout aussi majoritairement, les explications mettent moins la «faute» sur la capacité du joueur à se montrer mémorable que sur la nôtre à en avoir une perception objective.
Un internaute espagnol vote sans hésiter: «Stan the Man. A l'ère du Big 3, il ne lui manque que Wimbledon pour compléter sa collection de Grand Chelem. Il a gagné les Jeux olympiques (réd: en double) et un Masters 1000. Quand son niveau était élevé, ni Nole (2 fois), ni Rafa ne l'ont battu en finale de Grand Chelem. Stan the Man est assis à la même table que les plus grands du tennis. Cette finale à RG!!!»
Un autre intervenant renchérit en anglais: «Stan pouvait battre n'importe qui dans un bon jour et c'était tout à fait somptueux à regarder. Mais, comme il l'admet lui-même, il n'avait pas la constance du Big 4.» Notons l'expression Big 4 qui, ici, associe Murray à l'âge d'or du tennis masculin. Tous ne le font pas et s'en tiennent au Big 3 - c'est là un autre dilemme que l'histoire devra trancher.
Un internaute américain pose la subtile question du point d'ancrage: sous-côté par rapport à qui, par rapport à quoi? «Stan n'est pas du tout sous-estimé puisqu'il appartient à l'histoire du tennis: il est considéré avec Murray (réd: toujours cet entre-deux-grades) comme le plus grand de sa génération derrière le big 3.» C'est un avis très répandu en France notamment, où les parents pauvres du triomphalisme l'ont un peu adopté.
Un joueur, surtout, apparait tout aussi mésestimé que Stan Wawrinka: Marin Cilic. Un intervenant rappelle sommairement que le Croate est «finaliste de 2 GC, demi-finaliste dans tous les GC et vainqueur à Flushing en 2014, Cincinnati 2016, 3e mondial en 2018, leader de la Croatie sacrée en Coupe Davis, vice champion olympique en double, etc»
Deux autres noms reviennent régulièrement: David Nalbandian, aussi beau à voir jouer qu'il était déprimant à écouter, et Nikolay Davydenko, le seul No 3 à avoir disputé une saison entière sans sponsor. Point commun entre ces deux joueurs: leur personnalité relativement taciturne et fuyante. C'est aussi la (fausse) impression que peut donner Wawrinka auprès d'un public occasionnel.