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Valérie Dittli et ses impôts: il y a un éléphant dans le salon

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L’«affaire Dittli» suit une évolution qui tend à privilégier l’accessoire au principal.Image: KEYSTONE
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Dittli et ses impôts: il y a un éléphant dans le salon et les rideaux font diversion

Une expertise commandée par Valérie Dittli la blanchit. Mais de quoi, au juste? Le problème central posé par ses allers-retours fiscaux entre Zoug et Vaud est celui de la confiance.
13.03.2023, 22:3514.03.2023, 06:49
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L’«affaire Dittli» suit une évolution qui tend à privilégier l’accessoire à l'essentiel. L’attention porte beaucoup, ces derniers jours, sur la couleur des rideaux du salon et peu sur l’éléphant qui s’y trouve. La nouvelle, lundi, selon laquelle l’expert mandaté par la conseillère d'Etat en personne conclut à la légalité de ses allers-retours fiscaux entre Zoug et Vaud, participe de cette focalisation sur un élément de décoration plutôt que sur le gros animal. La ministre vaudoise des Finances n’ayant rien à se reprocher aux yeux de la loi, selon cette expertise commandée par elle, le pachyderme se dégonflerait tel un ballon de baudruche. Tel est le message envoyé.

L'expertise sur son parcours fiscal, dont peu doutent de la légalité, fait office de contre-feu. Le feu majeur, l'éléphant, c’est le doute sur la sincérité de son attachement au canton de Vaud. Ni son origine zougoise, ni son accent suisse-allemand ne sont en cause. Les Vaudois n’ont que faire de ces considérations identitaires, comme en attestent les noms composant leur exécutif cantonal. Ils seraient même portés à accueillir l’«étranger» dans sa singularité, à lui faire confiance. La preuve.

Restante tout en étant partante

C’est de confiance qu’il s’agit dans cette histoire. Quel cas Valérie Dittli faisait-elle du canton de Vaud, lorsque, en juin 2021, trois mois après sa défaite aux élections municipales lausannoises et six mois après avoir déménagé son domicile fiscal de Zoug à Lausanne pour des raisons électorales, elle se réinstallait fiscalement dans le canton de Zoug?

N'étant alors pas certaine d’entamer une carrière politique en terres vaudoises, elle semblait devoir accorder la priorité à son métier de juriste en décidant de passer son brevet d’avocate dans le canton de Berne. Cette orientation donnée à son début de carrière professionnelle l'obligeait-elle à un retour fiscal à Zoug? Dans l’affirmative, n'aurait-il pas été plus logique qu'elle démissionne de la présidence de la section vaudoise du Centre (ex-PDC), à laquelle elle avait été élue par acclamation un an plus tôt? Ce, d’autant plus que les statuts du parti la contraignaient, comme tous les membres de sa formation, à une domiciliation dans le canton de Vaud – un distinguo opportun entre domicile fiscal (Zoug) et domicile secondaire (Vaud) est venu la sauver vendredi soir à la télévision par la voix de l’ex-secrétaire général du PDC Raymond Loretan.

Avait-elle tout dit à son parti?

Et si Valérie Dittli, restée à la tête du Centre Vaud après sa défaite aux municipales, n’avait-elle pas dit à ses amis centristes qu’elle réexpédiait ses affaires fiscales à Zoug? Si, à l’inverse, elle les en avait tenus informés, mais qu’ils n’avaient rien osé lui objecter, de peur de la perdre? Au moment de rapatrier ses impôts en terres zougoises, avait-elle à l’esprit, sinon elle, du moins son parti, qu’elle pourrait se porter candidate à l’élection au Conseil d’Etat de mars-avril 2022? Ce qui finalement arriva, d’où son réemménagement fiscal dans le canton de Vaud au début de cette année-là.

S’il était convenu qu’elle conserve des vues politiques dans le canton de Vaud, pourquoi avoir retransféré son dossier fiscal à Zoug après les municipales perdues? Dans sa position d’obligé, le Centre Vaud ne pouvait peut-être rien refuser à cette jeune femme en qui il plaçait manifestement tous ses espoirs. C’est très certainement là que se situe le fin mot de l’histoire.

«Je n'accorde aucune valeur à cette expertise»

En demandant une expertise fiscale indépendante – une exigence suivie par le Conseil d’Etat –, le Parti socialiste vaudois savait qu’il s’engageait dans une voie légale dont Valérie Dittli avait de grande chance de sortir «blanchie» – attendons désormais les conclusions de l’expert indépendant après avoir eu celles de l’expert choisi par l'intéressée. Les socialistes auraient affaire à un homme, sans doute se montreraient-ils plus mordants: ils ne veulent pas qu'on puisse les accuser d'acharnement à l'encontre d'une femme, qui plus est jeune et venant d'ailleurs.

Dans l’immédiat, leur président Romain Pilloud, joint par watson, dit n’accorder «aucune valeur» à l’avis de droit remis par un professeur de l’Université de Lausanne à la conseillère d’Etat. Il se «distancie», par ailleurs, de la pétition lancée lundi par la Jeunesse socialiste vaudoise pour demander la démission de Valérie Dittli en vertu de considérations morales. Pour gênante qu'elle soit aux yeux du parti, cette action pétitionnaire a le mérite de poser le véritable enjeu sans se cacher derrière la question légale.

Le député PLR au Grand Conseil vaudois, Marc-Olivier Buffat, a tweeté, lundi toujours, le lien vers l'article de Blick informant du contenu de l’expertise commandée par Valérie Dittli. Comme si l'expertise indépendante à venir de l’expert genevois avait à présent quelque chose de superflu et qu'il était grand temps de passer à autre chose.

Si, pour l'heure, on n'a pas constaté de malfaçons dans les rideaux, l’éléphant, lui, trône toujours dans la pièce. Appelé à faire partie des meubles?

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