La longue pause hivernale entre mi-novembre et début janvier est toujours l'occasion pour les tennis(wo)men de travailler en profondeur, que ce soit sur leur condition physique et/ou leur technique. Stefanos Tsitsipas en a profité pour faire un petit changement, outre le raccourcissement de sa coupe de cheveux.
Dès son premier tour à l'Open d'Australie, le Grec a adopté une gestuelle différente au service. La modification ne saute pas aux yeux, car elle n'est pas spectaculaire et se situe au niveau des jambes. L'actuel numéro 11 mondial applique désormais la technique dite des «relais d’appuis», comme l'a souligné le compte spécialisé sur X «Tiebreak Podcast».
🇬🇷 Tsitsipas a changé son service !
— Tie-break 🎙 (@TiebreakPodcast) February 22, 2024
Il passe d’un appui fixe à un relais d’appuis !
Hâte de voir ce que ça peut changer dans son jeu, lui qui servait déjà très bien 🎯 pic.twitter.com/vmI04NScMr
Derrière ce terme barbare se cache un concept simple: pendant que la balle est en l'air, juste avant de la frapper, Tsitsipas amène sa jambe arrière (droite) au niveau de sa jambe avant, en raclant son pied sur le sol. Ainsi, au moment de la frappe, il a ses jambes et pieds collés.
Ce n'était pas le cas avec son ancien geste, où il utilisait des «appuis fixes». Ses pieds ne bougeaient pas du sol et restaient écartés durant tout le service à la même distance (la largeur des épaules environ). C'est la technique qu'utilisait Roger Federer, par exemple. Mais elle est minoritaire sur le circuit ATP et encore davantage chez les femmes.
Il est intéressant de constater que Stefanos Tsitsipas naviguait entre les deux techniques durant le dernier Open d'Australie (où il a été battu en 8e de finale par Taylor Fritz), y compris durant un même match. Un constat qui prouve la facilité avec laquelle le Grec de 25 ans peut s'adapter. Il est, en effet, très difficile au niveau de la coordination de changer un geste qu'on a effectué des milliers de fois, ne serait-ce que sur un petit détail. Beaucoup de joueurs amateurs qui n'arrivent jamais à se débarrasser de leurs défauts techniques, malgré des heures de leçons, peuvent en témoigner...
Au tournoi de Los Cabos au Mexique cette semaine, le finaliste de Roland-Garros 2021 – qui affrontera Casper Ruud en demi-finale samedi – semble avoir définitivement opté pour les «relais d'appuis». On imagine volontiers que, s'il a opéré ce changement technique soudainement, c'est que celui-ci offre des avantages. C'est le cas, à en croire une étude de la Fédération internationale de tennis (ITF) datant de 2015.
Elle cite un autre travail qui dresse le constat que «lorsque des joueurs experts utilisent la technique de relais d’appuis, ils atteignent en moyenne des vitesses de balle supérieures (173,2 km/h contre 166,3 km/h avec les appuis écartés)». Autrement dit: une accélération moyenne de 7km/h. Elle s'explique grâce au déséquilibre provoqué par le mouvement de la jambe arrière, qui vient brusquement s'arrêter juste derrière la jambe avant. «Le blocage d’une partie d’un corps en déplacement (ici les pieds) entraîne une certaine quantité de rotation du corps», détaille l'ITF.
Outre augmenter la puissance du service, le fait de ramener la jambe arrière a un autre gros avantage: cela assure une meilleure marge pour passer par-dessus le filet, de quoi éviter les fautes.
En plus d'apporter de la sécurité, cette technique, en frappant la balle plus haut, donne davantage d'angles au serveur, qui peut ainsi varier et déborder son adversaire.
On comprend donc pourquoi beaucoup de tennismen et tenniswomen au gabarit plus petit optent pour cette gestuelle. Mais que celles et ceux qui gardent leurs pieds écartés se rassurent: leur méthode est loin d'être has been. Un certain Novak Djokovic, numéro 1 mondial, l'applique. Et il n'est de loin pas réputé pour être une pince au service. Comme pour les autres coups du tennis, la réussite est avant tout une question de bonnes sensations.