Le 11 juin dernier face aux Etats-Unis, Granit Xhaka est entré un peu plus dans l'histoire du football suisse en honorant sa 137e sélection, ce qui constitue un record chez les garçons. Ce chiffre impressionnant fait toutefois pâle figure à côté de ceux enregistrés chez les femmes de la Nati: Ana-Maria Crnogorcevic possède 171 sélections et Ramona Bachmann 153. Derrière elles, on trouve encore des joueuses avec 131 (Noelle Maritz) et 130 (Lia Wälti) sélections.
Comment expliquer que les footballeuses aient bien plus d'apparitions que les garçons? On pourrait penser que cela tienne au nombre de matchs disputés par les deux sélections (hommes et femmes). Mais ce n'est pas aussi simple. On a recensé toutes les parties disputées par les deux équipes depuis 10 ans et voici le résultat:
Les femmes ont donc joué sept rencontres de plus que les garçons en dix ans, ce qui n'est pas suffisant pour expliquer pourquoi Ana-Maria Crnogorcevic a 34 sélections de plus que Granit Xhaka.
Une des raisons pourrait se trouver dans la pyramide du football suisse. Alors que les jeunes talents masculins peuvent se développer au sein des sélections moins de 21 ans et moins de 20 ans, les femmes doivent faire le grand saut dès qu'elles ont quitté les moins de 19 ans, puisqu'il n'existe pas d'autres catégories espoirs. Elles sont ainsi très tôt intégrées à l'équipe A.
Cela explique pourquoi la Nati féminine possède des joueuses aussi jeunes que Sydney Schertenleib (18 ans), Iman Beney (18 ans), Noemi Ivelj (18 ans), Leila Wandeler (19 ans), Smilla Vallotto (20 ans), Riola Xhemaili (21 ans), Alayah Pilgrim (21 ans) ou encore Nadine Böhi (21 ans). Autant de talents qui ont déjà commencé à compiler les sélections avec l'équipe nationale.
Enfin, la concurrence étant moins forte chez les femmes que chez les hommes, les footballeuses ont plus de chance d'être titulaires pendant de longues années, et donc de jouer souvent. Une théorie confirmée par les chiffres: selon l'Association Suisse de Football (ASF), il y a actuellement plus de 41 000 joueuses licenciées dans le pays contre plus de 325 000 chez les garçons.
Ces explications ne valent pas seulement pour la Suisse. Dans la plupart des grandes nations du football, les footballeuses ont plus de sélections que leurs homologues masculins, et de loin. So Foot rappelait récemment qu'aux Etats-Unis, «Kristine Lilly (354) enterre Cobi Jones (164). En France, Eugénie Le Sommer (200) devance Hugo Lloris (145). En Allemagne, Birgit Prinz (214) surpasse Lothar Matthäus (150). Aux Pays-Bas, Sherida Spitse (247) fait mieux que Wesley Sneijder (134). Même au Brésil, Formiga (234) devance Cafu (142).»
Ce vendredi soir contre l'Espagne (21h), en quart de finale de l'Euro féminin 2025, Crnogorcevic, Maritz et Wälti vont enregistrer une sélection supplémentaire. La première accroîtra son avance sur Granit Xhaka, les deux autres dépasseront bientôt le milieu de la Nati masculine.