Le week-end dernier, une certaine agitation a gagné le clan de Dominic Stricker. L'entourage du Bernois recherchait désespérément des billets pour le tournoi de Wimbledon. C'est que le contingent mis à disposition par le tournoi ne suffisait pas à satisfaire tous ceux qui se sont engagés pour le succès du jeune homme de 20 ans.
Début avril, l'entourage déjà important de Stricker s'est encore agrandi avec l'engagement de l'Allemand Dieter Kindlmann comme entraîneur à plein temps et du physiothérapeute Philipp Purkert. L'équipe de Stricker compte désormais pas moins de quatorze personnes. L'hôtelier valaisan Martin Werlen réserve les hôtels et s'occupe des vols tandis que l'avocat d'affaires Roger Cadosch est responsable des questions juridiques. Stricker fait également appel à un coach mental et à un statisticien.
La cheville ouvrière est le père, Stephan Stricker, qui fait office de manager et qui a réduit son temps de travail de policier à Belp à 60%. Outre le père Stephan, la mère Sabine est également impliquée. Et la sœur aînée de Stricker, Michèle, gère les contenus sur les médias sociaux, où le tennisman est présent sur tous les canaux, même sur la plateforme professionnelle Linkedin.
Ce modèle familial est semblable à celui de Roger Federer au début de sa carrière. Dans le cas de Stricker, c'est aussi une mesure d'économie, comme le dit son père. «En ce moment, nous dépendons de chaque franc.» Le papa reçoit chaque semaine des demandes d'agences qui aimeraient prendre Stricker sous leur aile.
C'est facilement compréhensible, compte tenu du talent d'un joueur qui a touché le plus gros chèque de sa carrière cette semaine. Mercredi, au cours d'un match interrompu à plusieurs reprises en raison de la pluie, Stricker s'est imposé 3-6, 6-3, 6-2, 4-6, 7-5 contre l'Australien Alexei Popyrin (ATP 93) après 3h09 de jeu. Il s'agissait de son premier match en cinq sets. Sa récompense: un duel avec l'Américain Frances Tiafoe (25 ans, ATP 11) prévu ce jeudi sur le gazon londonien (dès 15h20).
La première victoire dans le tableau principal d'un tournoi du Grand Chelem a rapporté à Stricker environ 100 000 francs. Jusqu'au milieu de cette année, il avait gagné à peu près 150 000 francs, le total de sa carrière s'élevant à environ 720 000 francs.
L'entourage de Stricker est particulièrement important, même pour un joueur classé au niveau mondial. Marco Chiudinelli, par exemple, qui s'est hissé jusqu'au seuil du top 50 mondial, partageait généralement son entraîneur avec un autre joueur.
Lorsque Roger Federer a fêté son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon en 2003, l'entraîneur Peter Lundgren, le physiothérapeute Pavel Kovacs et Mirka, son épouse en charge également des relations avec les médias, l'ont accompagné. Mais contrairement à Stricker, Federer était déjà un joueur du top 10 à l'époque.
Le tennis permet toutefois de gagner nettement plus d'argent qu'à l'époque. En 2003, Federer avait reçu 965 820 dollars pour son titre à Wimbledon. Cette année, le vainqueur reçoit le triple de cette somme. Les montants versés lors des premiers tours ont encore davantage explosé. Il y a 20 ans, celui qui perdait au 1er tour ne recevait «que» 15'000 francs environ. Aujourd'hui, c'est 55 000 francs.
Entre-temps, les dépenses annuelles ont atteint près d'un demi-million de francs. Ce sont des investissements pour l'avenir. «Nous assumons de prendre un risque maintenant, car nous ne voulons pas nous reprocher d'avoir raté quelque chose dans deux ou trois ans», commente le père Stephan. Cela signifie aussi que celui qui, comme Stricker, s'offre un entraîneur à plein temps doit réussir à se hisser dans le tableau principal des quatre tournois du Grand Chelem.
Après Paris cet été, Dominic Stricker (117e mondial) a franchi cet obstacle à Wimbledon. Le voici au seuil du top 100 du classement mondial, où seule une victoire le sépare de l'illustre cercle qui lui éviterait de passer par les qualifications lors des tournois du Grand Chelem et lui garantirait une sécurité financière.
Toutefois, Stricker n'est pas totalement dépendant de ses succès sportifs. Au cours des derniers mois, le père Stephan a constitué un imposant portefeuille de sponsors dont trois principaux, trois partenaires premium, cinq équipementiers, neuf partenaires or et un total fabuleux de 46 sponsors. A cela s'ajoutent encore des mécènes et des donateurs. De quoi libérer l'esprit du tennisman et lui permettre de se concentrer tout entier sur la victoire.