Il y a les chiffres mais ce n'est jamais ce que l'on regarde en premier chez Feliciano Lopez. Il y a d'abord cette jolie patte de gaucher que l'Espagnol maniait à sa guise, le buste fier et la cambrure aristocratique, à la façon de d'Artagnan. Il y a toutes ces montées au filet menées avec élégance, néanmoins à la hussarde, en prenant soin de ne pas ébruiter la chose.
Certes, Feliciano Lopez n'est pas devenu un héros, tout juste une étrangeté dans l'Espagne brutale et va-t-en-guerre de Rafael Nadal et David Ferrer. Arrivé dans le tennis «par hasard», sans «aucune illusion», il y a mené une vie honnête et remporté 7 titres en simple. Un peu trop tendre, sans doute. Un peu trop maniéré et bronzé pour ce monde de névrosés.
Mais il y a surtout la beauté. La beauté du geste et de ce revers slicé parfait, extrêmement naturel, que tant de rivaux ont vainement copié ou tripatouillé. La beauté plastique, aussi, tous ces entraînements disputés le torse nu et lustré, dans des effluves d'ambre solaire, à destination d'un public averti. Disons-le: Feliciano Lopez a fait plus souvent la Une de Vanity Fair que celle de Marca.
Quand Judy Murray l'a surnommé «Deliciano», elle a contribué à sa notoriété, faute de pouvoir postuler à son bonheur. Leur relation platonique est devenue un running joke du circuit ATP.
Tardy Toronto tweet. Me to Feli "u got engaged?". Feli : "yes. Getting married next summer". Me :"I'm devestated". Feli : "hahahha". Huh.
— judy murray (@JudyMurray) August 10, 2014
Quelques chiffres tout de même: «Feli» Lopez a passé 24 années chez les pros, où il a cumulé 79 participations consécutives à un Grand Chelem. Il plie bagage à 41 ans, quasiment au même âge que Roger Federer, en faisant beaucoup de déçu(e)s, lui aussi. Le tennis perd coup sur coup ses deux plus beaux gosses revers slicés.