Roger Federer tourne une série pour son sponsor Uniqlo, un road trip intitulé «24 Hours with Roger in New York». Au programme: visite de musée, dégustation de pizza, partie d'échecs à Columbus Park avec un petit garçon et leçon de tennis à des enfants.
Cette partie - sans surprise - est la plus intéressante, notamment le dialogue qui s'engage entre le champion et une jeune fille alerte. Cette dernière demande: «Quel est le joueur qui t'as donné le plus de mal?»
Federer: «J'ai le plus lutté contre Rafa. Ouais, juste à cause de son lift et du fait qu'il soit gaucher, tu sais. Tu aimerais jouer contre des gauchers?»
La jeune fille: «Non.»
Federer: «Voilà.»
Tout le monde connaît le respect, sinon l'affection, que le Bâlois porte à son éternel rival. Mais cette phrase ravivera de vieux souvenirs chez ceux qui, les soirs de défaite, entendaient Federer insinuer que si Nadal était droitier, il n'aurait pas la moindre chance contre lui. D'autres l'ont pensé ou l'ont dit (Agassi).
C'est un débat ressassé mille fois: le coup droit croisé d'un gaucher atteint presque machinalement le revers d'un droitier. De surcroît, Nadal donnait à sa balle une rotation extrême (mais n'est-ce pas aussi un talent?) qui rendait cette balle particulièrement lourde et haute. Son lift de gaucher surpuissant, nourri aux épinards, a anéanti de nombreuses velléités, jusqu'au revers slicé de Federer (l'un de ses coups de maître).
Et néanmoins... S'il était si facile d'être gaucher, pourquoi Nadal fut-il le seul à ce niveau pendant si longtemps? Autre théorie soulevée par son oncle et mentor Toni: «Rafa rencontre exactement les mêmes problèmes contre les droitiers.» D'un point de vue géométrique, cette réponse est imparable.
Et puis, tout bien considéré, Nadal n'était pas un adversaire timide et vite découragé, il ne se débrouillerait pas si mal en défense, ses passings étaient corrects, sa volée pas maladroite et son sens tactique plutôt dégourdi. Oder?