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Omicron: faut-il abandonner les mesures Covid et embrasser la 5e vague?

Sailboat in front of a tsunami
Image: Shutterstock / montage: saïnath bovay
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Faut-il lever les mesures Covid et prendre la vague de plein fouet?

Pour le moment, le Conseil fédéral, qui s'exprimera mercredi, regarde passer la vague Omicron sans broncher. Mais pourquoi ne pas aller plus loin? Pourquoi ne pas serrer les dents, lever les mesures et atteindre au plus vite l'immunité collective?
11.01.2022, 06:1111.01.2022, 07:00
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La 5e vague s'abat sur nous depuis plusieurs semaines, pourtant le Conseil fédéral a décidé de ne rien décider. Alain Berset a tweeté deux fois durant les vacances de fin d'année pour le faire savoir. La Suisse va-t-elle donc traverser le tsunami Omicron sans nouvelles mesures, sans nouvelles fermetures? Chaque jour qui passe rend ce scénario plus probable.

«Mettre de nouvelles restrictions en place maintenant ne serait pas très efficace, à moins qu'elles soient spectaculaires, ce qui semble exclu d'un point de vue politique», pointe le virologue de l'EPFL Didier Trono. Pour le spécialiste, il vaut donc mieux insister sur la responsabilité individuelle et inciter les Suisses à tout faire pour ne pas contaminer leurs concitoyens.

Tout en listant une série de mesures qui pourraient avoir un effet rapide - imposer le port du masque à l’extérieur dans les endroits peuplés, minimiser les rassemblements et accélérer le rythme de la vaccination - Didier Trono souligne:

«Le temps que des solutions plus drastiques soient mises en place et qu'elles aient un impact, la vague sera probablement passée»
Didier Trono, virologue de l'EPFL

Attendre de voir ce qu'il va se passer et ne rien faire pour le moment paraît donc être la stratégie actuelle du Conseil fédéral, selon le vaccinologue Alessandro Diana. «Tant que le système sanitaire tient la route, pourquoi mettraient-ils en place des mesures qui vont nuire à l'économie?», observe-t-il.

Ne pourrait-on pas «tout lâcher»?

Les dernières études décrivent en effet Omicron comme moins dangereux que ses prédécesseurs. Si les infections flambent, le taux d'hospitalisation reste, lui, plutôt stable. Alors si le nouveau variant ne surcharge pas les soins intensifs, ne pourrait-on pas envisager d'aller encore plus loin et d'assouplir les mesures?

«Aujourd'hui, on serait prêts à tout lâcher pour atteindre l'immunité collective plus rapidement», reconnaît Alessandro Diana. Il rappelle que tant que le système sanitaire ne s'effondre pas, les destins individuels passent au second plan.

«Pour la santé publique, qu'Alessandro Diana, 52 ans, décède du Covid, ça n'a aucune importance»
Alessandro Diana, vaccinologue

Surtout que, selon lui, les non-vaccinés ont, aujourd'hui, largement eu le temps de prendre conscience des risques: «Le vaccin est accessible à tous et ils ont eu suffisamment d'informations pour se décider.»

Un «faux sentiment de sécurité»

Le spécialiste met toutefois en garde contre «l'euphorie» liée à Omicron. «La bonne nouvelle, c'est que ce variant est moins dangereux. Mais le problème, c'est qu'il donne un faux sentiment de sécurité.» En effet, selon les prévisions pour la Suisse de l'IHME, un institut de statistiques spécialisé dans la santé publique, la 5e vague n'a pas encore atteint son pic et la véritable surcharge du système hospitalier est attendue pour fin janvier, début février. Ainsi, Alessandro Diana l'affirme:

«Nous allons vivre des semaines vraiment sensibles, ce n'est pas le moment de lâcher les mesures»

Même son de cloche du côté de Didier Trono: «C'est vrai, on pourrait dire: on lâche tout, comme ça, c'est fait, un peu comme chez le dentiste.» Pourtant le virologue met en garde. A ses yeux, il y a trois arguments qui appellent à la prudence et à ne pas abandonner toutes les mesures d'un coup:

  1. «Beaucoup de gens seraient malades en même temps, il y aurait donc des services essentiels qui ne pourraient plus être assurés pendant trois semaines.»
  2. «Peut-on se permettre d'avoir 25 000 personnes admises à l'hôpital toutes en même temps? D'après mes collègues dans les hôpitaux, c'est impossible. Surtout que les soignants seront eux-mêmes infectés et donc absents
  3. «Dans notre société, il y a des gens qui ne peuvent pas se vacciner pour des raisons de santé. Eux sont dépendants de l'immunité collective. Si on lâche les fauves maintenant, il y aura de la casse chez ces personnes.»

Didier Trono confirme, lui aussi, que le raz de marée Omicron continuera à déferler sur la Suisse dans les semaines à venir. Une bonne nouvelle devrait toutefois nous attendre au bout du tunnel:

«D'ici à deux mois, on aura fait le tour de cette vague et il est vraisemblable que l'infection devienne endémique. Sauf s'il y a un nouveau variant»
Didier Trono, virologue
A court de masques, elle se déshabille et utilise sa robe à la place
Video: watson
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