Il dit lui-même qu'il avait jeté ses raquettes à la poubelle et que dans sa tête, le tennis, c'était fini. Qu'il n'avait plus le goût de jouer et l'humilité de perdre. Qu'il picolait toute la nuit en cachette et que s'il continuait comme ça, il finirait «à Sainte-Anne chez les fous». Comme le raconte un magnifique article de Quentin Moynet dans L'Equipe en mars 2023, Lucas Pouille était perdu pour le sport. A seulement 28 ans.
L'article raconte qu'un entraînement avec Pierre-Hugues Herbert, presque par hasard, en octobre dernier, l'a relancé. Lucas Pouille s'est repris au jeu et le revoilà à Roland-Garros, où il survécu à la grande étripée des «qualifs». C'était ce jeudi 25 mais, sur un court no 14 archi-comble. Les scènes sont de celles que l'on voit plutôt le dernier dimanche du tournoi: un stade qui ovationne, un vainqueur qui craque, une compagne qui pleure, des caméras qui tournoient.
Localisé aux environs de la 670e place à l'ATP, Lucas Pouille a jailli de nulle part pour réintégrer le tableau principal d'un Grand Chelem. Jeudi, il n'a battu «que» Jurij Rodionov, 134e mondial (1-6 7-5 6-0), mais des larmes coulaient déjà sur ses joues dans les derniers échanges. Puis les ramasseurs de balle lui ont réservé une haie d'honneur dans les couloirs, que le joueur a traversée avec sa fille dans les bras:
Lucas Pouille carrying his daughter after qualifying for Roland Garros is just so wholesome.
— The Tennis Letter (@TheTennisLetter) May 25, 2023
This man has been through the ringer.
He’s been knocked down by alcoholism & depression
But be sure of this… he’s standing back up. 🥹
pic.twitter.com/HVl8oV8Acj
Lucas Pouille a battu Nadal à l'US Open, il a donné le point décisif à la France lors de son sacre en Coupe Davis (2017), mais de nombreux experts lui prédisaient une plus grande carrière. Souvent blessé, pas très bosseur, le Français (ex top 10) a arrêté sa carrière parce que le tennis le rendait «glauque» et «fou». Il l'a reprise exactement pour les raisons inverses.