Il n'a jamais fallu grand-chose pour que Carlos Varela se mette en colère. En 1995, le Suisse d'origine espagnole fait ses débuts à Servette à l'âge de 18 ans. Pendant les 15 années suivantes, il arpente les stades de Super League avec différentes équipes (Bâle, Aarau, Young Boys et Xamax) et fait les gros titres aussi bien grâce à ses qualités de footballeurs que pour ses coups de sang.
Doté d'une vitesse et d'une qualité de dribble hors normes pour le championnat suisse, le natif de Genève a toutefois les nerfs fragiles. Rapidement, il acquiert la réputation d'un joueur sanguin et provocateur.
Même ses coéquipiers le craignent: Omar Ismaeel, ex-latéral bahreïni de Neuchâtel Xamax, a un jour avoué au magazine Zwölf qu'il lui avait fallu sept mois avant d'oser enfin parler à Varela.
Si presque tous les coups de sang de Carlos Varela sont aujourd'hui oubliés, au moins l'un d'entre eux restera à jamais gravé dans la mémoire collective du football suisse. Il s'est produit dès le premier match de la saison 2008/09, quand le Genevois portait le maillot de Young Boys.
Après la défaite 2-1 à domicile contre son ex-club, le FC Bâle, Varela, furax, analyse le match au micro de la radio bernoise «BE1». «Nous avons zéro point et eux en ont trois sans jouer. Ils ne savent faire que des balles arrêtées, ça m'énerve!», s'emporte-t-il. Mais ce n'est pas fini:
Puis le numéro 19 des Bernois tente de se calmer, en philosophant: «Nous n'en sommes qu'au début de la saison et nous devons oublier le résultat...» Tout à coup, un Bâlois passe derrière en criant toute sa joie. Et là, Varela craque au micro en suisse-allemand, en direct:
Des propos que l'on peut traduire par:
Bam! Une phrase pour la postérité qui vaut à Carlos Varela la sympathie et les rires de tout le pays, sauf à Bâle évidemment.
Loin de mettre fin à l'interview, Varela tient à clarifier son coup de sang:
Le journaliste, sans doute un peu choqué par ce qui vient de se passer, conclut cette discussion à l'antenne par un sobre et courtois «Ok Carlos, merci beaucoup».
Les grosses colères de Carlos Varela n'ont pas cessé avec son départ de Young Boys. Il y a surtout celle, mémorable, de septembre 2010: alors qu'il porte le maillot de Neuchâtel Xamax, l'ailier droit s'en prend à un arbitre assistant dans les vestiaires. Il écope de trois matchs de suspension. C'en est trop pour lui: se sentant injustement traité par la ligue, il demande la résiliation immédiate – qu'il obtient – de son contrat avec le club neuchâtelois. Départ pour Washington et la MLS.
Revenu après moins de quatre mois en Suisse, Carlos Varela a encore porté les couleurs de Servette, Wohlen et Köniz, où il a mis fin à sa carrière en janvier 2016.
Désormais âgé de 45 ans, il est consultant pour la chaîne blue Sports. Même s'il s'est assagi, sa franchise et ses petits coups de gueule (notamment contre les arbitres) à l'antenne prouvent qu'il n'a pas entièrement perdu son tempérament de feu...