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Agriculture: pourquoi l'USP combat l'initiative pour le paysage

Pourquoi les agriculteurs combattent l'initiative pour le paysage

Depuis des années, les constructions hors des zones à bâtir figurent parmi les priorités de nos dirigeants. Les exploitations agricoles sont notamment concernées. L'Union suisse des paysans plaide pour plus de flexibilité.
11.01.2023, 18:4511.01.2023, 18:45
Chiara Stäheli / ch media
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En Suisse, on ne peut construire qu'à des endroits bien précis: les zones à bâtir. Mais en réalité, près d'un quart de tous les bâtiments du pays se trouvent en dehors de ces zones, ce qui représente près de 600 000 constructions. Selon les données de l'Office fédéral du développement territorial, environ un tiers d'entre elles sont des habitations.

Beaucoup de ces bâtiments sont liés à l'agriculture. Les paysans sont concernés par les zones dites agricoles. Ils ont l'autorisation d'y construire des bâtiments, selon certaines conditions.

La séparation entre zones ancrée dans la Constitution?

Si l'on en croit les auteurs de l'initiative populaire «Contre le bétonnage de notre paysage», il sera beaucoup plus difficile à l'avenir de construire hors zone à bâtir. Ils veulent ancrer dans la Constitution la séparation des zones constructibles et non constructibles.

L'objectif de l'initiative dite «pour le paysage» est de mettre fin à l'augmentation du nombre de bâtiments et de la surface bétonnée. Les initiateurs, dont Pro Natura, Bird Life et la Fondation pour la protection et l'aménagement du paysage, veulent ainsi mettre un terme à «l'invasion progressive de la zone agricole par les constructions».

Pour un aménagement plus flexible

L'Union suisse des paysans (USP) soutient le principe de réserver les zones agricoles aux cultures. En conférence de presse, le président de l'USP, Markus Ritter, a déclaré:

«Nous, les agriculteurs, voulons pouvoir nous adapter à l'évolution de la demande et aux exigences croissantes envers notre production»
Markus Ritter, président de l'USP
Markus Ritter, Mitte-SG, spricht waehrend der Herbstsession der Eidgenoessischen Raete, am Donnerstag, 29. September 2022 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Markus Ritter est conseiller national (SG/Centre). Image: keystone

Ce qui implique que la loi sur l'aménagement du territoire soit suffisamment flexible à leur égard. Markus Ritter souhaite que le Parlement saisisse l’opportunité et fixe, dans le cadre de la révision de la loi sur l'aménagement du territoire, le cadre juridique qui permette à l'agriculture d'innover et d'entreprendre.

«Tout le monde en profitera: les animaux disposeront d’étables plus grandes, avec plus de lumière, d’aération et d’espace pour bouger, les familles paysannes pourront travailler plus efficacement et toucheront de meilleurs revenus et la population profitera de denrées alimentaires locales à prix abordables et d’une grande offre d’activités proches de l’agriculture»
Markus Ritter, président de l'USP

L'agriculture est consciente «qu'elle contribue également à la perte de terres cultivables par ses activités de construction, ajoute le directeur de l'association Martin Rufer. Mais les paysans sont très respectueux de leurs terres». Après tout, le sol est la base de la culture.

Dans les mains du Conseil national

Elena Strozzi est directrice de campagne pour l'Initiative pour le paysage. Elle indique que le comité d'initiative est d'accord pour exclure l'agriculture de l'objectif de stabilisation des surfaces bâties et peut comprendre les explications de Markus Ritter et de Martin Rufer:

«Nous n'avons rien contre le fait que l'agriculture agrandisse judicieusement les bâtiments existants ou les remplace par de nouveaux si cela est nécessaire pour l'exploitation»
Elena Strozzi

En attendant, Elena Strozzi estime que les cantons et la Confédération doivent accomplir leur devoir, ce qui permettrait d'agrandir les étables ou d'en construire de nouvelles ailleurs:

«Il existe dans notre pays de nombreuses étables et granges non protégées qui ne sont plus utilisées. Elles doivent être démolies»
Elena Strozzi

La commission de l'environnement du Conseil national se penche sur la révision de la loi sur l'aménagement du territoire, adoptée en juin par le Conseil des Etats comme contre-projet indirect à l'initiative pour le paysage.

Elena Strozzi espère «que le Conseil national résoudra les contradictions contenues dans la proposition du Conseil des Etats et supprimera certaines exceptions». Comme la possibilité à l'avenir de transformer pratiquement sans limite des bâtiments agricoles inutilisés en logements.

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