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Les entraîneurs Bayer et Fischer boostent le hockey suisse

Patrick Fischer (à gauche) et Marco Bayer sont les ambassadeurs de cette nouvelle génération de coachs suisses.
Patrick Fischer (à gauche) et Marco Bayer sont les ambassadeurs de cette nouvelle génération de coachs suisses.Image: watson

Le hockey suisse brille grâce à un changement majeur en coaching

Pour la première fois, des entraîneurs locaux façonnent notre hockey national et le rendent meilleur que jamais. Marco Bayer et Patrick Fischer en sont les symboles.
06.05.2025, 18:5106.05.2025, 18:51
Klaus Zaugg
Klaus Zaugg
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Marco Bayer a hissé les ZSC Lions au rang de numéro un en Europe et les a menés à conserver leur titre en National League. Il est donc logique qu’il reste à la bande des Zurichois jusqu’en 2027, sans être renvoyé à l’équipe ferme (GCK Lions).

L'enjeu était de taille

Marco Bayer a brillamment surmonté une situation extrême: arrivé à la tête de l’équipe de manière inattendue fin décembre, après le retrait de son prédécesseur Marc Crawford pour raisons de santé, il a dû faire face à des attentes maximales. Tout autre résultat qu’un nouveau titre aurait été considéré comme une déception.

Marco Bayer a sign� jusqu'en 2027 avec les Zurich Lions
Marco Bayer a fêté le titre en National League à la tête des ZSC Lions. image: Keystone

Il a également dû gérer une double charge exceptionnelle: remporter à la fois la Ligue des champions et le championnat national en quelques semaines est une mission presque impossible.

À l’image de Marco Bayer, Lars Leuenberger a lui aussi fait ses preuves dans une situation extrême – sacré champion avec Berne en tant qu’«entraîneur d’urgence» et, cette saison, vainqueur de la Coupe Spengler et demi-finaliste des play-offs avec Gottéron. Mais ni à l’époque à Berne, ni aujourd’hui à Fribourg, il n’a eu l’opportunité de rester entraîneur principal.

Head Coach Lars Leuenberger (HCFG) spricht bei seinem Time-Out im sechsten Eishockey Playoff Halbfinalspiel der National League zwischen dem HC Fribourg-Gotteron (HCFG) und dem Lausanne HC (LHC) am Do ...
Malgré sa très bonne saison sur le banc de Gottéron, Lars Leuenberger ne peut pas rester entraîneur en chef.Image: keystone

Psychologie et expérience

Marco Bayer a la chance de diriger l'équipe fanion d’un club extrêmement professionnel. Le succès n’en est pas pour autant garanti. L’une des clés réside dans une adaptation intelligente du style de leadership. Une équipe composée de nombreuses fortes personnalités expérimentées a besoin de direction. Mais pas de leçons, et encore moins d’un ton condescendant. L’entraîneur n’est pas un dictateur, mais un modérateur. Ce mot, d’origine latine, signifie «conducteur» et vient de moderare, qui veut dire «modérer», «contenir», «régler» et «concilier».

Formulé de manière plus populaire: diriger les joueurs avec une laisse longue, tout en ayant le bon instinct pour resserrer les rênes au moment opportun. Et, en tant qu’entraîneur, apporter à l’équipe les bons ajustements, des choix tactiques pertinents, une gestion adéquate des émotions et des énergies, pour en tirer le meilleur. C’est ce que Marco Bayer a accompli de manière remarquable, grâce à une immense connaissance du hockey, de la tactique et du caractère des joueurs, qu’il a accumulée au fil des années.

Head Coach Marco Bayer (ZSC) im Spiel der Eishockey National League zwischen Fribourg-Gotteron, HCFG, und ZSC Lions, ZSC, vom Freitag, 3. Januar 2025 in Bcf Arena in Fribourg. (KEYSTONE/Peter Schneide ...
Marco Bayer a parfaitement géré la communication avec ses joueurs. image: Keystone

Le Zurichois a acquis cette expérience tout au long de son parcours de joueur, coach-adjoint, coach en chef ou encore directeur sportif, à la fois chez les juniors et les adultes. Autrement dit: il a appris son métier en profondeur pendant des années. Pas seulement en théorie, mais surtout par une expérience de terrain irremplaçable.

Depuis fin décembre, le rôle de Marco Bayer au sein des ZSC Lions, très bien pourvus à tous les postes, s’apparentait davantage à celui d’un sélectionneur national: il devait tirer le maximum du groupe qui lui était confié. Il n’avait guère eu le temps de former ou d’expérimenter.

À partir de cet automne, son rôle évoluera. Les objectifs ont été atteints, l’intensité sera alors moindre que durant les mois de février, mars et avril. L’essoufflement des dernières semaines fera place à un quotidien un peu plus posé. Dans cette phase, il sera inévitable de resserrer les rênes de temps à autre.

Les mois de septembre, octobre, novembre, décembre et janvier peuvent ainsi s’avérer tout aussi difficiles – voire plus dangereux – pour un entraîneur que l’intensité des mois de février, mars et avril.

Des talents victimes du manque de structures

À Langnau et à Ambri, Thierry Paterlini et Luca Cereda démontrent également, dans une collaboration étroite avec leurs directeurs sportifs, qu’ils sont capables de relever ce défi. On a presque oublié qu’à Davos, c’est un Suisse, Christian Wohlwend, qui a sorti l’équipe de l’ombre envahissante du mythique entraîneur Arno Del Curto.

Plus les structures d’un club sont professionnelles, plus la collaboration avec la direction sportive autour du directeur sportif est fluide, plus les objectifs sont réalistes, plus le travail de l’entraîneur devient simple. À Genève, Jan Cadieux a échoué en saison régulière après un titre de champion suisse et une victoire en Ligue des champions, notamment parce que Servette ne dispose toujours pas de structures dignes d’une organisation championne stable.

Cadieux est désormais entraîneur national des moins de 20 ans et la question n’est pas de savoir si, mais quand il reviendra entraîner une équipe de National League.

Geneve-Servette's Head coach Jan Cadieux gestures, during a National League regular season game of the Swiss Championship between Geneve-Servette HC and EV Zug, at the ice stadium Les Vernets, in ...
Jan Cadieux a été victime du manque de structures à Genève-Servette. Image: KEYSTONE

Et si Michael Liniger – dont le profil est comparable à celui de Thierry Paterlini ou Luca Cereda – échoue la saison prochaine à Zoug, ce sera avant tout l’échec de la direction, représentée par Patrick Lengwiler et Reto Kläy, qui a nourri de grandes attentes sans pour autant investir sérieusement dans l’équipe, de manière presque négligente.

Il n’est pas contradictoire avec le succès des entraîneurs suisses que Luca Gianinazzi ait complètement échoué à Lugano: en tant que joueur, il n’a jamais dépassé un rôle secondaire en deuxième division. Il n’avait aucune expérience d’adjoint au niveau professionnel, il avait seulement entraîné des équipes de juniors. À Lugano, le Tessinois a été contraint de passer l’examen de maîtrise sans avoir suivi la formation préalable – son bagage était vide. Les joueurs ne l’ont donc jamais réellement pris au sérieux.

L'entraineur Luca Gianinazzi (HCL), during the regular season of National League A (NLA) Swiss Championship 2024/25 between HC Lugano and ZSC Lions at the ice stadium Corner Arena, Switzerland, S ...
A Lugano, Luca Gianinazzi a été lâché dans l'arène sans préparation.Image: keystone

Lui confier l’équipe première relevait d’un mélange touchant de «romantisme à la Ambri» et de naïveté de la direction. C’est désormais à Viège, en deuxième division, qu’il débute son apprentissage, avec encore un bel avenir possible devant lui.

Des inspirations et une nouvelle génération

Il y a vingt ans, notre culture du hockey était dominée par des entraîneurs étrangers. Parfois des Canadiens, parfois des Suédois, des Finlandais, de temps à autre des Tchèques, et occasionnellement, en tant qu’exception, un Suisse. Notre hockey s’est nourri du croisement de ces diverses philosophies étrangères.

Mais les succès récents sur la scène internationale – victoires en Ligue des champions, finales de Championnat du monde – sont désormais dus à l’émancipation par rapport aux entraîneurs étrangers. À l’émergence d’une génération entière d’entraîneurs locaux, dotés de leur propre philosophie.

Une évolution incarnée par Patrick Fischer, qui a permis à cette école suisse de percer au niveau international avec trois finales lors des Mondiaux: en 2013 comme adjoint de Sean Simpson, en 2018 et 2024 comme entraîneur principal. C’est donc bien la magie des entraîneurs helvétiques – et non plus des entraîneurs étrangers.

Patrick Fischer a tir� un bilan positif du tournoi disput� � Fribourg
Patrick Fischer est le symbole de cette nouvelle génération d'entraîneurs suisses à succès. image: Keystone

Et c'est logique: qui connaît mieux notre mentalité et les spécificités de notre hockey que les Suisses eux-mêmes?

Adaptation en français: Yoann Graber

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