Avec la retraite de Roger Federer en septembre dernier, Ivan Ljubicic avait dû momentanément ranger ses raquettes. Le Croate, coach du Maître de 2015 jusqu'au tout dernier match de celui-ci à la Laver Cup, avait soudainement perdu son job principal. Mais ses affaires de tennis ne prendront pas la poussière: il vient d'être engagé par la fédération française (FFT) et prendra ses nouvelles fonctions dès janvier.
Son rôle? Directeur de la mission «Ambition 2024». Plus concrètement, Ljubicic s'occupera des grands espoirs du tennis tricolore âgés de plus de 14 ans. Avec, comme premier grand objectif à moyen terme, les Jeux olympiques de Paris dans un an et demi.
Le président de la FFT, Gilles Moretton, voit le Croate comme un homme providentiel. ««Son approche du tennis, tournée vers la performance, à chaque instant et jusque dans le moindre détail, est animée par cette culture de la gagne que nous souhaitons insuffler à nos espoirs français», s'enthousiasme le boss dans L'Equipe.
L'ex-numéro 3 mondial aura comme tâche d'aider les jeunes tennismen français à obtenir de meilleurs résultats sur le circuit. Car malgré un gros vivier de joueurs talentueux et des structures développées, les représentants de l'Hexagone peinent à s'imposer à tout haut niveau. Le Français le mieux classé n'est que 44e mondial (Arthur Rinderknech) et le pays attend un sacre en Grand Chelem chez les messieurs depuis... 1983 (Noah à Roland-Garros).
Ivan Ljubicic voit une métaphore footballistique avec cette situation anormale:
Le Croate complète: «Il y a quelque chose qui ne va pas, qui n'est pas normal. Je n'ai aucune idée du pourquoi, et ça va être mon boulot d'aller en profondeur pour analyser et développer certaines idées le plus vite possible.»
Malgré ce qu'il avance, Ivan Ljubicic a une petite intuition pour expliquer le blocage des Français. Celui-ci serait d'ordre psychologique. «Je vais essayer de faire prendre conscience aux jeunes qu'ils peuvent vraiment le faire, qu'ils peuvent être ambitieux, qu'ils peuvent avoir des buts élevés, anticipe l'ancien entraîneur de Federer. Ce sentiment a peut-être été perdu ces dix-quinze dernières années en France.»
On peut souhaiter à nos voisins le même succès que notre «Rodgeur» a eu en collaborant avec Ljubicic. Avec le coach croate, le Bâlois a remporté trois titres du Grand Chelem (Open d'Australie et Wimbledon en 2017, et Open d'Australie en 2018) après une longue période de disette (son dernier sacre remontait à Wimbledon 2012). Il avait aussi retrouvé la place de numéro 1 mondial.
A côté de son job principal à la fédé française, Ivan Ljubicic – résident de Monaco – continuera d'être consultant pour une télé italienne sur les tournois de Monte-Carlo, de Rome et lors du Masters de Turin. Il aura aussi toujours un œil sur l'académie qu'il dirige en Croatie.