Marco Trungelliti n'a jamais intégré le Top 100 du classement ATP. Son meilleur ranking: une 112e place, occupée début 2019, juste après ses révélations chocs au sujet des matchs truqués.
Dans une interview, déjà accordée à La Nacion, il avait tout déballé. Les contacts avec les escrocs, prêts à financer sa carrière, et son choix fort de dénoncer tout un programme de trucages auprès de la Tennis Integrity Unit. Suite à cela, trois joueurs – Patricio Heras, Nicolas Kicker et Federico Coria – avaient écopé de lourdes sanctions.
À l'époque, les révélations avaient fait grand bruit, et très vite, Trungelliti était devenu un paria. Qualifié de «taupe» ou même de «pleurnichard», il avait reçu de nombreuses menaces, le poussant à quitter l'Argentine pour s'installer en Europe. Seul contre tous, il avait vu de nombreuses portes se fermer à lui.
De retour au pays, pour enfin disputer un match sur le territoire national, après toutes ces années, Marco Trungelliti n'a une nouvelle fois pas mâché ses mots, dans l'interview qu'il a accordé au plus grand quotidien de Buenos Aires. Selon le joueur, la corruption continuerait de dénaturer le tennis, et rien n'aurait changé depuis ses révélations.
Les conditions précaires des joueurs classés au-delà de la 100e place seraient la raison pour laquelle certains acceptent les propositions de matchs truqués. Et c'est là que Trungelliti charge Roger Federer qui, selon lui, aurait pu, ou aurait dû, faire entendre la cause des «galériens» du circuit.
Nadal, lui non plus, n'est pas épargné. Trungelliti le cite aux côtés de Federer, ce qui détonne, tant les commentaires négatifs au sujet de ces deux stars ne sont pas légion.
L'actuel 236e joueur mondial regrette que le gâteau ne soit pas mieux partagé, d'autant que le tennis sort d'une période faste, qui a vu les plus grands de ce sport rafler des prize money toujours plus conséquents.
À l’inverse, Marco Trungelliti est élogieux envers le serbe Novak Djokovic, qui a pris position et s’est engagé à faire évoluer les choses, en créant la Professional Tennis Players Association (PTPA). Un syndicat, qui propose des aides financières aux joueurs classés jusqu’à la 500e place.
Vasek Pospisil, le joueur avec qui Novak Djokovic a mis sur pied la PTPA. Le Canadien avait planché de longs mois sur le projet, pendant qu'il était blessé. Ce que Trungelliti juge «plus respectable» qu'un Federer, qui «a quitté le tennis et n'est revenu que pour la Laver Cup».
Fin août, nous apprenions la mise en place du programme «Baseline». Avec cette initiative, l’ATP souhaite garantir un revenu minimum pour les joueurs classés parmi les 250 meilleurs mondiaux. Et ainsi éviter les scandales, comme celui entourant le Français Alexis Musialek, banni à vie pour avoir truqué 39 rencontres. De quoi redonner un peu le sourire à Marco Trungelliti.