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Medvedev-Tsitsipas à Vienne: pourquoi tant de haine?

Daniil Medvedev, left, of Russia is congratulated by Stefanos Tsitsipas of Greece following their semifinal match at the Australian Open tennis championships in Melbourne, Australia, Friday, Jan. 28,  ...
La poignée de main est rarement un moment de plaisir pour les deux joueurs (ici en 2022). Image: AP

Medvedev-Tsitsipas: pourquoi tant de haine?

Le Russe et le Grec, qui s'affrontent en demi-finale du tournoi de Vienne ce samedi, se détestent depuis toujours. Même leur premier match a tourné au vinaigre.
28.10.2023, 11:3028.10.2023, 17:50
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La dernière fois que Daniil Medvedev et Stefanos Tsitsipas se sont croisés hors d'un court de tennis, c'était en mai dernier sur une passerelle du tournoi de Rome, et ils ne s'étaient même pas calculés.

La scène n'avait pas vraiment étonné ceux qui suivent le tennis, car l'animosité entre le Russe et le Grec est de notoriété publique. Comme on dit dans les agences de voyages: «Ils ne partiront pas en vacances ensemble». Mais pourquoi tant de haine?

L'inimitié entre les deux hommes a éclaté dès le premier de leurs douze duels (le Moscovite mène 8 victoires à 4). C'était en 2018 à Miami. Ils étaient jeunes et pas aussi connus qu'aujourd'hui, mais déjà très remontés l'un contre l'autre. Medvedev n'avait pas du tout apprécié l'attitude de Tsitsipas ce jour-là. Il lui avait reproché d'avoir marmonné «bullshit Russian» («Russe de merde») puis d'avoir profité d'une longue pause aux toilettes et, last but not least, de ne pas s'être excusé après que l'une de ses balles a touché la bande du filet. «Mec, tu ferais mieux de fermer ta gueule, ok?», avait fini par lâcher Medvedev. Il avait ensuite pris l'arbitre à témoin en lui disant que Tsitsipas était «un petit enfant qui ne sait pas se battre».

L'altercation en vidéo

Vidéo: watson

Tsitsipas s'en était voulu d'avoir insulté son adversaire. Il avait mis sa réaction sur le compte de la colère face à un joueur qui, pensait-il, avait tenté de le déstabiliser sciemment.

Daniil et Stefanos sont restés sages lors de leurs deux matchs suivants, on a même pensé que leur premier rendez-vous n'était qu'un accident de parcours, avant qu'une nouvelle polémique n'éclate à l'Open d'Australie 2022.

Cette année-là, le Russe s'est plaint du comportement d'Apostolos Tsitsipas, le père et l'entraîneur du 5e mondial, coupable selon lui de parler lors de chaque point. Medvedev est même intervenu de manière virulente auprès de l'arbitre pour lui demander d'intervenir.

Stefanos a fini par être averti pour coaching après qu’une officielle a été mandatée en tribunes afin de surveiller les agissements du papa-coach. Evidemment, cela a fortement déplu au Grec qui, une fois en conférence de presse, ne s'est pas gêné pour dire tout le mal qu'il pensait du comportement de son rival:

«Je ne fais pas attention à ce genre de choses, car je sais que certains joueurs font ça pour vous sortir du match mentalement. Ce n’est pas la personne la plus mature, de toute façon…»

Ces échanges de coups laissent deviner deux personnalités distinctes, à la fois dans le jeu et dans la vie. Une impression confirmée par le journaliste Christian Despont, triple lauréat du Prix Denis-Lalanne (récompensant le meilleur article écrit en salle de presse pendant Roland-Garros). Voici ce qu'il dit:

Sur la différence dans le jeu

«Tsitsipas est un joueur solide, avec un style moderne assez conventionnel, et possède une belle frappe des deux côtés. Il vit parfois très mal ses échecs, mais il a travaillé sur lui ces deux dernières années. Medvedev, pour sa part, est beaucoup plus créatif, avec un jeu qui n'est pas du tout académique, donc imprévisible. C'est un cérébral sur le court. Il entre dans la tête de l’adversaire comme s'il disputait une partie d'échecs. C'est un joueur très volcanique, toujours à fleur de peau.»

Sur la différence dans la vie

«Tsitsipas vit dans son monde, côtoie peu les autres, prend volontiers des postures intellos et revendique sa différence (pas forcément toujours surjouée) avec des photos concepts et en citant des philosophes. Medvedev, quant à lui, n'est pas forcément ami avec tout le monde, mais il est plus ouvert (d’autres diront moins arrogant). Il possède une parfaite maitrise des langues et fait preuve de beaucoup d’esprit dans ses discours. Et puis, il a quitté sa famille très tôt pour aller à Cannes, tandis que Tsitsipas est resté très proche de son père, ce qui le fait parfois passer pour un fils à papa.»

La rivalité entre les deux joueurs, nés à deux ans d'intervalle, est désormais tellement ancrée qu'une page Wikipedia lui est consacrée. C'est que le Russe (27 ans) et le Grec (25 ans) ne manquent jamais une occasion de s'invectiver, même quand ils ne partagent pas le même terrain.

C'est arrivé lors du dernier tournoi de Dubaï, début mars. Ce jour-là, Medvedev a battu son ami Andrey Rublev en finale. Lors de son discours d'après-match, le lauréat a décrit Rublev comme «l'un des joueurs les plus habiles» avant d'ajouter, facétieux:

«Je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps, un joueur a dit qu'Andrey avait peu d'armes. J'ai lu cela et je me suis demandé comment on pouvait dire une chose pareille. À mon avis, Andrey est l'un des joueurs les plus habiles du circuit. Il n'a pas encore exploité tout son potentiel, mais je suis sûr qu'il peut gagner des tournois du Grand Chelem. J'espère qu'il pourra battre le gars qui a dit cela de nombreuses fois!»

L'intervention de Medvedev à Dubaï

Vidéo: watson

Le «gars qui a dit cela de nombreuses fois» est évidemment Stefanos Tsitsipas...

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