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Jasmine Paris, première femme finisheuse de la Barkley

Cette femme est la première à finir le trail le plus dur du monde

Jasmine Paris, une Ecossaise de 40 ans, est devenue la première féminine à terminer la Barkley, connue pour être l'un des trails les plus redoutables. Une course spéciale, que l'on doit à un homme qui détonne dans le milieu du trail.
25.03.2024, 18:4927.03.2024, 20:12
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Elle fascine autant qu'elle effraie. Elle, c'est la Barkley. Une course insensée, que peu de coureurs parviennent à dompter. Depuis sa création en 1986, seuls vingt traileurs ont ainsi été capables de la terminer.

La distance de 160 kilomètres ainsi que le dénivelé de près de 20'000 mètres, soit le double de l'UTMB, rendent l'épreuve affreusement difficile. Mais cela n'explique qu'en partie pourquoi si peu de personnes parviennent à rallier l'arrivée. D'autres éléments entrent en ligne de compte, notamment le nombre de participants. Ils ne sont qu'une quarantaine chaque année. Gary Cantrell, l'inventeur de cette course folle, préserve son rendez-vous: on y court comme aux débuts de l'ultra-trail, aux antipodes des événements «commerciaux».

La Barkley Marathons impose également une barrière horaire difficile à tenir. 60 heures, et pas une seconde de plus. Tout cela alors que les traileurs n'ont aucune idée de l'heure de départ. Cantrell lance sa course lorsqu'il le désire, entre midi et minuit, en allumant une cigarette qu'il prend le temps de savourer. Mais surtout, l'épreuve s'apparente à une immense course d'orientation. Le parcours n'est pas balisé. Il n'est dévoilé que quelques minutes avant que les fauves ne soient lâchés. Les concurrents ne disposent que d'une feuille et d'un crayon pour tenter de le recopier. Et lorsqu'ils s'aventurent enfin dans la forêt de Frozen Head, Tennessee, ils sont livrés à eux mêmes. Les repères sont inexistants, surtout dans la longue nuit du mois de mars, qui meurtrit les corps en raison du froid.

Puis dès que l'on pense enfin s'accommoder des lieux, l'organisateur inverse le sens des cinq boucles à parcourir. Histoire de déboussoler davantage ceux qui n'ont pas encore abandonné.

«On ne vient pas à la Barkley pour la facilité», martelle Gary Cantrell - connu dans le milieu de la course à pied sous le nom de Lazarus Lake - à chaque édition. Cet homme atypique, ancien coureur longue distance, a créé ce trail en s'inspirant de l'évasion de James Earl Ray, l'assassin présumé de Martin Luther King, de la prison voisine de Brushy Mountain. Ce dernier n'avait couru que 19 kilomètres en 55 heures avant d'être repris. Soit rien pour Cantrell, qui lorsqu'il était jeune, aurait pu s'enfuir bien plus loin grâce à ses capacités athlétiques et à son excellente connaissance du terrain. Il aurait bien fait 100 miles selon ses dires, soit la distance de la Barkley.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce barbu effrayant n'éprouve aucun plaisir à voir souffrir les gens. Il cherche simplement à rendre la situation plus stressante mentalement pour les coureurs. Il apprécie surtout les histoires que peuvent lui conter les participants. C'est pour cela qu'il sélectionne les heureux élus sur lettre de motivation parmi des milliers de demandes. Qu'il leur réclame une plaque d'immatriculation en provenance de leur pays, en plus du tarif d'inscription, qui ne s'élève qu'à 1,60 $, soit un cent du kilomètre. Et c'est sans doute aussi pour cela qu'il dissémine des livres aux quatre coins de la forêt, en guise de check-point.

Lazarus Lake et sa fameuse cigarette ⬇️

Nul doute que l'inventeur de la Barkley a dû apprécier l'histoire de Jasmine Paris. La Britannique est devenue la semaine dernière la première femme à terminer cette mythique épreuve. Un exploit retentissant, salué dans le milieu de la course à pied et du trail. L'athlète de 40 ans est parvenue à boucler sa course en 59'58"21, à moins de deux minutes de la barrière horaire. Autant dire que la disqualification était proche.

D'autant qu'avec Gary Cantrell, dit Lazarus Lake, pas de passe-droit. L'homme n'est pas du genre à repêcher un coureur. Demandez à Gary Robbins, éliminé pour six secondes en 2017.

Mais revenons à Jasmine Paris. Cette spécialiste des courses extrêmes n'en était pas à sa première tentative. Présente au départ de la Barkley en 2022 et 2023, elle avait atteint l'an passé la quatrième boucle, ce qu'aucune femme n'avait réalisé depuis 2001. Elle avait ensuite abandonné, mais ne lui parlez pas d'échec pour autant. Si cette femme, mère de famille, scientifique et vétérinaire, se sentait en mesure de réaliser un tel exploit en fin de semaine dernière, c'est grâce à l'expérience acquise au cours des précédentes éditions.

Jasmine Paris, finisheuse cette année au même titre que quatre autres concurrents (un record!), aura longtemps joué avec les nerfs de ses suiveurs. A l'amorce du dernier tour, elle disposait de bonnes chances de terminer. D'autant qu'elle s'est élancée dans la dernière boucle dans le sens des aiguilles d'une montre, un itinéraire jugé plus facile. Elle peut pour cela remercier Jared Campbell. Les coureurs sont tenus d'évoluer dans des sens opposés lors du cinquième tour, et le double vainqueur de l'épreuve l'a attendue pour lui offrir le choix de la direction.

Les minutes passant, plus personne ne la voyait rentrer dans les délais. Jusqu'à ce qu'elle finisse par toucher la mythique barrière jaune, matérialisant la ligne d'arrivée, jeudi à 22h17 heure suisse à quelques secondes près. Jasmine Paris, première de l'Ultra Tour Monte Rosa à Grächen (VS) en 2021, est apparue exténuée, à bout de force. Ses derniers kilomètres ressemblaient à des sprints en montée pour ne plus perdre la moindre seconde, «alors que son corps lui criait d'arrêter». A l'arrivée, ses jambes éraflées témoignaient de la dureté de la Barkley. Une course mystique et spirituelle lors de laquelle les concurrents tracent eux même leur propre chemin, hors des sentiers battus.

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