De plus en plus de voix s'élèvent pour pointer les faiblesses des vaccins actuels. La semaine passée, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) jugeait la stratégie basée sur des rappels réguliers, ni «appropriée» ni «viable». L'institution affirmait, par ailleurs, que des traitements «ayant un impact élevé en matière de transmission et de prévention de l'infection sont nécessaires et doivent être développés». Une situation confirmée pour watson par l'infectiologue romand Philippe Eggimann:
Un sérum injecté directement dans le nez semble donc une solution prometteuse. Elle est d'ailleurs déjà utilisée depuis près de 20 ans aux Etats-Unis contre la grippe saisonnière. «Face à un pathogène respiratoire comme le SARS-CoV-2, les vaccins muqueux fonctionnent très bien, car ils bloquent rapidement le virus au niveau du nez, de la bouche, etc», confirme l’immunologue française Sandrine Sarrazin, citée par Le Parisien.
Ainsi, sur les 333 sérums en cours de développement recensés par la liste officielle de l'OMS en date du 14 janvier 2022, 17 traitements intranasaux sont à l'étude. Très bien, mais qu'est-ce qu'un vaccin nasal au juste et est-ce vraiment efficace? Réponse en trois questions.
Un vaccin nasal consiste à injecter, à l'aide d'une seringue sans aiguille, du virus atténué dans les narines du patient. «Il s'agit d'un virus qu'on a modifié en laboratoire pour qu'il se réplique moins vite. Le but, c'est de simuler une infection naturelle afin d'entraîner le système immunitaire à créer des anticorps», détaille le vaccinologue genevois Alessandro Diana.
Seul bémol, selon le spécialiste, le traitement ne convient pas aux personnes possédant un système immunitaire affaibli, car ils risquent tout de même de déclencher la maladie, ce qui n'est pas le cas avec les vaccins à ARN par exemple.
Par ailleurs, Serge de Vallière, infectiologue au Centre hospitalier universitaire vaudois (Chuv) et Unisanté, précise que le fait que le traitement passe par nos narines ne nous garantit pas d'être en pleine forme après l'injection:
Pour Serge de Vallière, l'atout principal des vaccins nasaux, c'est qu'ils stimulent les mécanismes de défense directement au niveau du nez. «Contrairement aux vaccins actuels, ils produiraient des anticorps IGA qui offrent une meilleure protection contre la transmission», souligne l'expert, tout en rappelant qu'aujourd'hui les vaccinés sont certes protégés contre les formes graves, mais qu'ils contribuent tout de même à propager la maladie.
De son côté, Alessandro pointe un avantage pratique de ce type de traitements: ils ne nécessitent pas de piqûre et sont presque indolores, comme des gouttes dans le nez:
Le spécialiste voit aussi un autre atout potentiel et non négligeable des sérums intranasaux. «Plus un vaccin mime l'infection naturelle, moins on a besoin de rappel. Il n'est donc pas impossible qu'une seule dose suffise. Mais ça, seules les études nous le diront.» A noter que sur les dix vaccins nasaux au stade des essais cliniques recensés par l'OMS, six pourraient ne nécessiter qu'une seule injection.
«Il est difficile de donner un calendrier précis. La rapidité de leur développement va dépendre des fonds à disposition», observe Alessandro Diana. Car si la technologie est déjà utilisée contre la grippe saisonnière, rien ne dit que la méthode pourra être adaptée à d'autres virus. Serge de Vallière va dans le même sens:
Aux yeux de l'infectiologue, nous allons devoir encore patienter avant de bénéficier d'un sérum à injecter dans nos narines et la vague Omicron sera passée depuis longtemps. Il craint également que les traitements de ce type aient de la peine à atteindre la même efficacité contre les formes graves que les vaccins actuels. «On pourrait imaginer combiner les deux solutions, mais cela va demander encore plus de temps.»
Malgré tout, il affirme que cela vaut la peine de continuer les recherches dans le domaine: «Si cela marche contre le Covid, on pourra utiliser cette technologie contre d'autres maladies respiratoires». Alessandro Diana approuve. «On ne sait pas quel est l'avenir du Covid donc c'est un pari qu'il faut prendre. Il n'est pas exclu que dans trois ans ces vaccins nasaux soient les bienvenus.»
Celui qui est également pédiatre voit aussi dans les vaccins nasaux un avantage pour ses petits patients: