Pour un 22e titre du Grand Chelem (Djokovic) ou le 1er (Tsitsipas), mais aussi pour la place de n°1 mondial (les deux): la finale de l'Open d'Australie restera forcément dans les annales par ses enjeux historiques. Recueil des avis les plus tranchés.
Greg Rusedski est consultant sur de nombreuses chaînes mais il a choisi Twitter pour balancer son opinion la plus cinglante: «Djokovic ouvrira le coup droit de Stefanos pour agresser son revers et le briser sur ce côté. Tsitsipas va devoir bien servir avec des variations, être agressif, aller au filet et y faire venir Novak quand il en aura l’occasion, à ses conditions. Difficile à exécuter en cinq sets. Je vois Novak gagner en quatre».
Tim Henman officie comme consultant pour Eurosport. Il pense que Djokovic a rendez-vous avec son destin: «Il a sûrement quelques chiffres en tête, comme la possibilité de remporter son dixième Open d’Australie et de redevenir n°1 mondial, mais le plus important pour Novak, c’est le 22 . Il s’est donné une autre opportunité d'atteindre ce sommet en Grand Chelem et il fera tout pour la saisir».
«Sa demi-finale n’était pas le meilleur match qu’il ait joué», concède Henman, «mais il s’agit toujours de trouver un chemin. Novak a l’air très prêt pour tout ce que Tsitsipas peut lui proposer.»
Patrick Mouratoglou, ancien coach de Serena Williams, donne un avis encore plus tranché dans une vidéo Instgram: «Si nous regardons simplement les scores et la qualité du tennis de Novak sur son chemin vers la finale, mais aussi son record de victoires contre Stefanos, 10–2, et une série de neuf victoires consécutives, nous pouvons facilement prédire que ce sera un match à sens unique et que Novak gagnera son 22e Grand Chelem. Il jouera cette finale pour égaler Nadal dans la course au plus grand détenteur de Grand Chelem de tous les temps».
«En ce qui concerne Stefanos, il a joué un excellent tennis pendant tout le tournoi et sera prêt pour cette finale. Si Novak commence le match en étant tendu et que Stefanos en profite pour faire un break précoce, il pourra mettre Novak sous pression. Stefanos devra être courageux et très agressif. Ses chances résident dans sa capacité à faire mal à Novak avec sa puissance.»
Tommy Paul a perdu en demi-finales contre Djokovic sans avoir pu mettre en œuvre une seule de ses idées: «Novak m'a empêché de développer le plan de jeu que j'avais en tête. Par exemple, mon idée était de parfois jouer service-volée, et je n'en ai pas fait un seul. Pareil pour les amorties. Il m'a encore étonné par la qualité de sa deuxième balle: l'une de mes idées était d'attaquer son deuxième service mais c'était tout aussi compliqué».
«Tout le monde dans le vestiaire a énormément de respect pour Novak et personne ne veut se retrouver dans la même partie de tableau que lui. Quand il est comme ça, je ne vois pas qui peut le battre.»
Enzo Couacaud est le seul joueur à avoir ravi un set à Novak Djokovic dans cet Open d’Australie (défaite 1–6 7–6 2–6 0–6 au deuxième tour). Voici son témoignage dans L’Equipe: «Il donne vraiment l’impression de marcher sur l’eau. Il a dominé de la tête et des épaules chaque match qu’il a joué. Ce qui m’a vraiment impressionné, c’est sa capacité de relance. Dès qu’un service est moins bien touché ou ne le met pas totalement hors de position, il te met tout de suite en difficulté, c’est assez hallucinant».
Mais ce n'est pas tout... «Et personne ne parle de son service: il sert super bien. Alors ce n’est pas un Kyrgios qui sert à 250 km/h, mais il touche très bien toutes les zones, il est très précis et il le masque hyper bien, on ne voit pas du tout où il sert. Ça crée un état de pression constant. Il est très dur à retourner et ce n’est pas simple non plus de gagner un jeu de service, donc tu es tout le temps sous pression.»
Consultante vedette d’Eurosport France, l'ex-n°1 mondiale Justine Henin émet quelques réserves: «On sait que la finale de Roland‐Garros en 2021 a fait beaucoup de mal à Tsitsipas. Il a bien réagi l’année dernière mais sans être présent dans les grands rendez‐vous. Et là sur la fin de saison, on a déjà vu de bien meilleures choses. Il le prouve en Australie. Il a été redoutable et autoritaire. S’il y en a un qui peut aller chercher Djokovic, c’est Tsitsipas».
Des réserves aussi (quoique légères) chez John McEncore: «Tsitsipas a des options dans son jeu et pourrait rendre la vie difficile à n'importe quel adversaire, mais Novak sera toujours le favori. Cela dit, nous continuons à voir des surprises dans cette édition et je ne serais pas surpris qu’un outsider finisse par remporter le tournoi. C’est le Grand Chelem le plus équilibré dont je me souvienne depuis des années. C’est le Grand Chelem des surprises».