Il a 19 ans, il a remporté deux tournois challenger cette année et il a grimpé de plus de 150 places au classement mondial depuis janvier. L'avenir appartient à Dominic Stricker. Non seulement dans le tennis suisse, mais aussi sur le circuit ATP.
Le Bernois n'a pas à se cacher. Preuve en est sa qualification pour les Next Gen Finals, le tournoi qui réunit les huit meilleurs joueurs de l'année chez les moins de 21 ans. Bien qu'il ne figure «que» à la neuvième place, Stricker remplace l'Espagnol Carlos Alcaraz, blessé aux abdominaux et (quoi qu'il en soit) qualifié pour le Masters des grands.
Alcaraz, 19 ans, a non seulement remporté le Next Gen l'an dernier, mais aussi l'US Open cette année, pour devenir le plus jeune numéro 1 de l'histoire du tennis masculin. Son absence ouvre la voie à Stricker, premier Suisse à participer au tournoi créé en 2017 pour promouvoir la nouvelle génération, aux sens marketing et sportifs du terme.
Stricker s'était fixé comme objectif d'y participer. Après sa victoire au premier tour des Swiss Indoors, en octobre dernier, il avait reconnu: «Beaucoup d'idées me passent par la tête en ce moment. Je ne peux pas m'empêcher de penser à Milan. Je regarde aussi ce que font les autres, une chose inhabituelle pour moi.»
Les précédents vainqueurs du Masters Next Gen portent des noms désormais illustres: Stefanos Tsitsipas, Jannik Sinner, Carlos Alcaraz. Pour Stricker, le ticket d'entrée garantit gloire et honneur - et beaucoup d'argent. La simple qualification lui rapporte 82 250 dollars. Le gagnant, s'il est invaincu, reçoit 423 750 dollars. De belles sommes pour des joueurs en devenir, mais encore serrés financièrement. Stricker totalise 207 000 dollars de gains (bruts) cette année. L'épargne n'est pas encore une option, comme il l'a dit à Bâle. Les impôts à la source, les voyages, les hôtels et les salaires mangent tout son capital.
Le Masters des jeunes est organisé en deux groupes de quatre joueurs, les deux premiers étant qualifiés pour les demi-finales. Il existe également un certain nombre de règles spéciales, voire expérimentales. Il faut quatre jeux au lieu de six pour remporter le set, avec un tie-break à 3-3. En cas d'égalité à 40-40, le point suivant donne le jeu, le receveur pouvant choisir le côté du serveur.
On connaît les 8 qualifiés pour le Masters Next Gen (8-12 nov) à Milan ! 💎
— Univers Tennis 🎾 (@UniversTennis) October 28, 2022
🇮🇹 Lorenzo Musetti
🇩🇰 Holger Rune
🇬🇧 Jack Draper
🇺🇸 Brandon Nakashima
🇨🇿 Jiri Lehecka
🇹🇼 Chun-Hsin Tseng
🇮🇹 Francesco Passaro
🇨🇭 Dominic Stricker
Qui succédera à Carlos Alcaraz ? 🏆 pic.twitter.com/oZdVIm9JDc
Le fait que les règles soient différentes est aussi la raison pour laquelle le Masters Next Gen n'attribue aucun point ATP. Avec des conséquences fâcheuses pour Stricker, qui tremble encore pour être accepté dans le tableau principal de l'Open d'Australie (à partir du 16 janvier).
Car vendredi soir, Dominic Stricker a étonnamment quitté le tournoi challenger de Bergame en quarts de finale après une défaite 4-6 6-7 contre le Finlandais Otto Virtanen (21 ans, ATP 265), juste avant de se rendre à Milan, où il avait peut-être déjà la tête?
Dans le même temps, un tournoi challenger se déroule à Roanne, en France, dont Stricker a dû se retirer pour participer au Masters. S'il ne peut pas augmenter son total de points à Milan, le vainqueur reçoit 100 points à Roanne. «C'est ma dernière chance de participer à la finale Next Gen et c'est donc une occasion unique», s'est justifié Stricker à Bâle. En connaissance des avantages et des inconvénients.
Pour être admis dans le tableau principal d'un tournoi du Grand Chelem, un joueur doit figurer dans le top 104 du classement mondial six semaines avant le début dudit tournoi. Le 5 décembre est la date butoire pour l'Open d'Australie 2023.
Stricker pointera au 111e rang ce lundi. Dans certaines circonstances, ce classement pourrait suffire si des joueurs mieux placés que lui devaient déclarer forfait. Une chose est sûre: Stricker ne pourra plus progresser au classement ATP car il terminera sa saison après les Next Generation Finals, d'abord pour récupérer puis pour préparer la nouvelle saison.
Pendant ce temps, ses adversaires directs auront encore quatre semaines pour grapiller des points dans des tournois challenger en Slovaquie, Finlande, Italie et Espagne. Certains pourraient passer devant Dominic Stricker au classement ATP. C'est une forme assez cocasse d'être victime de son succès.